Frank Underwood au pouvoir a-t-il toujours son mordant ? Voilà la 3e saison de House of Cards qui passe maintenant dans les coulisses de la Maison Blanche pour mieux détruire le couple le plus odieux de la télé contemporaine.
La seconde saison de House of Cards avait fait grincer des dents à cause de certaines facilités scénaristiques, mais qu’à cela ne tienne, Frank Underwood ne lâche jamais. D’autant plus qu’il est maintenant Président des Etats-Unis, fonction qu’il convoitait depuis bien trop longtemps pour laisser l’occasion lui échapper. Cette 3e saison se déroule donc 6 mois après sa prise de pouvoir qui n’était pas très attendue par le peuple américain et il a donc de nombreux défis à remplir pour assurer sa place.
En effet, n’ayant pas été élu et n’étant que président par intérim, de nouvelles élections s’organisent et il doit se relancer dans la machine pour avoir des voix. Il y a ce premier front pour combattre ceux qui voudraient le destituer mais d’autres problématiques qui n’étaient pas dans la série font leur apparition. Ainsi, deux sujets d’actualité sont traités, le premier en politique interne voit Underwood promouvoir un programme pour la création d’emplois. Un programme qu’il va devoir imposer par la force après avoir crié de nombreuses fois sur son équipe en voulant montrer qu’il est plus qu’un président temporaire mais bien un président avec une grande vision pour son pays. Le second est une crise internationale au Moyen-Orient qui l’oblige à négocier avec la Russie lors de passages qui n’ont pas du faire très plaisir à Poutine, critiquant très ouvertement sa politique.
Dépassant la politique américaine pour rejoindre une dimension plus internationale, House of Cards redevient ainsi très intéressante et offre un bon reflet politique de l’actualité qui a régné ces derniers mois un peu partout dans le monde. Mais l’autre changement est aussi le caractère d’Underwood qui semble plus assagi avec cette fonction ultime. Ici, il n’a plus autant de personnes à embêter pour jouer des coudes et gagner sa place. Au contraire, il doit assumer l’exercice du pouvoir et montrer toute sa légitimité. Mais cette sagesse n’est qu’apparente et ses sautes d’humeurs sont alors bien plus spectaculaires qu’auparavant (en cela Kevin Spacey est toujours aussi impressionnant). Tout est là pour nous rappeler que le monstre peut revenir à n’importe quel moment.
Evidemment, même si cette saison est plus rythmée car plus diversifiée que les précédentes, elle n’est pas exempte de défauts et on relèvera notamment certaines intrigues aussi encombrantes que brouillonnes comme tout ce qui concerne Doug qui est de retour et manigance des choses dans son coin sans qu’on ne comprenne trop pourquoi, d’autant plus que cela reste finalement assez inutile avec une issue dont on se fiche complètement.
Par contre, cette saison au pouvoir met en lumière toutes les failles qui habitaient le couple Underwood. Si Frank et Claire étaient unis avec ce but commun qui était le fauteuil du bureau ovale, maintenant que l’un d’eux a les raines, l’autre semble un peu oubliée. Claire (Robin Wright à la classe incomparable et au caractère bien trempé) doit en effet toujours lutter pour montrer qu’elle a toute sa place et n’hésite pas à défier plus d’une fois son mari. Et si c’est le pouvoir qui les avait soudé jusqu’ici, c’est aussi ce pouvoir qui va les détruire, leur faire perdre toute confiance, fragilisant alors toujours plus leur position à la tête de l’Etat.
Toujours inspiré par des présidents internationaux historiques ou non et des faits d’actualités, cette nouvelle saison de House of Cards reste toujours aussi intéressante que les autres par sa manière de représenter la politique mais aussi et surtout dans le délitement d’un couple au pouvoir, convoquant alors autant l’actualité que Shakespeare. Passionnant.