Quentin Dupieux est de retour avec Réalité, comme toujours entre non-sens et rêverie mais avec cette fois une petite critique du cinéma. C’est à la fois absurde, déconcertant et onirique, complètement bobo mais intéressant.
En effet, depuis son pitch qui était déjà un bon moteur d’absurde, Dupieux emmène son récit dans des directions complètement différentes, mêlant étrangement ce que l’on pensait être un film dans le film à la réalité que l’on pense voir alors que peu à peu les frontières s’effritent. Toujours fidèle à sa manière si spéciale de filmer, il nous développe une atmosphère souvent irréelle et limite onirique, comme si le film n’était qu’un étrange rêve sans aucun sens de 90 minutes. Cela entraîne alors de nombreux moment d’hésitation sur la direction que devrait suivre le film, moins linéaire qu’un Wrong et moins non-sensique qu’un Rubber dont il retrouve d’ailleurs le côté saignant en changeant le pneu par des téléviseurs tueurs.
Au milieu de tout cela, il en profite pour lancer des petites piques sur le milieu du cinéma, montrant clairement un producteur (Jonathan Lambert) qui ne comprend rien à l’art de son réalisateur fétiche, qui cherche surtout le prestige et qui garde une capacité de concentration plutôt limitée. Le réalisateur a attendu plusieurs années avant d’avoir Alain Chabat disponible pour son film et il a bien fait d’attendre. Seul l’ex-Nul pouvait offrir à l’écran cette gentillesse et ce regard lunaire et rêveur qui habite le héros de Réalité. Il se perd ainsi facilement dans ce film et cette vie tout en restant attachant.
Evidemment, avec sa structure narrative étrange et sans réponse, son univers qui semble n’avoir aucun sens sorti tout droit de l’esprit unique de Quentin Dupieux, Réalité peut intriguer, énerver, déconcerter, laisser rêveur, mais en tout cas ne laisse pas indifférent.