[Critique] Diversion réalisé par Glenn Ficarra et John Requa

Focus

« La relation entre un arnaqueur professionnel et une apprentie criminelle vient perturber les affaires de chacun, quand ils se recroisent quelques années après leur première rencontre. »

Focus, Diversion… qu’on en retienne le titre original ou sa traduction pour la distribution française, on croit comprendre rien qu’avec le titre de quoi retourne le film. Trois ans après son dernier grand rôle qui n’était qu’autre que celui de l’agent j, qu’il a interprété à trois reprises dans la saga Men in Black, il aura fallût que vienne vers lui les co-réalisateurs de la comédie romantique Crazy, Stupid, Love pour que Will Smith remonte sur scène. Entre temps, celui qui est de plus en plus reconnu comme un businessman et non comme un acteur aura essuyé l’immense échec au box office international du film After Earth. Échec qui lui a fait mal et dont il va lui falloir quelques années avant de se remettre. Néanmoins, mister Smith est de retour dans un premier rôle qui semble lui coller à la peau et qui répond parfaitement bien à l’image qu’on colle à l’homme depuis quelque temps. Will Smith ne serait-il pas passé maître dans l’art de la Diversion ?

Arnaqueur/Arnaqué, Maître/Apprenti, Chien/Chat, Cowboy/Indien, Police/Voleur… la dualité est un thème qui est cher au cinéma puisqu’il y est présent depuis le commencement. Tous les grands films reposent sur une confrontation entre le bien et le mal. Le trait est grossi, mais il est omniprésent dans le cinéma, qu’il se dit moderne ou non. Encore une fois, le film dont-il est question, repose non pas sur une dualité, mais une multitude qui conduise à une réponse ouverte à la réflexion. Réflexion extrêmement limitée dans le cas présent, mais réflexion tout de même. Au centre de l’image, un arnaqueur professionnel prenant sous son aile une apprentie arnaqueuse qui doit faire ses armes pour s’enrichir et devenir plus forte. L’on voit à des centaines de plans à l’avance le déroulement de ce long-métrage, qui sous ses faux airs de thriller cache une vraie romance. Mineur dans son intérêt scénaristique à cause d’un récit construit intégralement sur le phénomène de la diversion qui consiste à faire croire en quelque chose qui ne l’est finalement pas, le film en reste pas moins intrigant.

Cette diversion est une technique intéressante au cinéma, car elle entre directement en connexion avec l’intérêt même du cinéma qui est d’éveiller l’intelligence du spectateur, de laisser la porte ouverte à son imagination. Beaucoup de cinéastes se servent de cet outil cinématographique sans pour autant s’en servir dans le propos même de leur film. Ce qui est le cas ici. Malheureusement, cette diversion, qui n’est une diversion uniquement dans le titre du film, ne fonctionne en aucun cas ici. Reposant sur le fait d’avoir prémédité l’évènement ou non, le spectateur reste sur le qui-vive, recherchant les indices lui permettant de savoir si oui ou non l’action à laquelle il assiste est une diversion. Film grand public dans tous les sens du terme, Diversion ne cherche jamais à aller au-delà de son récit et démontre par A + B au spectateur tout ce qu’il réalise. Le spectateur aura beau chercher s’il y a diversion ou non, le stéréotype même du simple divertissement refait forcément surface, laissant le spectateur et son imagination sur son fauteuil. Raté dans son écriture qui préfère privilégier une romance au détriment du thème principal qui est l’arnaque, tout en sachant que la romance est purement utilisée dans le but de créer une connexion entre les deux protagonistes, Diversion réussi tout de même à divertir la moindre des choses qui est de divertir le spectateur.

Grâce à ce récit linéaire (ce qui n’est pas péjoratif dans tous les cas) et à une réalisation dont les cadres et différents mouvements sont mis en place dans le simple but de suivre les personnages et faire progresser l’intrigue, on se laisse embarquer dans cette histoire haute en couleur. Luxure et volupté sont tout autour de nous. Le monde du luxe ouvre ses portes et Xavier Pérez Grobet a bien compris qu’il fallait s’en servir. Ce qui caractérise le cinéma de Glenn Ficarra et John Requa est cette volonté indéniable de jouer avec une esthétique moderne. L’on retrouve cet esprit dans les décors, les costumes, comme dans la façon de réaliser. Pas de caméra portée, uniquement des plans qui suivent des axes précis à l’image de la technologie robotique et moderne. L’on peut critiquer le manque de symboliques dans les plans, mais il y a une réelle volonté et recherche des metteurs en scène. Ils veulent faire un cinéma divertissant et qui retranscrive leur vision de notre monde moderne. Cette vision concorde parfaitement avec l’image que l’on se fait de l’arnaqueur et d’un monde de luxe. C’est beau, le directeur de la photographie exacerbe ce monde presque utopique et en quelque sorte enivrant.

Et si la véritable diversion était de faire un film tremplin pour relancer Will Smith vers ses prochains rôles ? La réponse pourrait être là. Débordant de charisme, si on apprécie un tant soit peu l’acteur, Will Smith trouve ici un rôle qui lui sied parfaitement. Devant jouer de son charisme et de sa force de conviction, celui qui a actuellement tout du businessman joue avec cette image et s’en sert pleinement pour son rôle. A contrario, même si elle est ravissante, Margot Robbie peine a convaincre et rame lorsqu’elle doit arnaquer, sur jouant totalement la scène. Survolant tous les autres acteurs et en particulier les seconds rôles, Rodrigo Santoro et B.D Wong en têtes, totalement invisibles, il porte le film avec son charisme, aidé par le charme de Margot Robbie. Diversion repose sur une idée intéressante, idée qui est seulement exploitée dans le but de divertir. Grâce à des metteurs en scène et à un directeur de la photo qui ont une vision de leur cinéma et du divertissement, cette petite idée réussit à germer afin de devenir un petit divertissement. Néanmoins ça n’ira pas plus loin, ne remerciant pas le compositeur qui au cours d’un tour de magie a dû disparaitre des studios d’enregistrement. Aussitôt vu, aussitôt oublié.

2.5/5

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