Date de sortie 4 mars 2015
Réalisé par Stefan Liberski
Avec Pauline Etienne, Taichi Inoue,
Julie Le Breton, Alice de Lencquesaing,
Genre Comédie
Production Belge, Française, Canadienne
Écrivain, acteur et réalisateur belge, Stefan Liberski est né à Bruxelles, en 1951. Il obtient un diplôme de philosophie et de lettres à l'Université de Bruxelles. Son premier roman, Beau fixe, lui vaut le Prix de "l’Encouragement au premier roman" en 1985. En 1989, il crée avec quelques amis le groupe des Snuls, pour lequel il écrit énormément de sketches. Parallèlement à son activité d'écriture, il réalise des émissions télévisées, des dessins animés et des courts métrages de fiction pour Canal +.
En 2005, il empoche le Bayard d’Or de la meilleure première oeuvre pour son long métrage Bunker paradise, avec Jean-Paul Rouve, Francois Vincentelli et Audrey Marnay, présenté en Clôture du FIFF la même année. Bunker Paradise n'y allait pas par quatre chemins dans la douleur d'exister.
En 2013, il vient à Namur pour présenter Baby Balloon avec Ambre Grouwels. Baby Balloon, teenage movie, était plus léger, saupoudré par instant de notes sombres et poignantes.
Avec son troisième long métrage, Tokyo Fiancée,tiré du roman de l’écrivaine belge Amélie Nothomb, Ni d'Eve, ni d'Adam Stefan Liberski filme encore ce moment de la vie où l'individu se cherche et tente de se choisir. Au-delà de ses apparences bariolées, fantaisistes et légères, Tokyo Fiancée est une fois de plus l'histoire d'une métamorphose, un voyage initiatique plus noir qu'il n'y paraît.
Taichi Inoue et Pauline Etienne
Synopsis
La tête pleine de rêves, Amélie (Pauline Etienne), 20 ans, revient dans le Japon de son enfance. Elle propose des cours particuliers de français et rencontre Rinri (Taichi Inoue), son premier et unique élève, un jeune Japonais qui devient bientôt son amant.
À travers les surprises, bonheurs et déboires de ce choc culturel drôle et poétique, nous découvrons une Amélie toute en spontanéité et tendresse, qui allie la grâce d'un ikebana à l'espièglerie d'un personnage de manga.
Propos de Pierre relevés sur leblogducinema
Stefan, comment est née l’idée de transposer le livre d’Amélie à l’écran ?
- Stefan Liberski : J’étais au Japon en 2004 pour tourner des séquences d’un autre film. Là bas je me suis dis que je reviendrai pour un long-métrage parce que ce pays m’avait enchanté. Je connais Amélie depuis longtemps et un jour elle m’a envoyé son livre, Ni d’Eve ni d’Adam. C’était exactement ce qu’il me fallait pour raconter ce que je voulais du Japon. J’en ai parlé avec elle et on s’est rapidement mis d’accord.
- Amélie Nothomb : Il faut dire qu’avec Stefan c’est une amitié de longue date et j’ai une vraie admiration pour son travail. Donc quand il m’a proposé de l’adapter j’étais ravie.
Même s’il s’agit d’une adaptation de votre œuvre, qu’est-ce qui vous a plu dans le scénario ?
- Amélie Nothomb : En fait ce qui est extraordinaire c’est que le scénario est très différent du livre. Et en même temps je trouve que l’esprit est le même. Mais je pense que si ça avait été trop fidèle ça m’aurait beaucoup gêné. Le fait qu’il y ait autant d’écarts entre le livre et le film a fait que dès le début je me suis sentie à l’aise.
Pauline, comment avez-vous été choisie pour le rôle principal ?
Et qu’est-ce qui vous a motivé ?
- Pauline Etienne : De la manière la plus simple au cinéma, en faisant un casting. Ensuite ma rencontre avec Stefan a été importante.
J’ai tout de suite accroché avec cet homme. J’ai aimé la façon qu’il avait de raconter l’histoire. Et puis un voyage gratuit au Japon ça ne se refuse pas ! (rire)
Avant le film, aviez-vous un intérêt particulier pour le Japon et sa culture ?
- Pauline Etienne : Non pas forcément. J’ai découvert le Japon grâce au film. On a tourné six semaines là bas. C’est tellement particulier comme pays. On ne peut se raccrocher à rien, on est en immersion totale. Maintenant c’est un pays que j’aime profondément.
Et avec ce film j’espère donner envie d’y aller parce qu’il y a beaucoup de choses à découvrir.
Taichi, en tant que japonais, quel est votre regard sur le film ?
- Taichi Inoue : Je suis très ému par le film car il y a beaucoup de coïncidences entre ma vie et Tokyo Fiancée. L’histoire se passe à la période où je suis né et à Fukushima, là où je suis né. Je me sens donc très lié au film.
Taichi Inoue
Stefan, en regardant votre film, on a le sentiment de voir Hiroshima, mon amour d’Alain Resnais, mais à l’envers. Vous commencez par une histoire d’amour et finissez par une explosion.
- Stefan Liberski : Exactement. Mais c’est d’abord le livre d’Amélie qui rappelle le film de Resnais. Ensuite il y a eu des événements qui n’étaient pas prévus : l’incident de Fukushima (le 11 mars 2011 suite à un séisme la centrale nucléaire Fukushima Daiichi a explosé).
- Amélie Nothomb : Après cette catastrophe je pensais qu’il n’y avait plus de film. Et c’est là le coup de génie de Stéphane qui est parvenu à intégrer cet incident dramatique au film.
- Stefan Liberski : On était prêt à partir au moment des événements et à abandonner. Le film était le cadet de mes soucis. Par la suite, avec le producteur, on l’a remis sur pied mais je ne pouvais plus tourner comme c’était écrit. Il fallait que je montre le Japon autrement. Il fallait que je parle de cette catastrophe.
Vous filmez d’ailleurs un Japon qu’on voit rarement.
- Stefan Liberski : J’ai voulu montrer le Japon que j’ai connu. Pas celui des temples et des cartes postales mais un Japon ordinaire. Je trouve que la beauté de l’ordinaire est très touchante.
Casimir, comment faites-vous pour que votre musique s’intègre aussi bien au film. Êtes-vous présent sur le tournage par exemple ?
- Casimir Liberski : Non je n’ai jamais été présent au tournage. Mais je connais le Japon depuis longtemps. J’ai commencé à l’aimer il y a plus de dix ans et j’ai longtemps essayé de convaincre mon père de l’aimer aussi. Donc pour moi ça coulait de source car la musique japonaise est quelque chose qui m’attire beaucoup. Je me suis inspiré de musiques de films japonais, mais aussi de tout ce qui est asiatique et oriental.
Pauline Etienne et Taichi Inoue
Amélie, il y a déjà eu plusieurs adaptations de vos romans. Vous aviez, je crois, parlé de mariage à ce propos.
- Amélie Nothomb : Oui, c’est parce que je me mets dans la situation de la belle-mère. Le réalisateur devient mon gendre à qui je confie mon enfant, mon livre.
En tant que "belle-mère", quelle est votre implication ?
- Amélie Nothomb : Je pense être une belle-mère très difficile au début. Je questionne mon gendre énormément, je suis intraitable. Mais une fois que je donne la main de mon enfant je deviens une belle-mère exemplaire. Je me retire de tout et lui accorde ma confiance. Avec tous les risques que ça suppose. Ca peut donner un très mauvais film, c’est déjà arrivé, ou un très beau film, comme ici.
Comment le film devait-il se terminer sans l’incident de Fukushima ?
- Amélie Nothomb : Comme dans le roman en fait, elle s’en va. Mais finalement dans la version de Stefan je suis beaucoup moins méchante que dans le livre, c’est-à-dire dans la réalité, où je suis tout simplement partie en disant, je vais revenir, mais je ne suis jamais revenue.
Y-a-t-il eu des soucis par rapport au tournage au Japon ?
- Stefan Liberski : Il faut savoir que c’est très compliqué les négociations avec les japonais. Pour tous les films on demande des autorisations. Au Japon c’est plutôt simple mais ça peut durer entre six mois et deux ans. Donc on s’est résolu à ne demander aucune autorisation. Ce qui est possible parce que les japonais sont tellement polis et respectueux que personne ne viendrait nous demander si on a une autorisation de tourner.
Avez-vous une anecdote sur le tournage ?
- Pauline Etienne : Quand on voit le film ça a l’air drôle de tourner au Japon, mais la scène du poulpe… (rire) Donc pour cette scène je dois mettre un poulpe dans ma bouche.
J’étais obligée de le garder pour faire un raccord et il bougeait vraiment, c’était horrible ! J’en ai même pleuré !
- Stefan Liberski : D’ailleurs pour cette scène on tournait dans la montagne. Comme les poulpes vivent dans la mer et que c’était assez loin on a dû en faire venir quelques uns par Fed Ex, dans un seau en plastique avec un peu d’eau. Mais malgré ça ils étaient quand même un peu mou… (rire)
Mon opinion
Comme dans un très beau livre d'images la caméra de Stefan Liberski s'attarde longuement sur des paysages magnifiques et laisse en retrait la vie trépidante de Tokyo. Le film ne s'arrête que très peu sur les traditions ancestrales qui semblent, malgré tout, rester bien ancrées dans la vie japonaise d'aujourd'hui.
La très belle photographie d'Hichame Alaouie nous offre des vues magnifiques du mont Fuji ou quantité de jardins incomparables sans oublier le très beau passage sur l'île de Sado.
Sans rien connaître des œuvres d'Amélie Nothomb, l'ambiance qui se dégage dès le début du film m'a emporté dans une douce émotion, avec un bémol, toutefois, dû à une voix-off trop présente.
Déjà remarquée, et remarquable, devant la caméra de Guillaume Nicloux, dans "La Religieuse", Pauline Etienne est déconcertante de naturel. Son talent et son charisme sont pour beaucoup dans la jolie réussite de ce film "Tokyo fiancée".
Impossible de ne pas penser à Amélie Nothomb en regardant la jeune comédienne qui incarne l'écrivaine dans ce film. La belle personnalité de l'actrice reste toutefois la plus forte. Y compris dans un passage dans lequel elle joue à la "geisha d'aujourd'hui" au cours d'un dîner typiquement japonais.
Tout au long du film elle reste ce qu'elle est, une jeune et belle actrice en offrant de beaux moments, notamment dans certains face à face avec Taichi Inoue, son partenaire tout aussi talentueux.