Fin de la phase 2 en approche pour Marvel avec un nouveau regroupement attendu de l’équipe des Avengers. Joss Whedon rempile à l’écriture et à la caméra pour donner avec l’Ère d’Ultron toujours plus à l’écran avec cependant un petit changement de ton et des mises en avant bienvenues pour permettre de rendre cet opus plus dense et plus intéressant.
Et les défis, ce n’est pas ce qui va manquer à Joss Whedon dans ce film. Devant faire avec les films précédents, le succès colossal du premier volet et des personnages de plus en plus nombreux, il s’en sort pourtant admirablement bien en gérant ses personnages de manière très adroite, laissant un peu de côté la trinité Iron Man – Thor – Cap pour enfin s’intéresser aux seconds couteaux qui n’avaient pas pu avoir leur place avant. C’est ainsi que Black Widow (Scarlett Johansson enfin impliquée), Hulk (toujours impeccable Mark Ruffalo) et surtout Hawkeye (Jeremy Renner en quête de reconnaissance) ont droit à des storylines approfondies. Et ce dernier offre en particulier une vision plus humaine du groupe autant qu’il permet au réalisateur de commencer à faire passer le message sur ce que représentent les Avengers.
Il ne faut cependant pas croire que les autres héros sont oubliés (sauf peut-être Thor clairement au second plan) puisque certains sont tout de même le moteur de l’histoire et qu’ils sont soumis à certains doutes pendant le le film qui pourraient remettre en question leur esprit d’équipe. Toutefois cet aspect est rapidement éludé car il faut également faire avancer l’histoire concernant Ultron et la présentation de la fraterie Maximoff. Si le premier manque peut-être de caractère et d’un plan clair, il est surtout une intelligence artificielle en pleine crise d’ados qui n’hésite pas à s’auto-contredire alors que les seconds sont plus ambigus et ont plus de potentiels pour être exploités dans les suites. Avec une douzaine de personnages principaux, Whedon et bien obligé d’en laisser certains à développer plus tard mais arrive déjà à attirer notre attention sur eux (en particulier Ultron et la Sorcière Rouge).
D’autant plus qu’en plus des personnages, on attend un film d’action qui déboîte. Et de se côté, on en aura pour son argent tant le film est bourré de séquences explosives à l’envergure internationale (nos héros vont de l’Europe de l’Est à la Corée en passant par l’Afrique). Il y en a d’ailleurs sans doute beaucoup trop, si bien qu’on retiendra surtout les moments de calme en sortant du film, Whedon se montrant bien plus intéressé par ces rares séquences où il peut écrire ces personnages. Et ces séquences d’action ne permettent pas de donner toute l’ampleur narrative voulue au film qui peut parfois paraître assez brouillon ou inexploré là où il y avait de la matière. Cela ne l’empêche pas d’être dense mais il aurait gagné à être plus équilibré pour offrir un final véritablement épique (ce que n’oublient cependant pas certains plans géniaux) et plein d’émotion.
Pourtant, cette fois on ne pourra pas reprocher à Whedon d’éluder toute dramaturgie avec des pointes d’humour omniprésentes. En effet, le ton est ici plus sombre et l’humour plus discret et travaillé, rendant alors le film moins frais et fun. L’innocence de la découverte de ces héros laisse clairement place aux doutes des personnages sur leurs missions. Avec moins d’humour, on notera aussi que Joss Whedon a particulièrement progressé au niveau de sa réalisation. Certes, ce n’est toujours pas un grand metteur en scène mais il maîtrise plus le cadre et la caméra, rendant plus justices aux plans amples et aux actions des héros ou à leur intimité, faisant beaucoup moins série télé à gros budget comme semblait parfois être le premier épisode.
Plus complexe et avec des personnages bien plus intéressant que de le premier épisode, cet Avengers l’Ère d’Ultron est donc moins fun mais aussi plus dense et fouillé que le premier opus. Il est alors dommage que la pléthore de séquences d’action nuise à la fluidité d’un récit qui aurait gagné en simplicité et à faire moins de démonstration. Il n’empêche que si on arrive à se laisser emporter, il y a donc de quoi passer un bon moment de divertissement.