[Critique] Ouija réalisé par Stiles White

Par Kevin Halgand @CineCinephile

« Après avoir perdu Debbie, son amie d’enfance, dans des circonstances atroces, Laine tombe sur une vieille planchette Ouija dans la chambre de Debbie et tente alors d’y jouer pour dire « Au revoir » à la disparue… Pour l’heure, seul Pete, petit copain de Debbie, accepte de l’aider. Convaincue qu’il ne peut s’agir d’un suicide, Laine mène l’enquête et découvre que l’esprit convoqué par la planchette se fait appeler « DZ » et tient à poursuivre la partie coûte que coûte…Tandis que des événements de plus en plus étranges se multiplient, Laine sollicite l’aide de sa sœur cadette Sarah, de son amie Isabelle et de son petit copain Trevor. Peu à peu, les cinq adolescents se plongent dans l’histoire de la maison de Debbie et comprennent que leur amie n’était ni la première victime, ni la dernière. Et s’ils ne parviennent pas à refermer le portail qu’ils ont dangereusement ouvert, ils connaîtront le même sort que celle qui les a initiés au jeu de Ouija… »

Ouija de Stiles White est un film d’horreur surfant sur la vague des films d’esprit comme The ConjuringInsidious et Sinister. Première réalisation du monsieur qui a scénarisé Prédiction et Possédée, il a aussi travaillé sur Entretien avec un vampire et le Sixième SensOuija est un long qui a tout l’air d’un Direct-To-Video, petite série B sans grande originalité sur le papier, mais qui par sa bande-annonce promet de faire frissonner.

L’histoire commence dans une petite banlieue américaine tout ce qu’il y a de plus classique, on découvre deux petites filles jouant avec une planche de ouija, planche servant à invoquer les esprits. L’une d’elles pose les règles de cet objet mystérieux : ne jamais y jouer seul et toujours dire « good bye » à la fin d’une session. On nous fait comprendre par une transition simple que les petites filles ont grandi et que l’une d’elles s’apprête à jouer seule. La scène d’ouverture est assez réussie, on comprend les enjeux de cet objet et grossièrement on nous dévoile les liens des deux amies. Le suicide de la jeune femme lance le film dans un semblant de thriller mal écrit, sans originalité et pas du tout crédible. Laine Morris qui ne croit pas au suicide de sa meilleure amie s’efforce de trouver une réponse à ses interrogations. On a donc droit à un interrogatoire de tous leurs amis en commun, nous présentant le reste de la bande, le film ne trouve pas de rythme et s’étale.

C’est au bout de la première demi-heure que l’on a droit à la première séance de spiritisme Ici encore cette dernière n’a aucun rythme, le réalisateur n’arrive pas à captiver le spectateur qui ne ressent aucune pression. Rien, pas même un peu d’appréhension à l’idée de ce que l’on va voir. L’ambiance ne s’y prêtant pas, les jump-scares, mal placés, sont inefficaces.

Assumant véritablement son envie de profiter de la hype d’Insidious, le metteur en scène prend comme guest au casting Lin Shaye, présente dans les deux opus de James Wan. Malheureusement à aucun moment Ouija n’arrive à la cheville d’Insidious, et ce, à cause de son manque d’ambiance handicapant, un rythme lent qui perd le spectateur et une histoire peu convaincante trop classique. Le scénario part après la première heure sur une histoire de maison hantée, pitch vu et revu qui ici n’est pas du tout sublimé par une réalisation et mise en scène totalement quelconque. Tout devient ridiculement inefficace et on déjoue aisément les pièges du réalisateur et twists peu originaux. La photo est quant à elle du même niveau que la mise en scène, les jeux de lumières sont mal gérés et l’éclairage des scènes de jour est laid.

Pour ce qui est du casting on a le droit à un ensemble de « jeunes » un peu trop vieux pour les rôles qu’ils occupent, tout droit sortis d’une mauvaise série de la chaîne The CW. Olivia Cooke qui occupe le rôle principal semble n’avoir qu’une seule expression pour toutes les situations et le reste du casting ne rattrape pas, la plupart étant invisibles ou peu convaincants. Ouija n’a pas tous les défauts du monde, on a le droit à des effets visuels réussis et quelques plans esthétiques par moment. Mais hélas encore aucune ambiance n’est mise en place, le metteur en scène n’a rien compris de la peur et il pense qu’envoyer des jump-scares à n’importe quel moment suffira à effrayer le spectateur, ce n’est que grisant et c’est ce qui contribue à l’absence de rythme.

Ouija est un de ces films qui suit la tendance sans pour autant y apporter quelque chose de concret, démodé et fade, Ouija ne fait pas peur, il n’effraie à aucun moment, ses acteurs sont mauvais et la réalisation simpliste et en rien inventive n’aide pas. L’absence d’ambiance en fait un film difficilement regardable, mais qui sera très rapidement oublié. En voulant imiter les Insidious et SinisterOuija a oublié de se créer une identité propre et n’a fait que piocher dans chacun pour ensuite en faire quelque chose de médiocre. Ouija n’a rien à faire en salle alors qu’un long bien plus inventif et produit à la même période aurait pu prendre sa place : Oculus.