[Décryptage Blu-Ray] Godzilla réalisé par Ishirö Honda

Par Kevin Halgand @CineCinephile

« Un monstre prehistorique est ranime par des explosions de bombes H dans l’ocean Pacifique. »

Depuis 2014, Godzilla fait partie des créatures qui sont revenues à la mode grâce à l’excellente nouvelle version du mythe signée Gareth Edwards. Même si loin du succès d’une production Marvel, ce Godzilla a énormément fait parler de lui, en bien comme en mal, divisant les spectateurs. Néanmoins, grâce à la sortie de ce dernier, le film initial réalisé par Ishirô Honda et paru en 1954 dans son pays natal, a recommencé à faire parler de lui, permettant à certains de découvrir les origines cinématographiques de cette créature ranime par l’homme et ses tests de bombes nucléaires dans l’océan Pacifique. Presque un an après la sortie du remake américain, Metropolitan Video permet aux spectateurs français de découvrir ou redécouvrir ce film culte en Blu-Ray dans une édition restaurée. La question qui se pose est : est-ce qu’une simple restauration du film vaut le coup d’en faire l’acquisition et de l’acheter au lourd tarif de 24.99€ ?

Paru trois ans après sa sortie japonaise en France, à savoir en 1957, Godzilla réalisé par Ishirô Honda, fait tout particulièrement parti de la culture cinématographique du Japon. Pour les Japonais, Godjira, dans son nom original, représente bien plus, mais pour ne parler que du cinéma, ce fut notamment le premier film de toute une saga. Saga qui compte en tout et pour tout pas moins de 30 films aujourd’hui. Deux relectures américaines, des films cultes, mais également beaucoup de séries z qui ont permis au mythe Godzilla de perdurer dans la culture japonaise et de traverser les générations. Tout au long de sa filmographie, Godzilla a affronté toutes les créatures possibles et imaginables, ne serait-ce que King Kong. Un affrontement aussi improbable que marquant. Contrairement à toutes ses suites et même à la nouvelle version de Gareth EdwardsGodzilla premier du nom était une véritable introduction au mythe. Longue introduction de plus d’une heure trente, permettant la création d’un background et d’une véritable histoire autour de l’origine de la créature, le long-métrage n’en oubliait pas pour autant d’être spectaculaire, surtout pour un film japonais de cette époque. Le cinéma au Japon ayant connu son premier et véritable essor entre la fin des années 1920, 1930, alors qu’à la même période (1935 pour être précis, les autres pays et notamment les États-Unis adoptaient la couleur (la Technicolor trichrome dans un premier temps) même si la colorisation existait depuis le début du XXe siècle.

Dans la lignée du King Kong de 1933, ce Godzilla réussissait pour son époque et encore aujourd’hui, à être spectaculaire grâce à des jeux d’échelles astucieux permettant aux maquettes et autres astuces de création de faire croire à l’impossible. Grâce à cette édition Blu-Ray et cette restauration, l’on redécouvre le film avec un grand plaisir. Visuellement parfaite, cette copie rend un parfait hommage au film d’Ishirô Honda et à son travail de mise en scène, comme au travail du directeur de la photographie sur le film, Masao Tamai. Bien évidement, pour apprécier le film à sa juste valeur, il faut réussir à se replonger dans le contexte de la création du film et non le voir comme l’on verrait le Godzilla de 2014 aujourd’hui sur notre téléviseur. Les deux étant tout aussi excellents chacun de leur côté, mais incomparables. Cette redécouverte du film permet également de découvrir les différents et nombreux hommages effectuer par Gareth Edwards envers le film originel. Une très belle remasterisation, ce qui change des copies étant disponible sur internet, mais si certaines sont de bonne facture. Ici, la qualité visuelle comme sonore (une balance bien équilibrée entre les bruitages, la musique et les dialogues) permet d’apprécier le film et de le savourer.

Au-delà de la simple restauration du film de 1954, cette édition Blu-Ray concoctée par Metropolitan Vidéo possède en guise de bonus, deux albums photos, les bandes-annonces de certains films que contient la saga Godzilla (huit pour être précis), mais surtout la version restaurée de la suite de Godzilla : Le Retour de Godzilla. Qualitativement bien moins bon, pour ne pas dire médiocre, il est tout de même de bon augure de trouver l’initiative bonne et plaisante. Techniquement parlant au point, que ce soit visuellement ou sonore, la présence de ce film en guise de bonus fait toujours plaisir tout en sachant que les bonus sont (quasiment) inexistants sur cette galette.

La question qui se pose est donc : cette édition vaut-elle ses 24.99€ ? Très franchement non. Alors oui le film est un chef-d’œuvre et oui la restauration est excellente, mais ça ne vaut tout de même pas ce prix, malgré le fait de retrouver sa suite en guise de bonus. Néanmoins, les fans seront ravis de la sortie de cette édition et on imagine bien une baise de prix se profiler à l’horizon même si cette édition combo Blu-Ray, DVD avec un livret de 52 pages est annoncée comme étant limitée. A un plus petit tarif, il ne vaudra pas hésiter, pour l’instant, attention…

Godzilla, édité par Metropolitan Video, uniquement disponible en combo Blu-Ray/DVD au prix de 24.99€.