Critique : Bob l’Éponge, Le Film – Un Héros Sort De l’Eau (2015)

Par Nicolas Szafranski @PoingCritique

Avis de tempête.

Forban de l’audiovisuel pillant impunément la matière grise enfermé dans le coffre crânien de nos chères petites têtes blondes, Bob l’Éponge croque pourtant, avec intelligence et mordant, les comportements sociaux de notre société. En une quinzaine d’année, ce métazoaire jaune créé par un professeur de biologie marine (Stephen Hillenburg) est ainsi devenu une icône de la contre culture autant qu’un phénomène populaire qui a rapidement fait grossir le trésor de la maison Nickelodeon. Cependant, depuis quelques années maintenant, l’insubmersible programme mouille sa plume dans une eau beaucoup plus tiède dont ce second long métrage hisse malheureusement les couleurs. À la barre de ce projet, on retrouve Paul Tibbitt, scénariste du premier long métrage et réalisateur d’une centaine d’épisodes de la série. Pour sûr, le timonier n’est pas né de la dernière marée. Il connait ses gammes, sur le bout des doigts. Larguant ses amarres sur une mer dont il connait la moindre houle, le réalisateur aborde donc l’esprit moelleux des spectateurs par un arsenal comique dont l’efficacité, largement éprouvée sur le petit écran, assure, à son vaisseau, sa robustesse. Ainsi, lorsque le capitaine lève les trappes des sabords pour faire pétarader ses fûts, il fait pleuvoir une énergie faite du même bois que la structure raboutant la série mère, la canonnade de grimaces et de pantalonnades absurde débagoulée par l’équipage présent à l’écran faisant prendre à leur quête pour retrouver la célèbre recette du pâté de crabe, évaporée entre les mains pour une fois innocentes de l’odieux Plankton, une toute autre dimension fort agréable à l’oeil. La pitoyable larve-cyclope, aux desseins aussi noirs que ceux de Sauron, se présente d’ailleurs, sans conteste, comme la figure de proue comique de cette aventure dont l’itinéraire obéit, sans complexe, au thesaurus du Voyageur Galactique édicté par Douglas Adams – notamment lorsque l’équilibre de l’univers se trouve sous la tutelle d’un sage cétacé. Cette joyeuse croisière cinématographique aura donc peu de peine à dessiner de beaux sourires sur la trogne des jeunes moussaillons français pour qui l’éponge fait figure d’exception humoristique dans un paysage télévisuel encore peuplé de bibendums colorés ductiles et d’espionnes de choc. Néanmoins, du haut de notre vigie, on constate que Bob l’Éponge, Le Film – Un Héros Sort De l’Eau fait régulièrement tête, les vents contraires produits par son scénario retenant, au même titre d’ailleurs que la présence antalgique d’Antonio Banderas, toujours ancré dans cette même agaçante énergie qui le faisait déjà se frotter à la couenne tannée de la bande à Stallone, sa progression. Au final, bien que la fraicheur de cette brise marine fait régner sur le pont une contagieuse euphorie, il se dégage, après réflexion, un léger goût d’inachevé. (3/5)

The SpongeBob Movie –  Sponge Out Of Water (États-Unis, 2015). Durée : 1h33. Réalisation : Paul Tibbitt. Scénario : Glenn Berger, Jonathan Aibel. Image : Phil Meheux. Montage : David Ian Salter. Musique : John Debney. Distribution Vocale (VO) : Tom Kenny (Bob l’Éponge), Bill Fagerbakke (Patrick l’Étoile De Mer), Clancy Brown (M. Krabs), Rodger Bumpass (Carlo Tentacule), Doug Lawrence (Plankton), Carolyn Lawrence (Sandy l’Écureuil). Distribution Vocale (VF) : Sébastien Desjours (Bob l’Éponge), Boris Rehlinger (Patrick l’Étoile De Mer), Michel Bebetti (M. Krabs / Plankton), Michel Mella (Carlo Tentacule), Hélène Chanson (Sandy l’Écureuil). Distribution : Antonio Banderas (Steak Barbare).