Vers d’autres dimensions.
Jason Graves, par sa valeur éprouvée à la tête de la trilogie Dead Space et du dernier Tomb Raider, poursuit son aventure au cœur des productions de genre, suivant, cette fois, les opérations secrètes menées par un ordre de chevaliers dans les artères londoniennes de l’époque victorienne. Édifiant sa partition entièrement sur des cordes et un caverneux orphéon, le jeune auteur, soutenu pour l’occasion par le talentueux Austin Wintory (Journey), tend, avec cette formule, à renforcer l’ambiance hiératique, grave et ténébreuse proposée par les développeurs. Parachevant ainsi la solide direction artistique dont jouit The Order 1886, cette authentique composition, sans nul doute efficace au sein de l’aventure, se révèle, malheureusement, en écoute séparée, plutôt terne par l’absence (volontaire) de variation dans les couleurs misent en scène, ainsi que par les carences toujours aussi manifestes du compositeur dans l’écriture de l’action. (2.5/5)
Véritable madeleine de Proust pour toutes celles et tous ceux dont l’enfance a été bercée par les productions Nintendo, ce digest du dernier Super Smash Bros. se présente d’abord comme un plaisir de « gamer », cette compilation, cathédrale de soixante-douze morceaux, proposant ainsi quelques uns des plus grands thèmes produits par la firme de Kyoto (Zelda, Metroid, F-Zero, StarFox, Pokémon, Yoshi’s Story, et bien évidemment Mario Bros). Attisant volontairement la flamme nostalgique brasillant dans le cœur de toute une génération de joueur, cette heureuse sélection, loin de faire l’économie des profanes en matière de jeu-vidéo, affiche également suffisamment de qualités instrumentales pour conquérir l’ouïe des mélomanes étrangers à ce monde virtuel, certaines reprises bénéficiant, à ce titre, de solides réorchestrations (le medley Ocarina Of Time et l’air accompagnant le raid sur Corneria en tête). (4/5)
Production à l’onirisme proche des escapades cinématographiques croquées par Hayao Miyazaki, Ori And The Blind Forest ne doit pas son succès uniquement son seul graphisme, mais également au merveilleux score qui en colore, ici, les magnifiques arrières-plans. A mi-chemin entre James Horner, Thomas Newman et Joe Hisaishi, Gareth Cooper, jeune compositeur et citoyen du monde – il étudia la musique à Londres et vécu, un temps, aux Pays-Bas et au Japon, avant de s’installer à Los Angeles – sème, au cœur de cette amaurose forêt, les germes de son univers musical, mêlant l’esthétique d’une orchestration occidentale traditionnelle avec le timbre exotique de la world-music, tout en adoptant, ponctuellement, une écriture pour piano et cordes proche des productions nippones (certaines chevauchées, comme Fleeing Kuro, rappelant ainsi les thèmes épiques des derniers Final Fantasy). Le résultat, féérique et fantastique, fait donc d’emblée de cette bande son un incontournable, nous convainquant par la même de suivre de très près les futurs travaux de ce talentueux compositeur. (4.5/5)