Augmenter sa créativité à l’aide de « pages matinales »

Par Nathalielenoir

Devenir un auteur professionnel n’est pas seulement affaire de « percer dans le métier », le tout premier combat que livre le Padawan est contre lui-même. Trouver un concept d’histoire, par ci par là, c’est bien beau, mais comment domestiquer son imagination pour quelle produise des idées à la demande, pour quelle se mette au service de projets émanant d’un tiers (réalisateur ou producteur)?

Si l’on considère son inspiration comme un muscle, comment l’entraîner quotidiennement pour accroître ses performances? Après vous avoir confié ma propre méthode, je vous propose d’un découvrir une autre qui me semble très pertinente: tenir un journal du matin…

A quoi reconnait-on un(e) auteur(e) professionnel(le), chers lecteurs?  Il/elle prend des notes. Tout le temps, partout (voiture, métro, lit, canapé, voire salle de bain pour les cas les plus graves), de jour comme de nuit, devant la télé, en voiture, dans le train, au supermarché, au cinéma ou pendant qu’il/elle est au téléphone. Ses idées jaillissent non stop de jour comme de nuit, il ne lui reste « plus » qu’à y mettre un peu d’ordre. Ça peut sembler ésotérique aux yeux du profane (et flippant aux yeux de l’entourage… ) mais sachez que cette productivité quasi industrielle n’a rien d’innée, elle se met en place au fil des ans et de la pratique.

Je vous ai déjà avoué ma consommation quelque peu excessive de carnets de notes en tous genres et je vous ai présenté une de mes méthodes pour booster ma créativité: tenir un journal d’auteur. Cette routine fonctionne à merveille en ce qui me concerne mais je n’en suis pas moins curieuse de celles d’autres auteurs.

Je vous propose de nous intéresser aujourd’hui à un exercice que les anglo-saxons appellent morning pages (pages matinales). Elle a été popularisée par l’ouvrage The Artist’s Way Morning Pages Journal: A Companion Volume to the Artist’s Way de Julia Cameron et consiste, comme son nom l’indique, à tenir un journal quotidien, au saut du lit.

Voici le procédé en détail:

  • garder un calepin et un crayon sur sa table de nuit (check )
  • y écrire trois pages, chaque matin, dès son réveil, sans aucune réflexion préliminaire ni autocensure
  • refermer le carnet
  • vaquer à ses occupations quotidiennes

Plutôt simple, n’est-ce pas? Le but est de mettre à l’écrit nos premières pensées du jour de façon totalement spontanée: bribes de rêves, idées diverses et variées, sentiments, préoccupations, programme du jour (je ne fais pas mention à la liste des courses, hein), bref, à laisser la parole à notre inconscient. Selon Julia  Cameron, il n’est même pas nécessaire de relire cette prose, qui peut aussi bien être détruite le jour même. Ce qui importe, c’est de prendre l’habitude se coucher nos pensées et sensations sur papier (voire ordinateur ou tablette).


L’auteure conseille de s’installer confortablement, si possible devant une fenêtre, à l’abri de tout élément perturbateur (elle ne doit avoir ni gosses ni chats donc), entouré d’objets inspirants. Elle insiste bien sur le fait que le matin est le moment le plus propice pour cet exercice, quitte à se lever un quart d’heure plus tôt afin de trouver le temps de s’y consacrer sérieusement. Bref, c’est la version écrivain de la méditation.

J’ai lu sur le Net de nombreux témoignages d’auteurs qui prétendent que cette méthode leur a permis d’avoir l’esprit plus clair, de mieux se concentrer, de voir les idées jaillir et d’éviter le writer’s block. Je ne pratique pas l’exercice mais il me semble plutôt sensé dans la mesure où n’importe quel auteur a besoin d’un sas de décompression entre sa vie domestique et l’écriture. C’est une séance d’échauffement avant d’attaquer sa dose d’écriture professionnelle en somme. Ce qui est certain c’est que c’est un excellent traitement préventif contre la procrastination!


Copyright©Nathalie Lenoir 2015