Date de sortie: 18 mars 2015
Casting: Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Terence Stamp
Synopsis: Margaret, passionnée de peinture, a fui son mari en emmenant sa fille avec elle. Elle fait la rencontre de Walter Keane, qui, en s’appropriant son travail, va construire la plus grande escroquerie artistique des années 60.
On pensait Tim Burton perdu. Dark Shadows et Alice au pays des merveilles nous avaient donné l’image triste d’un réalisateur qui tentait de répéter la même formule encore et encore, sans envie. Prendre Johnny Depp comme acteur principal, lui entourer les yeux de noir et le laisser cabotiner en roue libre devant la caméra en l’entourant d’un univers pseudo gothique ou un peu farfelu. La formule « Edward aux mains d’argent » ne fonctionnait plus, la magie avait disparu.
Mais voici que Tim Burton nous revient avec Big Eyes, inspiré de l’histoire de la vraie Margaret Keane. Johnny Depp a disparu, place à Amy Adams et Christoph Waltz plongés en plein coeur des années 60. Au programme: de la couleur, des messages sur l’art, sur l’émancipation des femmes et quelques règlements de compte.
Le plan d’ouverture sur ce petit quartier où les maisons sont toutes les mêmes renvoie directement à Edward aux mains d’argent, Tim Burton fait un retour aux sources, il est ressuscité. Margaret est peintre, elle s’inspire de sa fille pour des tableaux qui ont comme point commun d’avoir d’immenses yeux tristes. Elle fait la rencontre de Walter Keane qui va la séduire et l’utiliser pour devenir riche et célèbre, usurpant son oeuvre pour la faire passer pour la sienne.
Amy Adams, de son regard bleu et son sourire naïf qui la rendent irrésistible, va tenter de reprendre sa liberté sur cet homme qui l’utilise. Christoph Waltz cabotine à fond, ce qui peut avoir le don d’énerver mais qui, cette fois, cadre tout à fait avec son rôle.
Le film est étincelant de lumière et de couleurs, souvent drôle, mais nous rappelle cette époque pas si lointaine où l’on apprenait aux femmes que la réussite de leur mari était la seule à avoir de l’importance et qu’elle les rendrait heureuses. Il nous parle aussi de l’évolution du marché de l’art avec l’histoire de Keane, dont les reproductions s’exportent en volumes énormes sous forme de posters. Mais avant tout il semble nous parler de lui.
Une peintre harcelée par un homme abusif qui lui interdit tout changement de style, ou alors sous un autre nom, qui lui demande de répliquer par centaines des tableaux qui se ressemblent tous parce qu’ils rapportent énormément, son art devenant une caricature vide de sens, une production industrielle qui perd son âme. Cette artiste vous rappelle-t-elle quelqu’un?
Tim Burton nous indique qu’il a compris ce qu’il était devenu. Qui accuse-t-il ? Ses producteurs certainement, mais c’est pour mieux nous dire qu’il n’est pas mort. Lors de sa séparation avec Helena Bonham Carter, on avait entendu dire que le réalisateur faisait sa « crise de la cinquantaine ». Big Eyes en est une preuve à la fois éclatante et réjouissante. Loin d’être un chef d’oeuvre, c’est un très bon divertissement, mais plus que cela, c’est le signe de la renaissance d’un réalisateur et cette seule nouvelle mérite le détour.
[Critique Cinéma] Big EyesLes +- Amy Adams rayonnante
- Tim Burton ressuscité
- Beaucoup d'humour et un scénario bien mené
- Christoph Waltz m'énerve de plus en plus, même quand c'est fait exprès