White God, critique

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On l’a loupé en festival et à sa sortie en salle en décembre dernier, mais la sortie vidéo de White God ce 15 avril est enfin l’occasion de le rattraper et de découvrir un film puissant sur la sauvagerie de l’homme à travers le regard de son compagnon le plus fidèle.

White God, critiqueAprès avoir été primé dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes puis au festival du film fantastique de Strasbourg, White God, du hongrois Kornél Mundruczó était sorti en salle en décembre dernier. Sorti face aux mastodontes des fêtes de fin d’année, il a tout de même fait un peu parler de lui mais sa sortie en vidéo est maintenant l’occasion de se pencher plus avant sur son cas. Le réalisateur nous plonge dès les premières images dans un Budapest désert qui précède presque l’apocalypse. On découvre alors les images saisissantes d’une jeune fille à vélo poursuivie par une énorme meute de chiens enragés. Tout de suite, on est happé par cette ambiance hypnotisante avant de retourner à l’origine du récit.

Lili est abandonnée chez son père par sa mère qui lui laisse également son chien, Hagen. Mais le père met très vite le chien à la rue. La jeune fille va alors tout faire pour le retrouver alors que le chien erre dans les rues et va apprendre à connaitre tous les mauvais côté de l’homme en étant capturé pour devenir chien de combat puis enfermé. Mais quand il se libère, il emmène tous les autres chiens errants avec lui, créant le chaos dans la ville. Seule Lili pourrait l’arrêter.

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En soi, cela pourrait presque ressembler à un pitch de série B d’horreur mais le réalisateur, par sa maîtrise du récit et des images, va rapidement bien au delà. Se passant aisément des mots pour décrire ce qu’il se passe ou les sentiments de ses personnages, il laisse parler les images qui se révèlent souvent assez puissantes, en particulier lorsque la musique ou au contraire les silences les accompagnent. Il faut dire que le réalisateur possède un style très démonstratif. Rien ne nous est épargné, des scènes d’abandon qui devraient tirer des larmes à la maltraitances des animaux en ralenti ou le portrait de cette ville parfois à moitié désertée, Mundruczó pousse tous les curseurs à fond pour nous faire ressentir tout ce que subit ce pauvre chien et l’abandon que ressent la jeune Lili. Une mise en scène justement saluée qui a de quoi impressionner et qui donne toute sa personnalité au film qui ne laissera certainement pas indifférent.

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Et le film va bien au delà d’une simple vision de chiens enragés. En effet, son titre White God n’est pas anodin et rappelle que l’homme est un dieu pour les chiens qui lui sont fidèles et ils sont donc façonnés à son image. Les chiens comme Hagen font donc figure d’hommes maltraités par ceux qui les gouvernements avec une révolution qui gronde alors. Ici, le réalisateur montre autant la sauvageries des hommes envers les animaux mais aussi envers eux-même, reflet violent de notre société. Cette vision d’apocalypse animalier comme pouvait l’imaginer Hitchcock dans les Oiseaux atteint alors une certaine profondeur accompagnée d’une réelle émotion devant l’histoire entre cette jeune fille et la bête, quand l’innocence tente de rattraper toutes les fautes du reste du monde. Avec cette vision animale de l’homme, il y a même presque une dimension mystique et mythologique qui peut se développer (l’usage de la musique classique et l’appui des images pour imprégner ces animaux dans notre esprit n’y est pas étranger), nous renvoyant alors à notre état le plus sauvage.

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Bref, White Dog est autant une expérience de cinéma puissante qu’un film qui sous sa simplicité apparente, se révèle d’une grande richesse thématique. La course de ces chiens reste alors indéniablement en mémoire pour un bon moment.

Et en plus du film, vous pourrez découvrir sur le dvd un documentaire d’un quart d’heure sur les coulisses et notamment le dressage des chiens qui était, on s’en rend bien compte, un exercice périlleux et méticuleux.