Luchon 7 février 2015. Les fusillés.

Par Cinealain

Bastien lui vit la guerre comme le reste, en opportuniste. Une nuit alors que leur section dort près du front, ils sont bombardés. Suivant le mouvement, Louis et ses compagnons se replient dans le plus grand désordre et dans la panique perdent leur régiment. Lorsqu'ils le retrouvent quelques heures plus tard, leur général les accuse de désertion. Il décide immédiatement d'appliquer la circulaire du Maréchal Joffre sur la discipline des armées.

À l'aube, Louis, Bastien et quatre de leurs camarades doivent être fusillés pour l'exemple. Ils ne mourront pourtant pas tous...

Centenaire plus devoir de mémoire obligent. Certes.

Mais trop d'histoires dans le récit finissent par tuer l'Histoire.

Le réalisateur Philippe Triboit s'inspire très lointainement d'un fait réel. Il confie : "Sept soldats furent accusés à tort d'avoir désertés. Treize d'entre eux furent fusillés. Cette histoire était connue par des lettres, mais celles-ci ne contenaient aucun détail biographique. J'ai donc inventé les profils psychologiques et les péripéties."

La mise en scène très appuyée et minutieuse s'attarde sur des plans très longs, souvent inutiles tout en voulant refléter au plus juste l'abomination de cette guerre. Une fois encore, nous sommes les témoins de toutes les horreurs vécues, ajoutées aux dégâts psychologiques, dont ces hommes dans les tranchées furent les premières victimes.

Le courage et les rires pour certains, la peur pour d'autres. Le froid pour tous. Des trafics en tous genres aussi. Un général obtus ne fait rien pour la gloire de l'armée.

D'une séquence à l'autre le film nous entraîne dans la campagne où certains s'enrichissent pendant que d'autres subissent dans le dénuement absolu des discours religieux inutiles et mensongers. Pis encore, les réactions négatives et haineuses d'une partie de la population à l'encontre de certaines familles injustement jugées à la hâte.

Quelques séquences du front meurtrier démontrent, avec preuve à l'appui, que les salauds étaient bien présents des deux côtés.

Le réalisateur nous dépeint également le quotidien de certains gradés et religieux bien planqués, au chaud, et qui ne souffrent visiblement d'aucunes privations.

Le malheur des uns pour le profit des autres.

La photographie de Gilles Porte est souvent magnifique, voire éclatante pour devenir très sombre dans les moments les plus abjects.

Un casting peu crédible dans son ensemble finit par amoindrir l'intérêt du film. Si une certaine presse salue la prestation du Palois Michaël Gregorio, je n'ai vu dans son jeu que de vagues répliques de son "one man show".