Neill Blomkamp continue dans la veine SF avec l’histoire d’un robot attachant gâchée par un groupe de rap à l’attitude gangsta irritante dans Chappie. Dommage, le projet était intéressant.
Tout le concept partait pourtant bien dans Chappie avec cette situation de violence intenable à Johannesburg qui engendre la création d’une force de police robotique et ce robot endommagé qui possède une conscience. Il y avait là de quoi faire l’anti-Robocop (une référence clairement assumée jusqu’au design de l’un des robots du film) par exemple, un film qui pose une certaine réflexion sur l’usage de l’intelligence artificielle, sur l’éducation et la violence de la société. Et malgré les cliché sur l’industrie capitaliste et le méchant de ‘histoire qui ne cherche qu’une petite vengeance pour récupérer sa place et lancer son propre robot concurrent qui ne fait pas dans la finesse, on était bien prêt à accepter cet univers et ce personnage de robot attachant.
Mais voilà, il y a un gros engrenage qui coince, c’est celui du choix des parents adoptifs de Chappie. Blomkamp a, en effet, choisit d’inclure dans son film le couple de rap-rave sud-africain Die Antwoord qui joue ici presque son propre rôle, comme si dans ce monde le rap ne rapportait plus et les avait obligé à devenir des gangsters à deux balles. Alors, de manière toujours hystérique, ils se retrouvent à élever leur robot en mode gangsta complètement cliché bling bling et sans subtilité. Complètement en roule libre et n’apportant aucune profondeur à leur personnages, ils sont bien plus irritants qu’autre chose, et ce, pendant tout le film. Cherchant sans arrêt à attirer l’attention, ils détournent complètement le sujet du film pour en être les stars alors que Chappie, avec moins de personnalité, passe dans l’ombre.
Et ce gros défaut ne sera jamais compensé par une intrigue devenant vite artificielle et écrite de façon très brouillonne avec des personnages clichés qui n’ont pas le temps d’exister et d’avoir un peu de subtilité. Dev Patel en créateur au grand coeur reste comme toujours transparent alors que Hugh Jackman s’amuse comme il peut avec sa coupe mulet et que Sigourney Weaver ne fait que de la figuration. C’est bien dommage pour Neill Blomkamp de passer à côté de tout le véritable potentiel qu’avait son histoire de base avec des thématiques fortes et qui hésite ici souvent entre le sérieux et le second degré.
Heureusement qu’il reste à Blomkamp un véritable savoir-faire technique pour sauver un peu l’entreprise du naufrage. Le design de Chappie rend ainsi le robot d’emblée assez attachant mais en plus il s’intègre parfaitement à son environnement. Côté effets spéciaux c’est un sans faute et il en est de même dans les scènes d’action et de fusillades parfaitement orchestrées et lisibles. Dommage alors que ce savoir-faire ne soit pas au service d’une histoire plus intéressante.