En retournant vers le grand spectacle et les dessous pervers du rêve américain, la nouvelle saison d’American Horror Story intitulée Freak Show est aussi réussie qu’un musée des horreurs qui cherche à rebuter et à fasciner ses visiteurs.
Avec Coven, Ryan Murphy et Brad Falchuck nous avaient quelque peu déçus, prenant le mythe de la sorcière du bayou pour nous faire une espèce de Charmed remixé avec du True Blood. Mais cela ne les empêche pas de revisiter les mythes de l’horreur pour déconstruire tout le rêve américain et faire une ode aux parias. C’est donc bien naturellement qu’ils reprennent cette fois l’un des fruits la culture underground des années 20 avec Freak Show. Comme son nom l’indique, ce nouveau segment d’American Horror Story revient donc sur ces êtres humains difformes qui se donnaient en spectacle pour vivre, immortalisés par la Monstrueuse Parade de Tod Browning. Nous nous retrouvons donc dans les années 50 avec le dernier cirque de ce genre, coincé à côté d’une ville de campagne dans un monde d’après guerre qui a bien changé et ne désire plus voir ces monstres mais préfère au contraire accorder maintenant plus de crédit aux shows TV.
Comme d’habitude, les créateurs du show vont multiplier les thèmes et les pistes tout au long de la saison pour nous faire autant frissonner devant des situations horrifiques que devant insupportable attitude de l’être humain. Et toujours comme d’habitude, ils ne vont pas y aller avec le dos de la cuillère. Depuis la découverte de ces soeurs siamoise partageant un corps mais souhaitant chacune vivre leur vie avec des pulsions meurtrières à cet horrible clown qui poursuit les ados du coin en passant par la gérante du cirque qui rêve de gloire depuis son exil de l’Allemagne nazie ou cet « homme fort» qui semble être le plus faible, ce chasseurs de trophées originaux pour son musée des horreurs ou ce gosse de riche bien trop gâté et dérangé, il y en a pour tous les goûts.
Et tous ces personnages ne sont finalement au service que d’un seul sujet, celui de l’exclusion pour leur différence physique, le rejet d’une société qui les transforme alors aussi intérieurement en monstres alors qu’ils étaient parfois bien plus purs que d’autres. Et au milieu de tout cela, on retrouve des rêves de gloire, des volonté de reconnaissance pour son talent ou par sa famille, cette appartenance à une communauté qui se doit d’être soudée pour faire face au monde extérieur. Oui, en s’affranchissant bien du côté adolescent qui était trop poussé la saison précédente, cette saison va dans de nombreuses direction mais est finalement d’une bien plus grande richesse avec des personnages qui nous marquent bien plus les esprits.
Il faut dire qu’avec son casting d’acteurs récurrents qui changent de rôles à chaque saison, American Horror Story compose toujours de beau personnages tragiques et charismatiques. Ainsi Jessica Lange est encore une fois d’un magnétisme incroyable alors qu’Evan Peters et Emma Roberts sont touchants. Et encore une fois, c’est surtout Sarah Paulson qui surprend dans son double rôle de soeurs siamoise qui nous fait bien comprendre tout ce qu’il se passe dans ces deux esprits. Et que dire de la courte mais superbe apparition d’un Neil Patrick Harris fascinant en homme de spectacle alors que la petite révélation de la saison est sans doute le cinglé Dandy incarné avec folie par Finn Wittrock.
Avec une réalisation qui sait toujours aussi bien nous mettre mal à l’aise, qui illustre avec violence les actes et pensées et de ses personnages, Ryan Murphy et Brad Falchuck nous entraînent donc une véritable bal de l’horreur et dans tout ce que l’Amérique a de plus détestable et de moins tolérant. C’est sans doute pour cela que ce Freak Show est une réussite, prenant autant de plaisir à rendre hommage à ces parias qu’à divertir le spectateur qui ne manquera pas de frissons.