« Capitaine d’un bateau de pêche menacé d’être vendu par son propriétaire, Kang décide de racheter lui-même le navire pour sauvegarder son poste et son équipage. Mais la pêche est insuffisante, et l’argent vient à manquer. En désespoir de cause, il accepte de transporter des clandestins venus de Chine. Lors d’une nuit de tempête, tout va basculer et la traversée se transformer en véritable cauchemar… »
« Un film politique et humain, qui ne laissera pas indifférent »
Sea Fog de Sung Bo Shim est la seconde collaboration du réalisateur et de son producteur Bong Joon Ho après Memories of Murder, réalisé par ce dernier. Ce nouveau long métrage raconte l’histoire d’un capitaine de bateau de pêche qui, croulant sous les dettes, se voit contraint d’accepter de faire passer par la mer des clandestins chinois jusqu’à la frontière coréenne. Malgré sa faible diffusion dans nos salles, Sea Fog est un des films de ce début d’année à ne pas rater sur grand écran.
S’ouvrant sur une pêche en mer, le réalisateur nous expose le postulat de départ et nous présente ses personnages, tous ayant leurs caractéristiques issues de clichés du cinéma que sont : le jeune garçon travaillant pour subvenir aux besoins de sa famille, le trentenaire pervers, le vieux sage sans oublier le loup de mer, ici le capitaine de l’équipage. C’est derrière ces personnages que Bo Shim va s’exprimer, plutôt que de rester sur des personnalités basiques il va développer chacun d’eux, les creusés. Adapté d’une pièce de théâtre on ressent bien chaque acte, au fil des actes les personnages évoluent, on se demande jusqu’où ces membres d’équipage sont prêts à aller pour sauver leur peau, tout en sentant l’épée de Damoclès flottant au dessus de leurs têtes propres à la tragédie grecque. L’œuvre semble donc se rapprocher de son matériel d’origine dans la structure scénaristique, les décors sont, à la manière d’une pièce, peu nombreux.
L’action se passe en grande partie en mer, que ce soit la nuit ou en journée la lumière est incroyablement bien gérée, la photographie est absolument magnifique notamment un des plans finaux qui est utilisé pour l’affiche du film. La réalisation est quant à elle sobre, mais en adéquation avec l’action, pas de mouvements de caméra complexe, tout est bien rythmé pour ne pas laisser le spectateur s’ennuyer une seconde. Le jeu d’acteur est très juste, bien sûr comme toujours avec le cinéma coréen (ou même asiatique en général) certains acteurs surjouent notamment pour les personnages dits ‘ridicules’ avec un humour exagéré qui peut agacer, on notera tout de même la très bonne performance de Yun Seok Kim (énorme dans le très bon Monster Boy : Hwayi) qui joue un capitaine sûr de lui, froid et déterminé à conserver son bateau, personnage troublant qui dos au mur plongera dans la folie tout en entraînant son équipage avec lui.
Le long métrage se balade entre les genres, il débute comme un drame tout ce qu’il y a de plus simple pour ensuite explorer différents genres tout en parsemant des situations comiques déjantées typiquement asiatiques, on passe du thriller au film d’horreur sans oublier la romance qui est présente tout au long du film que ce soit entre Dong Sik et la Chinoise Hong Mae ou entre le capitaine et son bateau. La transition entre les genres est naturelle grâce à l’ambiance donnée par la photographie et la musique, malheureusement un peu trop discrète et très rapidement oubliée. On ressent de l’empathie pour ces personnages qui se retrouvent dans une situation inimaginable, avec l’arrivée du brouillard la tension monte et les personnalités se dévoilent, le réalisateur prouve avec un réalisme affolant que l’homme n’est qu’un animal comme un autre ayant pour but principal la survie.
Sea Fog laisse un goût amer d’incompréhension, on peut se demander si tout cela est tiré d’une histoire vraie tant l’histoire est bien traitée, Sung Bo Shim signe un film politique et humain à la croisée des genres, qui ne laissera pas indifférent.