Critique : Fast & Furious 7 (2015)

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Chemin de Damas.

James Wan, las de faire tressauter les violons de l’horreur à grand mouvement de possession démoniaque, taille désormais la route vers le cinéma d’action, hâtivement et furieusement, pour, dit-on, en améliorer le couplage. En effet, à l’origine, le réalisateur sino-malaisien, parachuté afin de palier à l’absence de Justin Lin, à la tête des quatre précédents épisodes, avait pour ambition d’altérer l’essence du mythe Fast & Furious, d’amener ce septième opus sur le chemin de l’auto-défense, et par la même, de l’écarter de cette exubérance graphique qui en était devenu la traction. La marque laissé par Death Sentence, thriller noir comme l’asphalte, parlait d’ailleurs pour lui, gage de sa bonne foi, et surtout, de sa parfaite maitrise des codes du genre. On imaginait déjà le goudron de la violence et de la haine donner à nos routiers un avant-goût de l’enfer, brûlant leurs âmes et leurs philosophies pour n’en laisser que des cadavres, fumants, sur le bord de la route. De belles intentions qui, hélas, s’engagent dans une voie sans issue. Bien évidemment, ne semblant pas faire totalement le deuil de cette intention, Wan tente de corrompre l’âme de la série, comme l’agent du FBI, interprété par un facétieux Kurt Russell, celle de la famille Toretto à l’élégance de la mousse des moines trappistes belges. Il courbe très légèrement son châssis en intronisant Jason Statham dans le rôle d’un antagoniste carburant à la vengeance, et en menant son ultime affrontement dans l’un des fiefs cinématographiques du vigilantisme américain. Mais ces rares écarts de conduite ne suffisent malheureusement pas au metteur en scène pour prendre ses distances avec la légendaire loggorhée visuelle des trois derniers volets, et incliner ce rapport de force qui l’opposait aux convenances de la saga en sa faveur. Néanmoins, Fast & Furious 7, aussi tapageur soit-il, demeure un honnête divertissement, pensue mais agréable à suivre, et sans à-coup, du moment que les acteurs ne desserrent pas trop leurs mâchoires afin de déclamer quelques phrases chocs bornées de platitude. Le cinéaste, fervent militant de la caméra renversée et d’autres acrobaties techniques, et dont les inclinaisons esthétiques sont pourvues d’assez de personnalité pour se conformer à toutes les exigences des producteurs, semble d’ailleurs s’être particulièrement amusé à froisser la tôle et à fracasser l’imposante musculature de bovins élevés au popcorn. Quant à l’histoire, elle épouse, sans surprise, le carénage patriarcal scander jusqu’à plus soif par le moteur Diesel, et ne manquera pas son rendez-vous avec le destin, l’hommage à Paul Walker trouvant là une authenticité des plus touchantes. On en attendait finalement pas moins d’un épisode posthume. (3/5)

Fast & Furious 7 2

Furious 7 (États-Unis, 2015). Durée : 2h17. Réalisateur : James Wan. Scénario : Chris Morgan. Image : Marc Spicer, Stephen F. Windon. Montage : Leigh Folsom Boyd, Dylan Highsmith, Christian Wagner, Kirk M. Morri. Musique : Brian Tyler. Distribution : Vin Diesel (Dominic Toretto), Paul Walker (Brian O’Conner), Jason Statham (Deckard Shaw), Michelle Rodriguez (Letti Toretto), Tyrese Gibson (Roman), Ludacris (Tej), Kurt Russell (Mr. Nobody), Dwayne Johnson (l’agent Hobbs), Jordana Brewster (Mia O’Conner).