[Critique] Shaun le Mouton réalisé par Mark Burton et Richard Starzak

Shaun-Le-Mouton

« Shaun est un petit mouton futé qui travaille, avec son troupeau, pour un fermier myope à la ferme Mossy Bottom, sous l’autorité de Bitzer, chien de berger dirigiste mais bienveillant et inefficace. La vie est belle, globalement, mais un matin, en se réveillant, Shaun se dit que sa vie n’est que contraintes. Il décide de prendre un jour de congé, avec pour cela un plan qui consiste à endormir le fermier. Mais son plan fonctionne un peu trop bien et il perd rapidement le contrôle de la situation. Une chose en entraînant une autre, tout le troupeau se retrouve pour la première fois bien loin de la ferme et plus précisément : dans la grande ville.
Mais comment un mouton peut-il survivre en ville ?
Comment éviter d’être reconnus comme étant des moutons, et donc éviter les griffes acérées de Trumper le terrifiant responsable de la fourrière ?
Leur journée sera une course à 100 à l’heure, pleine d’aventures incroyables – et très drôles. Quand il rencontre un petit chien orphelin nommé Slip, qui rêve d’avoir des parents, Shaun réalise qu’il serait bien plus heureux avec sa famille de moutons, à la ferme. »

« Indiana Jones gare à toi, car Shaun le Mouton est là ! »

Créé en 2007 par Nick Park et les studios Aardman. Plus de 120 épisodes de 7 minutes chacun à ce jour. Diffusée dans prêt de 39 pays. Nous parlons bien évidement de l’unique, du malin, du mignon et du laineux : Shaun the Sheep ! Pour ceux qui affectionnent les traductions françaises, nous parlons de Shaun le Mouton. Bébé des studios Aardman, à qui l’on doit les intemporels courts-métrages Wallace et Gromit, Shaun le Mouton a été créé en 2007 et perdure encore aujourd’hui. Alors qu’il fêtera ses 10 ans d’existence dans 2 ans, Shaun et ses comparses de la ferme viennent nous rendre visite sur grand écran dès le 1er avril 2015 pour une aventure hors norme. Indiana Jones gare à toi, car Shaun le Mouton est là !

Parmi un troupeau formé par une petite dizaine de moutons, Shaun est le plus malin. Toujours prêt à dirigé ses comparses afin de jouer des tours au fermier, Shaun a plus d’un tour dans son sac, mais cette fois l’aventure qui l’attends va totalement le dépasser. Habitué à un format court de 7 minutes, il est difficile de comprendre de quelle façon c’est effectué la transposition vers un format long, un format d’une heure et vingt-cinq minutes. Film d’animation à la durée raisonnable, Shaun le Mouton est une série populaire en Angleterre notamment et tout fan d’une saga, souhaite en avoir toujours plus. 1h25 de Shaun le Mouton, (soit l’équivalent de 12 épisodes de la série) ça peut sembler long, mais au contraire, cette durée est extrêmement judicieuse. En effet, Mark Burton et Richard Starzak ont conçu ce long-métrage comme un épisode unique, mais un épisode procédant par étape. Une étape en amenant une autre, Shaun le Mouton conduit de manière linéaire à une résolution finale limpide et prévisible. Trouvant son intérêt non pas dans sa résolution finale, mais bel et bien dans sa justesse à bâtir un rythme de croisière permettant au spectateur de s’amuser et de ne pas s’ennuyer, il faut avant tout le voir comme un vent de fraîcheur.

Fait par de grands enfants et pour petits et grands enfants, Shaun le Mouton est un film d’animation attachant, tendre et incroyablement drôle. Se permettant de jouer sur divers registres comiques grâce notamment à ses personnages qui ne sont pas dotés de la parole, le film renvois aux classiques du cinéma burlesques dans lesquels nous retrouvons Buster Keaton, Charlie Chaplin et bien plus encore. Drôles et loufoques, Shaun et ses amis laineux peuvent faire rire par un simple bêlement ou le plus simple des mouvements. Enchaînant les gags comme l’on pourrait enchaîner les épisodes, Shaun le Mouton se voit affublé d’une superposition de gags afin de ne pas créer de lassitude et faire avancer l’histoire, mais ça ne fait pas tout. Dans les studios Aardman, ils ont un incroyable sens du rythme et savent à quel moment il faut injecter un sourire ou un rire afin de relancer la séquence. Grâce à un montage millimétré, qui cherche à superposer les gags et plans à caractères humoristiques, le long-métrage arrive à tenir en haleine le spectateur. Le rire n’est pas omniprésent ou rare suivant les séquences. Le rire est continuel et arrive toujours au bon moment. Marchant sur les plates bandes des autres films d’animation de la firme Aardman, Shaun Le Mouton recèle également de séquences qui cherchent à aller titiller votre émotivité. Séquences qui cassent légèrement le rythme, mais qui sont nécessaires afin que le film puisse aboutir sur une morale humaniste et suffisamment belle pour plaire à la fois aux plus jeunes comme aux plus grands. La construction du film en elle-même n’est pas révolutionnaire, mais ne cherche pas à l’être, car la série ne cherchait pas, à aller au-delà du simple bon moment, drôle et divertissant.

Dans une ère où les films d’animation cherchent à toucher au photo-réalisme et où les technologies nous permettent de réaliser des prouesses incroyables dans des films d’animation, comme en live action, quoi de plus frais et original qu’un retour à la pâte à modeler et à la maquette. Cherchant de plus en plus le relief au travers d’un écran d’ordinateur, les personnages et outils utilisés dans les locaux des studios Aardman sont on ne peut plus en relief. Le relief tel qu’on l’aime est là et cette stop motion procure toujours son petit effet. Affiné, bénéficiant d’une profondeur de champ et de couleurs plus chatoyantes, Shaun le Mouton s’est offert un lifting pour son passage sur grand écran. Les environnements sont vastes et diversifiés, les textures ne sont plus baveuses, mais recèles de détails et traits travaillés et les effets d’ombres, ainsi que de réflexions des lumières sont plus soignés que jamais. Par le biais de mouvements de caméra, permettant au visiteur de visiter concrètement les différents décors, ce qui est une nouveauté pour la série, on se rend plus que tout, compte du travail méticuleux effectué par les concepteurs et dessinateurs des studios Aardman. On retrouve par moment cette petite saccade dans l’animation des personnages, mais au-delà du fait que cela puisse être pris pour un défaut technique, c’est avant tout ce qui fait le charme de cette animation traditionnel. Cette animation qui ramène tout à chacun vers sa plus tendre enfance et les jouets avec lesquels il s’inventait des histoires.

Shaun le Mouton n’est pas un film grand spectacle ou pyrotechnique, c’est un film dans la plus pure tradition des projets en stop-motion comme on les aime venant des studios Aardman. Dans la lignée et reprenant tous les codes, allant jusqu’à rejouer le générique afin de lancer le récit et cette grande aventure, de la série télévisée, Shaun le Mouton le film est un pur plaisir de divertissement pour tous spectateurs de 3 à 103 ans. Malgré un scénario dont les grandes lignes sont prévisibles, ce dernier s’avère suffisamment bien écrit pour réussir à se renouveler dans ses gags afin de réussir l’exploit à faire rire le spectateur du premier au dernier plan. Incrémenté de runnings gags désopilants qui sous leurs aspects simplistes recèlent des idées toutes simples, mais absolument géniales, cette histoire est aussi ravissante que celle de tout bon conte qui se respecte. Visuellement ravissant, ce Shaun le Mouton est une magistrale réussite technique qui nous prouve que la stop-motion est toujours debout et à encore de belles années devant elle.

4/5

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