« C’est l’histoire d’amour entre la chaste Anastasia Steele, étudiante en littérature, et Christian Grey, un homme riche et mystérieux. Mais rien ne se passe comme prévu : Grey se révèle être un homme sombre et tourmenté, aux plaisirs sadiques bien éloignés des désirs romantiques d’Anastasia. »
Critique par Jess (Twitter : @jess_tchb)
Cela fait des années que les femmes du monde entier attendent ce moment : le 11 février dernier est sorti l’adaptation du sulfureux best-seller érotique d’E.L James, Fifty Shades of Grey (Cinquante Nuances de Grey en français). Avec des millions d’exemplaires vendus à travers le monde, et une bande-annonce qui a explosé le record de visionnages dès sa sortie, 50 Nuances de Grey a su faire parler de lui. Depuis plusieurs semaines l’équipe s’est lancée dans une campagne promotionnelle folle : interviews ; bandes-annonces ; sortie du clip Earned It de The Weekend où Dakota Johnson apparait nue et accrochée à des cordes ; affiches à chaque coin de rue… Vous n’avez pas pu échapper au phénomène Christian Grey ! En France ce sont carrément des soirées filles qui sont organisées pour le jour de sa sortie, au programme : objets SM, champagne, verni, etc… Entre fans du livre et simples curieuses, le film s’assure un carton au box-office. Et en effet, dans l’hexagone, le 11 février ce sont plus de 365 000 spectateurs qui se sont rassemblés pour l’événement et pas moins de 2 millions de français ont vu le film en tout juste une semaine d’exploitation.
La version cinéma du best-seller d’E.L. James est fidèle : à l’exception de quelques scènes ajoutées par-ci, ou d’autres, jugé trop osées, supprimées par-là, Sam Taylor-Johnson retranscrit scrupuleusement le roman. Mais il y a une limite à cette fidélité. Alors que le roman compte 40% de sexe (longues, excitantes, et scrupuleusement décrites dans les moindres détails), le film, lui, compte 11 minutes de sexe sur plus de 2h de durée, aussi soft que la moyenne des films romantiques (sexe suggéré, on voit un bout de sein, des fesses de dos…). Pour une adaptation de livre érotique, le manque se fait sentir. C’est grâce à la bande-son (notamment, le sulfureux « Crazy In Love » de Beyonce) que les scènes de sexe prennent leur envol.
Alors que le choix des acteurs à fait beaucoup parler de lui : une pétition a été lancée par les fans pour faire connaître leur mécontentement (au départ Charlie Hunnam – Sons of Anarchy, Pacific Rim – devait jouer le rôle de Monsieur Grey), au final Jamie Dornan et Dakota Johnson représentent à merveille le milliardaire et la chaste étudiante en littérature. Le bellâtre brun a su reprendre les traits mystérieux et sexy de Monsieur Grey. Quant à la jeune actrice, les fans n’imaginent clairement personne d’autre pour incarner Anastasia Steele, c’est à se demander s’il a fallu beaucoup de travail à Dakota Johnson pour rentrer dans ce rôle de midinette ascendante godiche. Cependant, la symbiose entre le couple fait débat, alors que certaines lectrices sont satisfaites, certains spectateurs et journalistes pointent du doigt l’alchimie entre les deux interprètes (pour cause, certaines scènes de sexe ont dû être même retournées).
À l’image de la trilogie Twilight, le film tombe malheureusement beaucoup dans la niaiserie et certaines scènes deviennent très clichées (Christian Grey torse nu, qui joue du piano au milieu de la nuit après l’amour). Quant à l’humour présent dans le livre, à l’écran (souvent lourd) il ne donne pas l’effet escompté, et ce sont justement les scènes les plus « sérieuses » qui peuvent faire rire tant elles frôlent le ridicule.
Trop d’enjeux commerciaux, de contraintes grand public, d’attente des fans et de l’auteur, à vouloir contenter tout le monde, Sam Taylor-Johnson n’a pas pu amener son projet à bien. Même si ce n’est pas le film de l’année, 50 Nuances de Grey est pourtant loin d’être la catastrophe annoncée.