La Maison au toit rouge "Chiisai ouchi"

La Maison au toit rouge "Chiisai ouchi"

Avec Takako Matsu, Haru Kuroki, Takatarô Kataoka, Hidetaka Yoshioka

, à plus de 80 ans, près de 80 films au compteur, et un quasi-inconnu en France où rares sont ses films à être sortis. C'est pourtant la 5 ème fois qu'il figure en compétition de la Berlinale, et il y était encore l'an passé hors compétition avec Tokyo Family.

s'en amuse d'ailleurs en interview : "Je ne sais pas ce que la Berlinale me trouve, Cannes et Venise n'ont jamais eu rien à faire de mes films !"

en compétition au festival Kintoayo, a été récompensé à la 82 ème Berlinale. L'actrice Haru Kuroki a obtenu le prix d'interprétation féminine.

Ce nouveau long métrage de , adapté du roman de , est un mélodrame qui restitue les fastes du cinéma Japonais d'autrefois, en même temps qu'il tisse un poignant portrait de femme.

C'est le paisible foyer de Tokiko , son mari Masaki et leur fils de 6 ans.

Alors que la guerre éclate, elle devra prendre une terrible décision.

La Maison au toit rouge "Chiisai ouchi"

L'intrigue du film se situe juste avant la Seconde Guerre mondiale, période peu exploitée par le cinéma.

Yôji Yamada explique : "La Maison au toit rouge est construit autour du secret d'une histoire d'amour, mais au-delà de ça, je voulais décrire le mode de vie d'un foyer bourgeois pendant une période débutant avant la seconde guerre mondiale et s'achevant avec la défaite du Japon, une époque qui a rarement été montrée au cinéma et qui semble résonner avec la direction que le pays est en train de prendre.''

A travers ce film, a a souhaité mettre en avant les petits bonheurs de la vie qui sont si importants à ses yeux. Il explique : "Ce film montre de manière satirique, à travers la vie d'un jeune couple, comment le toit rouge de cette petite maison abrite les menus bonheurs de cette gentille famille."

À l'époque où était étudiant (dans les années 1950), de nombreux films hollywoodiens traitaient de la quête des "petits bonheurs", surtout présente dans la petite bourgeoisie. Si à l'époque, le réalisateur aspirait au "grand bonheur" (comme il le dit, "la paix pour toute une société"), il a pris conscience que cette quête, évoquée par exemple en 1946 dans La Vie est belle de Frank Capra, était un moteur essentiel de la vie et consacre aujourd'hui son film La Maison au toit rouge à ce sujet.

La Maison au toit rouge "Chiisai ouchi"

Yôji Yamada, une découverte, en ce qui me concerne.

Ce film tout en flash back pourrait laisser penser qu'il s'agit des propres souvenirs du réalisateur si le film n'était l'adaptation d'un roman.

Cette maison au toit rouge pourra en rebuter certains. En emballer d'autres. Je suis de ces derniers.

Le décor principal fait rapidement penser à Douglas Sirk. Les couleurs, les arbres en fleurs, le raffinement, tout est là mais très vite le scénario s'impose et nous entraîne pendant plus de deux heures dans cette histoire, d'une simplicité extrême, et riche d'enseignements sur la société Japonaise des années d'avant-guerre à nos jours.

Un beau film de femme(s) et un terrible constat. Pas assez belle pour devenir une geisha, l'héroïne n'a aucune autre issue que celle de la servitude.

Elle ne se plaint pas, même si, de toute évidence, elle ne sera jamais la maîtresse de son destin. Elle fait preuve d'une fidélité extrême envers cette famille pour laquelle elle se dévoue. Ni femme de chambre, pas uniquement servante. L'ensemble est beaucoup plus subtil. Voire cruel.

Elle vivra ces années dans un quasi enfermement. Étouffée sous le poids extrême des traditions qui lui interdiront toute possibilité d'ouverture sur le monde en la maintenant dans l'ignorance des évènements tragiques qui sont en train de se produire.

Un film comme il n'en existe quasiment plus. Un très beau mélo, vieillot, peut-être mais magnifique de bout en bout.