L’histoire du Solitaire pourrait être très simple : un voleur de diamants s’offre un dernier tour avant de se ranger. Sauf que c’est bien plus que cela. James Caan interprète Frank, un homme qui a déjà passé 11 ans à l’ombre, 11 ans à rêver d’un idéal de vie et à acquérir cette philosophie : « pour ne pas avoir peur et défier la mort, il faut se foutre de tout », créant une personnalité sûre d’elle et dotée d’un grand professionnalisme dans ce qu’il fait. James Caan joue avec beaucoup de détails ce voleur qui se précipite dans sa quête de la vie parfaite. En effet, toutes ces années perdues derrière les barreaux, il souhaite plus que tout fonder une famille, quitte à sauter les étapes en allant trop vite, en ne faisant pas les meilleurs choix. Caan s’est évertué à ne faire aucune contraction de mots durant tout le film (« it is » au lieu de « it’s »), car il percevait son personnage comme une personne qui n’est pas du genre à se répéter. Il l’explique très bien dans les bonus.
Je pense que les passionnés sauront décrire avec précision le travail de Michael Mann, sa patte. Je n’ai pas vu beaucoup de ses films, je n’ai donc pas le recul nécessaire, mais je dois dire que le travail de réalisation est assez remarquable, sa fixation sur des objets et des détails, la superbe photographie sur les décors de nuit, ce côté brut et froid de l’acier, de la dureté du personnage, face à ces façades aux lumières colorées typiques de cette époque. Le réalisateur sublime les séquences de casse en mettant en scène la minutie, le professionnalisme, au point qu’on serait limite tenté de changer de métier et de se spécialiser dans le vol de diamants tant ça a l’air passionnant. D’ailleurs, Michael Mann s’est entouré de policiers et de voleurs, tous jouant dans le film, il a accordé un grand soin aux rencontres, s’intéressant de très très près à ces caïds, ancrant son film dans un rare réalisme, voire même un surréalisme (quand on prend le temps de lire le livre).
Tous les détails de la réalisation du Solitaire sont dans l’interview de Michael Mann, emmenée par Michael Henry Wilson. S’ajoute à cette passionnante rencontre, d’autres interviews du réalisateur sur trois de ses films (Ali, Public Enemies, Collateral), ainsi qu’une analyse approfondie du film par Wilson.
Bonus :
- Souvenirs du Solitaire, entretien avec James Caan : 25 minutes spécialement enregistrées pour cette édition Blu-Ray du Solitaire. On écoute avec délectation et passion les propos de Caan sur l’emploi du temps de tournage de Michael Mann où les journées pouvaient s’étendre sur 17 heures de tournage, entre le jour et la nuit. Il développe les intentions de son personnage, son choix de vie, ses objectifs, sa manière de l’interpréter via une démarche, un accent et une élocution spécifiques. Il révèle de nombreuses anecdotes, notamment sur sa collaboration avec les vrais voleurs (qui jouent les flics ripoux). Il termine en évoquant sa grande fierté pour une des séquences du film.
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Ce très beau coffret comprenant le DVD, le Blu-Ray et le livre est sorti le 11 mars.