genre: drame
année: 1971
durée: 1h26
l'histoire: Dans le huis clos étouffant d'un petit pavillon de banlieue épargné par la démolition, un vieux couple sans enfants se déchire. Lui, Julien Bouin, ouvrier à la retraite, ne l'aime plus, elle, Clémence Bouin, ancienne trapéziste qui a dû abandonner sa carrière suite à une chute. Lorsque Julien recueille un chat à qui il donne toute son affection, la jalousie commence à s'emparer de Clémence.
La critique :
Pierre Granier-Deferre, réalisateur et scénariste, peut se targuer d'avoir laissé une belle empreinte dans le cinéma français. On lui doit, entre autres, La métamorphose des cloportes, La Horse, Le Train ou encore Adieu Poulet. Vient également s'ajouter Le Chat, sorti en 1971. Ce drame est l'adaptation d'un roman éponyme de Georges Simenon.
Au niveau de la distribution, le long-métrage réunit Jean Gabin, Simone Signoret, Annie Cordy, Florence Haguenauer et Jacques Rispal. Le Chat reste avant tout un huis-clos à couteaux tirés qui réunit deux monstres sacrés du cinéma français.
Le film recevra plusieurs récompenses. Jean Gabin et Simone Signoret ont tous deux reçu un Ours d'argent au festival international de Berlin pour leurs rôles respectifs. Enfin, Pierre Granier-Deferre fut nommé pour l'Ours du meilleur film. L'air de rien, Le Chat constitue déjà le 90e film de Jean Gabin. L'acteur considère Le Chat comme le meilleur film qu'il ait tourné depuis l'après-guerre.
Attention, SPOILERS ! Un couple de retraités, les Bouin, habite dans une banlieue parisienne à Courbevoie, en plein bouleversement par les travaux d'urbanisme moderne : lui, ancien ouvrier typographie ; elle, ancienne trapéziste de cirque dont la carrière s'est terminée trop tôt en raison d'une chute lors d'un spectacle. Ils n'ont jamais eu d'enfants.
Après 25 ans de mariage, leurs sentiments se sont désagrégés avec le temps et ils vivent maintenant un huis clos dans leur pavillon, dans une atmosphère pesante et une cohabitation désormais plus forcée que souhaitée, bien que ni l'un ni l'autre ne désire quitter la maison. Lorsque le mari recueille un chat auquel il voue toute son affection, la jalousie de l'épouse devient de la haine, atteint un paroxysme et c'est désormais une guerre silencieuse, âpre et implacable qui se joue autour de ce chat.
Premier constat: Le Chat ne se concentre pas exclusivement sur l'affrontement psychologique entre Jean Gabin et Simone Signoret.
Il est bien question ici d'enracinement dans un quotidien morose, soudain bouleversé par les travaux de notre société moderne et consumériste, et qui viennent bouleverser la petite vie de Julien et de Clémence Bouin. A ce titre, Le Chat s'inscrit dans la lignée de certains films français, notamment Mélodie en sous-sol, qui critiquait lui aussi la destruction des banlieues au profit de nouveaux bâtiments plus modernes. A cela, s'ajoute également un quotidien amer, trop amer... Et usé par le temps qui passe.
Pierre Granier-Deferre prend son temps pour présenter la petite vie de ses deux principaux personnages. D'un côté, Julien Bouin (Jean Gabin) est un vieil homme bourru, irascible et taciturne.
De l'autre, sa femme, Clémence (Simone Signoret) est une femme imbibée d'alcool et noyée par les remords et les regrets. Le jour où Julien se prend d'affection pour un chat, la vieille femme développe une sorte de jalousie maladive. L'animal semble trouver une affection que Clémence a perdue depuis longtemps. A partir de là, c'est une véritable bras de fer qui s'engage entre les deux tourtereaux, devenus ennemis.
Totalement habités par leurs personnages, Jean Gabin et Simone Signoret s'affrontent et signent, vous vous en doutez, une très grande performance. Paradoxalement, l'un et l'autre s'aiment encore.
Incapables de communiquer, le mari et sa femme ont choisi de vivre dans le silence, donc de ne plus s'adresser la parole. Evidemment, très vite, le scénario va prendre une tournure dramatique, sombre et nihiliste, telle une tragédie grecque. Ce que viendra confirmer la fin.
En résumé, ne vous attendez pas à un film spécialement drôle ni à un happy end. Le Chat reste probablement le meilleur film de Pierre Granier-Deferre, très inspiré pour l'occasion, et qui dirige à merveille deux acteurs au sommet de leur art.
Note: 17/20