Daredevil, Marvel débarque sur Netflix

Par Fredp @FredMyscreens

Et si la meilleure adaptation de Marvel du moment n’était pas au cinéma mais à la télévision ? C’est bien parti pour être le cas avec la première saison de Daredevil sortie directement sur Netflix et qui s’impose d’emblée comme l’une des meilleures séries TV de l’année.

Arrow, Agents of Shield, Flash, Gotham, … l’invasion des adaptations de comics de super-héros au cinéma ne sont pas qu’au cinéma mais aussi à la télévision depuis un moment. Et forcément, dans sa logique d’expansion internationale, Netflix devait bien se doter de sa série du genre. C’est chose faite dans le cadre d’un partenariat avec Disney/Marvel qui lui permet donc d’exploiter des licences de l’éditeur. Et le réseau va donc s’occuper de lancer les héros urbains de la Maison des Idées avec Daredevil (dont les droits chez la Fox ont été récupérés par Marvel) qui sera suivi de Aka Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist avant que tous ne se retrouvent dans Defenders. Mais pour l’instant c’est donc l’homme sans peur qui doit inaugurer cela en imposant tout de suite un ton et des enjeux.

Bien entendu il y a quelques référence aux films Marvel et quelques clins d’œil puisque la série fait partie de cet univers, mais là n’est pas l’essentiel. Nul besoin de bien connaitre l’univers Marvel pour apprécier la série car Netflix a choisi de s’attaquer à Daredevil en en faisant une série qui se tient seule et à la qualité irréprochable, d’un niveau équivalent à ce qu’elle a pu faire avec House of Cards, toujours dans l’esprit de concurrencer HBO ou AMC. Dès les premières images et le générique, nous serons donc très loin de l’imagerie super-héroïque proposée dans les autres séries du genre en ce moment.

Alors qu’il venait tout juste de créer la série, Drew Goddard (la Cabane dans les Bois et proche de Joss Whedon) est parti tout de suite chez Sony pour tisser une toile, léguant alors, non sans laisser quelques instructions, la série à Steven S DeKnight qui avait lui aussi œuvré sur Buffy avant de créer Spartacus. Les deux compères ont choisit de débuter la série au moment où Matt Murdock commence tout juste à devenir le justicier de Hell’s Kitchen et où Wilson Fisk devient, dans l’ombre, un personnage important de la pègre. Dès que la jolie Karen Page est victime d’un coup monté, voilà les jeunes avocats Matt Murdock et Foggy Nelson qui se portent à son secours. Débute alors une affaire qui va les amener vers les manipulation du Caïd.

La série prend son temps pour installer son intrigue mais ce n’est pas plus mal car elle nous apprend à connaitre petit à petit les personnages. Bien sûr, Matt Murdock fera l’objet de nombreux flashbacks pour mieux comprendre son code moral,campé par un impeccable Charlie Cox, portant aussi bien le costume d’avocat aveugle que de sombre justicier. Mais il ne sera pas le seul en avant car il faut bien développer ses ennemis et son entourage pour le rendre encore plus intéressant, tous auront le droit à leur moment. Ainsi, Karen Page devient rapidement central pour les 2 avocats alors que Foggy Nelson, assez insupportable au début, deviendra pourtant bien lus touchant par la suite. Et à côté, il y a aussi le journaliste Ben Urich et quelques autres. Mais il y a surtout Wilson Fisk campé un par un Vincent d’Onofrio impérial, violent, imprévisible et shakespearien, entre le Colonel Kurtz d’Apocalypse Now et le Hannibal Lecter de la série.

Murdock et Fisk s’affrontent indirectement pendant bon nombre d’épisodes et cela est particulièrement bien mis en place avec 2 personnages passionnants et plus proches qu’il n’y parait. Tous deux veulent ce qu’il y a de mieux pour sa ville mais leurs moyens sont opposés et tout aussi condamnables. Alors que l’un va se transformer en justicier hors la loi, l’autre met en place un empire criminel. Deux visions de la justice qui finiront par s’entrechoquer dans un final un peu expédié mais qui n’entache pas la série ni les personnages passionnants qui ont été décrits.

Il faut dire que la réalisation fait aussi beaucoup pour nous emporter. Particulièrement sombre, toujours au plus près des personnages, tout en mettant en valeur des combats particulièrement bien travaillés, tout est fait pour nous faire ressentir tous les coups physiques et psychologiques qu’endurent les personnages et Matt Murdock en particulier, si bien que l’on aura plusieurs fois mal pour eux ou que l’on partagera bien leur peine dans leur lutte pour la justice.

Pour un galop d’essai, Daredevil rempli parfaitement son contrat et même plus en nous proposant une série impeccablement réalisée et écrite avec beaucoup d’empathie pour ses personnages passionnants, à la fois surprenante et respectueuse du matériel de départ (le Daredevil de Frank Miller) pour devenir sans aucun doute l’une des meilleure série de l’année et montrant que Marvel, avec les appuis de personnes qui savent défendre leur position, peuvent proposer autre chose que des films funs et calibrés pour le tout venant. Voilà qui est bien rassurant pour les séries à suivre et qui va nous faire attendre avec d’autant plus d’impatience une seconde saison du même niveau.