[Critique] En Equilibre réalisé par Denis Dercourt

Par Kevin Halgand @CineCinephile

« Marc est un cascadeur équestre. Un grave accident sur un tournage lui fait perdre tout espoir de remonter un jour à cheval. Florence est chargée par la compagnie d’assurances de s’occuper du dossier cet homme brisé. Cette brève rencontre va bouleverser leurs équilibres… »

« Aussitôt vu, aussitôt oublié. »

Denis Dercourt est un nom qui ne vous dit peut-être rien puisqu’il ne fait pas partie des réalisateurs médiatisés qui font parler d’eux chaque jour sur internet. À son actif, pas moins de 9 films tout de même dont un certain La Tourneuse de Page avec Catherine Frot et Déborah François. Peut-être son drame de référence, reconnu à Cannes en 2006. Ce cinéaste français s’est spécialisé dans le drame intimiste, où la rencontre entre deux destins forme une histoire aussi tendre que touchante. En Équilibre, confirme cette règle et oppose en pleine Bretagne les destins de Marc (interprété par Albert Dupontel) et de Florence (interprétée par Cécile de France).

Avec un simple visionnage de la bande-annonce, on peut se douter que la force de ce long-métrage ne se trouve pas dans la forme employée. En effet, En Équilibre est un drame tout ce qu’il y a de conventionnel, utilisant un récit linéaire qui va d’un point A à un point B sans jamais essayer de surprendre. La trame principale du récit est prévisible et ne compte pas sur ses rebondissements inexistants pour happer le spectateur. Le scénario se repose avant tout sur ses deux personnages principaux dont l’entremêlement va amener vers une résolution aussi convenue que le reste. Partir de la rencontre entre les deux personnages et utiliser la thématique du destin pour créer un lien entre les personnages est une chose qui n’est pas rare au cinéma. L’on voit ça chaque semaine ou presque au sein de grosses productions ou de films dits d’auteurs. C’est aussi rependu que la comédie française puérile, mais ce n’est pas pour autant que ça ne peut pas fonctionner encore une fois.

En Équilibre n’a pas une histoire captivante, mais le film dispose de personnages principaux attachants et bien interprété. Ce qui sauve réellement ce long-métrage, ce sont ses interprètes, à savoir Albert Dupontel et Cécile de France. Alors que la seconde apporte une humanité et une fraîcheur spontanée, le premier joue davantage sur l’enfermement sur soi et le mépris envers l’autre. À eux deux, ils se complètent et forment un duo aussi électrique que touchant. Néanmoins, aussi ravissant et touchant soit-il, ce duo tourne à vide au sein d’une histoire prévisible et sans intérêts. Les séquences sont téléphonées et le spectateur a toujours une longueur d’avance sur le déroulement du film.

Tourné majoritairement en Bretagne, En Équilibre bénéficie d’une jolie palette visuelle. Les décors sont beaux et la direction artistique naturaliste permet une immersion immédiate du spectateur. Difficile de concevoir que la réalisation de Denis Dercourt ne laisse pas suffisamment de place aux décors et environnements, en se focalisant essentiellement sur ses personnages. La caméra suit au plus près les personnages et ne les perds pas, au détriment de tout ce qui les entoure (décors, personnages secondaires, alchimie entre Marc et son cheval Othello…). Le film suit son script à la lettre et ne cherche pas à aller au grès du vent. Le tout manque de panache, d’audace et surtout de liberté.

En Équilibre, cherche à faire comprendre que chacun a les cartes pour prendre son destin en main. « Si on veut on peut », aurait pu être le slogan de ce film. Reposant sur une histoire conventionnelle qui ne surprend à aucun moment et dont on connaît le fin mot dès son début, ce long-métrage se voit tout de même « sauvé » par deux excellents acteurs qui arrivent à inculquer le naturel et la fraîcheur qui manquent au scénario et à la mise en scène archaïque. Reposant sur un fond simpliste et une forme archaïque qui n’utilise qu’avec trop de rareté ses beaux décors et environnement, il est difficile de voir où veut en venir le cinéaste français avec ce film. Au-delà de faire et voir évoluer Albert Dupontel et Cécile de France ensemble, il est difficile de trouver un quelconque intérêt à ce film, qui certes peut fonctionner auprès d’un public qui n’est pas regardant, mais qui va très vite sombrer dans les limbes du cinéma.