« L’histoire trépidante d’Édouard, fils aîné du roi des simiens, qui, considéré à sa naissance comme trop malingre, est rejeté par sa tribu. Il grandit loin d’eux, auprès de son ami Ian, et, incroyablement ingénieux, il découvre le feu, la chasse, l’habitat moderne, l’amour et même… l’espoir. Généreux, il veut tout partager, révolutionne l’ordre établi, et mène son peuple avec éclat et humour vers la véritable humanité… celle où on ne mange pas son père. »
« La performance capture/le visuel ne fait pas tout, ce film en est la preuve. »
Acteur, réalisateur, scénariste et avant tout humoriste, Jamel Debbouze fait partie de ces célébrités touches à tout. Usant de sa notoriété pour venir en soutiens à ceux qui en a besoin et aux causes qui ne demande que d’être écouté avant d’être aidé, Jamel Debbouze n’est pas une personne sur laquelle on a envie de dire des méchancetés. Les causes qu’il défend sont justes et ses propos, même s’ils ne regardent que lui, sont également souvent justes. Néanmoins, dans sa carrière d’acteur il n’a pas connu que la gloire ou le succès. Reconnu une première fois dans un second rôle au cœur du film de Jean-Pierre Jeunet, avant de devenir à vie le petit égyptien Numérobis ou encore le brancardier de la série H, l’acteur français a essuyé quelques déroutes, notamment ses derniers temps avec le très mauvais Hollywoo. Cette fois il a décidé de s’attaquer à plus fort que lui et à révolutionner le cinéma européen, en produisant le premier film en motion-capture d’Europe. Cette technique d’animation élaborée par les Américains n’avait encore jamais été utilisée dans une production européenne. C’est maintenant chose faite avec Pourquoi j’ai pas mangé mon père. Avec un budget estimé à 23 millions d’euros et une promotion qui c’est écoulé sur 10 mois, ce premier film en temps que réalisateur pour Jamel Debbouze est-il la révolution attendue ?
La performance capture est une technique qui permet de reconstituer sur ordinateur les faits et gestes accomplis par des acteurs sur un plateau. Portant une combinaison adéquate, ainsi que des capteurs sur le visage afin d’user du « face tracking » dans le but d’enregistrer les mimiques et expressions faciales des acteurs, ces derniers sont enregistrés en 3D par trente à cinquante caméras installées sur le plateau. Jamais le cinéma d’animation n’aura été aussi proche du cinéma tel qu’on le connaît habituellement. Robert Zemeckis, Peter Jackson, James Cameron ou encore Steven Spielberg, les plus grands ont fait la gloire de cette technique. C’est au cœur de Paris que Jamel Debbouze et sa troupe d’acteurs l’ont utilisé à leur tour pour « Pourquoi j’ai pas mangé mon père ». L’avantage de la performance capture est de pouvoir reproduire le jeu des acteurs à la perfection et de ce fait, d’avoir un rendu final photoréaliste dans les animations. Donner à sa diégèse, à son récit, des animations crédibles permettant une aventure plus immersive et plus vraie que nature. Néanmoins pour permettre aux spectateurs de s’immerger au cœur du film, faut-il encore qu’il puisse se raccrocher à une liane ou n’importe quel élément que le film serait en mesure de lui tendre. Visuellement beau, grâce à la performance capture qui permet d’avoir des animations criantes de vérité et un jeu avec la profondeur de champ très agréable, le film pâti tout de même d’un manque de problème non pas de mise en scène, mais de réalisation.
Avec la performance capture comme principale technique de création, rien n’est impossible. Pour créer un divertissement tel qu’on le conçoit, il faut voir large et non pas rester focaliser sur un nombre limité de lieux, ainsi que sur les personnages. Contant l’histoire du jeune Edward et de sa tribu de simiens, vivant sur un arbre immense au milieu du désert, le long-métrage va se focaliser dans un premier temps sur cette tribu, ainsi que sur les différents personnages. C’est un fait, mais pour immerger le spectateur au cœur de ce monde préhistorique, il faut lui faire voir du pays, faire vivre ce pays imaginaire et être ambitieux. Dans ce film, les cadres sont serrés sur les personnages qui n’en sortent jamais, et au-delà de cet arbre immense, subsiste un désert totalement vide dont la principale qualité pourrait être la peur de l’inconnu. Sauf que cette peur est exploitée le temps d’une simple séquence, puis disparaît totalement. Lors d’un plan, Edward se retrouve face à une faune détaillée qui comporte de la végétation ainsi que divers animaux (rhinocéros, autruches…). Ce plan est beau et prouve qu’au-delà de cette tribu existe une faune, mais il ne s’agit que d’un seul plan. Le réalisateur, par ailleurs scénariste, préfère se focaliser sur ses personnages et délaisse totalement son environnement qui est ici totalement vide de sens et de vie. Un choix étonnant, car le film ne manque pas d’idées visuelles ou de mise en scène afin de dynamiser l’action et jouer avec cette animation en 3D, mais on ne parle que de deux à trois sketchs de quelques minutes chacun, sur un film de plus d’une heure trente.
« Pourquoi j’ai pas mangé mon père » est le film qui a la fausse bonne idée de vouloir faire passer des dizaines de messages au public le plus jeune, mais dont le récit est totalement inintéressant. Au travers de ce film, Jamel Debbouze transpose à un contexte préhistorique, un vocabulaire et des problèmes sociaux qui touchent notre société actuelle. Ce qui n’est pas une mauvaise idée en soit, sauf que l’histoire de ce film ne repose que sur cette idée précise. Des rebondissements prévisibles, des personnages caricaturaux, des réactions agaçantes, des gags téléphonés et une sur-utilisation de références sans chercher à les dissimuler ou jouer sur les sous-entendus. Jouant sur un comique de situation et de répétition, Jamel Debbouze use de son talent d’humoriste pour faire vivre son film et divertir. Sauf que ce n’est pas drôle et le film tourne très rapidement au one-man-show. Le film n’est drôle à aucun moment à cause de blagues, jeux de mots et références que l’on connaît déjà par cœur, et qui ne font plus rire. Beaucoup trop référencé, le long-métrage ne trouve pas son rythme et s’enlise au fur et à mesure de son avancée, tout en mettant le spectateur de plus de 7 ans toujours plus mal à l’aise par rapport à ce qu’il voit.
« Pourquoi j’ai pas mangé mon père » est un film qui a de l’ambition sur le papier, mais dont le résultat final en manque énormément. C’est finalement paradoxal, mais de cela nait même chez le spectateur qui n’avait aucune attente, une certaine frustration au vu du potentiel. C’est un film qui a le but de parler aux plus jeunes. De leur faire passer des messages sur l’intégration, le racisme ou encore leur parler des valeurs familiales. Les messages sont beaux, c’est indéniable. Mais ça ne fait pas un film. Ponctué par quelques séquences spectaculaires, car usant du surréalisme de l’animation pour divertir, le long-métrage est avant tout ennuyant et vide de tout. Malgré de belles animations et un rendu visuel global vraiment beau, l’histoire n’est pas intéressante, la bande sonore est redondante et le film ne réussit pas à lier ses différents sketchs perdant tout rythme et entre autres, le spectateur. C’est le genre de film qui est certainement fait avec le cœur et qui possède une bonne base, une vraie volonté de bien faire, mais qui au final, ne fonctionne pas du tout.