[Critique] Batman & Robin réalisé par Joel Schumacher

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« Dans cette nouvelle aventure, Batman aura bien besoin de son audacieux partenaire Robin, juché sur sa fringante moto turbo. En effet, le glacial M. Freeze fait régner une vague de froid polaire sur Gotham City avec la complicité de la belle et vénéneuse Poison Ivy, au baiser mortel et aux formes sinueuses, qui rêve de soumettre le monde au pouvoir des femmes-fleurs. »

Douzième long-métrage du cinéaste américain Joël Schumacher, Batman et Robin est le dernier opus de la quadrilogie Batman des années 1990 débutée par Tim Burton en 1989. Malgré deux premiers opus qui ont cartonné au box-office, la Warner Bros choisit en 1995 le metteur en scène Joël Schumacher en remplacement de Tim Burton pour réaliser Batman Forever, quatrième long métrage consacré à Batman, héros masqué des comics de Bob Kane. Malgré les mauvaises critiques des fans de la bande dessinée, plus nombreuses que pour les précédents films mis en scène par Tim Burton (Batman et Batman : Le Défi), ce troisième opus est un succès au box-office. Suite à ce succès, Schumacher est reconduit par le studio en 1997 pour mettre en scène le quatrième film tiré de la saga, Batman et Robin, avec George Clooney en Batman, Arnold Schwarzenegger en Mr. Freeze, Uma Thurman en Poison Ivy, Alicia Silverstone en Batgirl ou encore Chris O’Donnell, toujours pour incarner Robin.

Suite à un accident dans son laboratoire, Victor Fries, scientifique de profession, est devenu un être incapable de supporter des températures supérieures à zéro degré. Désireux d’obtenir les fonds nécessaires pour mettre au point un traitement contre le syndrome de MacGregor, une maladie rare contractée par sa femme, Mister Freeze projette de déclencher une vague de froid sur Gotham City. Par ailleurs, il peut compter sur la complicité de son nouvel acolyte Poison Ivy, une créature sensuelle et vénéneuse qui tente d’envahir la ville de plantes carnivores. À eux se joint Bane, un super-combattant issu d’une expérience de l’armée. Cependant, Batman et Robin se dressent contre eux. Ils seront aidés dans leur lutte par une dénommée Batgirl.

Je me suis longuement demandé comment j’allais appréhender la critique de ce Batman et Robin. Allais-je mettre en avant sa médiocrité ou simplement dire qu’il est très décevant. J’ignore si ce film est vraiment sérieux ou s’il se voulait être une comédie dès son écriture. Où est l’univers lugubre, macabre et sinistre des deux premiers volets ? Pourquoi changer autant de direction et présenter un film qui est complètement aux antipodes des longs-métrages de Burton qui avaient de plus, très bien fonctionné ? Pourquoi avoir décidé de détruire, et je pèse mes mots, le personnage de Batman en lui donnant des répliques d’une nullité incroyable ? Schumacher fait partie de ces réalisateurs que je ne comprendrais jamais. Mais nous ne devons pas en vouloir seulement à Joel Schumacher, mais également aux producteurs qui lui ont offert sur un plateau d’argent une licence qu’il ne méritait pas.

Pour commencer par le commencement, parlons des gros plans sur le postérieur de Batman durant le générique du début qui ne m’ont pas du tout fait rire. Comme quoi en l’espace de deux secondes, et ce, dès le début du film, le réalisateur la quasi totalité de son audience. Et ce qui suit n’en est pas moins déconcertant. C’est parti pour un déballage de répliques d’un ridicule encore jamais vu : « c’est l’iceberg qui débarque » « Salut Freeze, je suis Batman » « Freeze t’es givré » et j’en passe. Durant tout son film, Schumacher a la volonté de rendre Mr Freeze drôle et « sympathique », ce qui s’avère être totalement en opposition avec la définition même du terme « méchant ». Je pars du principe que dans les films, ce sont les méchants les véritables protagonistes. Pour moi le super héros passe en second plan, car cela s’en suit d’un cercle vertueux. En effet, plus le méchant est charismatique, et s’il joue impeccablement son rôle, et que les scénaristes lui permettent de développer son personnage tout au long du film, plus on va le redouter, donc plus on va avoir de la compassion pour le super héros, donc plus on va s’intéresser au film et on aura davantage envie d’aller jusqu’au bout du long métrage. Il va s’en dire qu’ici c’est totalement raté.

Munir notre cher Arnold de chaussons en forme de gros ours blancs n’aide pas beaucoup au développement du personnage et par conséquent, à la bonne avancée du film. Mr Freeze n’est malheureusement pas la seule déception de ce film. On assiste ensuite à l’arrivée de deux « méchants » qui ne risquent pas de nous laisser indifférents : Bane et Poison Ivy. Tout débute par la transformation de Bane, transformation totalement risible et pas crédible du tout. Vous me direz on est en 1997… Mais si on pense que l’effet spécial ne va pas passer, pourquoi le montrer ? Pourquoi ne pas avoir décidé dans cette scène en particulier de filmer seulement le poison que l’on fait pénétrer dans Bane en alternant avec le regard névrosé de l’étrange scientifique qui lui injecte ? Les cris du personnage qui subit l’injection de ce poison auraient selon moi, amplement suffi à permettre au spectateur d’imaginer la douleur que peut éprouver la victime. Cette scène très importante dans le développement de l’arc narratif du personnage est malheureusement totalement ratée et ne restera pas dans la mémoire du spectateur après le film. Ou au contraire elle le restera, mais pas pour les bonnes raisons Par ailleurs, munir Bane d’un manteau de fourrure lors d’une scène n’arrange rien et que dire de l’arrivée de Poison Ivy, qui n’est en rien une réussite. Et ce, malgré Uma Thurman qui semble mettre du cœur à l’ouvrage, mais ne réussi pas à rendre son personnage charismatique et à angoisser les spectateurs par son arrivée dans le cadre.

Poison Ivy, qui est pourtant à la base un personnage très dangereux devient dans ce film tout son contraire à cause d’un scénario qui démystifie et ridiculise tout ce qu’il peut. On assiste à un défilé de méchants qui n’apportent rien à l’histoire et qui, ne sont même pas un tant soit peu développés. Les acteurs ne sont malheureusement pas les seuls à causer la perte du film, Gotham City fait également les frais d’un scénario bâclé jusqu’à la moindre virgule. Les décors sont totalement inappropriés et l’on assiste à une succession de décors dignes des jeux vidéo éponymes. C’est réellement désagréable à regarder et très regrettable pour un long-métrage qui ne possède en rien « l’ambiance » lugubre et macabre qu’avait magnifiquement bien représentée Tim Burton dans ses deux premiers films. Comme quoi les effets spéciaux et le numérique ne sont pas forcément signe de réussite. Ce trop-plein de couleurs, d’effets visuels, de costumes aussi extravertis que ridicules cachent en vérité un vide abyssal de scénario et de manque d’inspiration.

J’ai quand même quelque chose de positif à exprimer envers ce film. Je félicite les dialoguistes de Batman et Robin pour nous avoir offert tous les jeux de mots possibles et imaginables sur la glace, le froid, le gel, l’hiver. Une véritable prouesse. Malheureusement, je ne crois pas que cela aide à relever le niveau. Schumacher a plongé la saga Batman dans des profondeurs si abyssales que l’on a cru pendant de longues années que s’en était fini pour Batman. Il est 69e dans la liste des pires films de tous les temps sur AlloCiné. Heureusement, Christopher Nolan est arrivé en 2005 avec Batman Begins et sa trilogie a permis aux nombreux fans du monde entier de renouer avec l’univers de Batman, avec une trilogie qui ne laissera personne de marbre.

0.5/5

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