De : Barbie Kligman
Avec : Martin Anderson ( Coup de foudre à Bollywood, The red road), Diana Glenn ( Nos vies secrètes, the slap), Anthony Hayes ( The Rover, Gallipoli), Adrienne Pickering ( Rake, The clinic).
Synopsis Allociné : Ben Gundelach, un père de famille ordinaire, retrouve le corps d’un jeune homme assassiné. La police le suspecte d’être le meurtrier, il n’a d’autre choix que d’enquêter lui-même afin de retrouver le vrai tueur et de prouver son innocence…
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Il semblerait que depuis le succès de la mini série The Slap, l’Australie veuille jouer dans la cour des grands. C’est chose faite et réussie avec Secrets and Lies ; à tel point, que les États-Unis ont acheté les droits de cette dernière pour en faire un remake qui est actuellement diffusé avec notamment Ryan Philippe et Juliette Lewis. Mais qu’on ne s’y méprenne pas, c’est de l’originale que je veux vous parler aujourd’hui.
Elle est plutôt passée inaperçue en France en raison d’une diffusion chaotique selon moi. Tout d’abord, tout le monde avait encore à l’esprit Broadchurch alors la comparaison était de ce fait inévitable. Pourtant, les deux séries n’ont rien à voir si ce n’est comme point de départ le meurtre d’un enfant. Du coup, je pense qu’il aurait fallu espacer les deux shows pour permettre au spectateur d’apprécier à sa juste valeur la série australienne.
Deuxièmement, le nombre d’épisodes diffusés posait également problème. A la base, Secrets and lies est une mini série de six épisodes. Pour la première tournée, nous avons eu droit à deux épisodes seulement, deux épisodes qui nous laissent évidemment sur la faim. A contrario, pour la dernière diffusion, nous avons eu droit aux quatre derniers épisodes d’un coup ; ce qui était évidemment beaucoup trop. Le rythme était complètement rompu, et cela a desservi grandement la série je trouve.
Mais qu’on ne s’y trompe pas non plus, Secrets § Lies est une excellente série australienne à l’américaine. Aux premiers abords, la série séduit par son exotisme. Pour une fois, nous quittons les gratte-ciels New-yorkais pour aller se dorer la pilule sous le soleil de Queensland enfin presque. Car, si on est charmé par l’environnement, très vite aussi le spectateur est happé par une atmosphère étouffante, haletante. A un tel point, qu’on se croirait dans le bayou de la Louisiane avec l’humidité étouffante, la nature luxuriante et envahissante ; et cet aura mystique, surnaturelle et oppressante qui la caractérise.
La série ne s’inscrit pas dans une enquête à proprement parler car l’histoire se concentre et adopte le point de vue du personnage principal, Ben. C’est à travers lui que tout nous est raconté avec son lot de subjectivité c’est certain. C’est d’ailleurs sur ce point que la série tire son épingle du jeu car le spectateur reste prisonnier des doutes et des craintes de Ben. Tout comme ce dernier, il est mis de côté par rapport à l’enquête. Il ne sait rien ou pas grand chose et c’est pareil pour nous. Inutile de vous dire que c’est très frustrant de rien savoir ou de savoir peu ou de croire savoir quelque chose. D’autant que la série et surtout dans les premiers épisodes, joue beaucoup sur les non-dits. Mais en même temps, on a pas l’impression de prendre le train en route car beaucoup de choses passe dans le langage non verbal des acteurs : des silences, des gestes, des regards ou encore l’absence de tout ça.
Mais, tout comme Ben, on est tenu à l’écart de tout mais pas seulement de l’affaire du petit garçon. En effet, il est clair que Ben est un père et un époux désavoué au sein de son propre foyer ; et ce, bien avant le meurtre. Encore une fois, cette proximité entre son personnage et le spectateur est très déstabilisante car on se sent autant incompris que lui. Et, on se demande aussi pourquoi sa propre famille est si étrangère à ce qu’il traverse, pourquoi sa femme est si loin de lui alors qu’il vit des moments difficiles. Qu’a t-il fait ou pas fait pour être traité de cette façon ?
J’ai eu aussi souvent l’impression que ses erreurs payaient ou devaient payer pour toutes celles commises par les autres : sa famille, ses amis, ses voisins et la société. Finalement, peu importe sa culpabilité ou non, il faut que quelqu’un paie pour que tout redevienne comme avant comme si tout pouvait redevenir comme avant. L’hypocrisie dont fait preuve l’entourage de Ben est effarante notamment les voisins qui hier encore, lui faisaient la bise et maintenant, l’ignorent.L’ironie de la chose c’est que ce sont eux qui ont le plus à cacher.
Et que dire aussi, de ces journalistes qui rôdent tel des hyènes à l’affût du moindre cadavre, du moindre scoop qui fera grimper l’audimat de la chaîne qu’il représente. Où est le respect de la vie privée, la présomption d’innocence dans une société où la soi disant clé du succès repose dans la rapidité, l’immédiateté de l’information ? Au final, que reste t-il quand tout est terminé ?
Reste la fin, une fin que je n’ai pas vu venir. Brutale, tout en nervosité et en tension. Une fin inimaginable pour moi, une fin où le spectateur peine à respirer. Mais, une fin qui montre combien nous faillons tous et ce tous les jours, pour de bonnes ou/et de mauvais réponses. Et, qui surtout témoigne de l’extrême perversité du monde dans lequel nous vivons…