[Critique] Son of a Gun réalisé par Julius Avery

Par Kevin Halgand @CineCinephile

« Emprisonné pour un délit mineur à l’âge de 19 ans, JR apprend vite les dures réalités de la vie carcérale. Un monde dans lequel la protection est vitale pour survivre et JR se retrouve très rapidement sous l’œil vigilant du criminel le plus célèbre d’Australie, Brendan Lynch. Mais sa protection a un prix : Lynch et son équipe ont des plans pour leur jeune protégé. Après sa libération, JR doit aider Lynch à mettre en œuvre une évasion audacieuse. En récompense, il intègre son gang et se retrouve en première ligne d’un hold-up à haut risque. Les choses tournent mal… »

« Son of a Gun, divertissement honnête porté par un Ewan McGregor très en forme. »

Tourné en début 2013 en Australie, Son of a Gun fait partie de ces films qui paraissent un jour sur internet sans que l’on sache vraiment pourquoi. Le film fuite sur internet, mais n’a toujours pas de sortie cinéma ou vidéo de prévue. Dans ces cas-là, c’est déjà cause perdue pour une sortie salle, qui ne serait qu’une perte financière pour le distributeur qui ferait l’acquisition des droits. Cependant, aujourd’hui subsiste une alternative qui se nomme la VOD. Après Wild Bunch, c’est au tour de TF1 Vidéo de lancer ce 1er mai son service de vidéo à la demande nommé : e-cinema. Le concept est simple, quelques jours, semaines ou mois avant leur sortie en DVD et Blu-Ray, les films sont mis à la disposition des internautes contre un tarif de location qui va de 4.99€ à 6.99€. C’est donc grâce à ce service que nous pouvons découvrir (en toute légalité) ce thriller d’action mené par Ewan McGregor et dont aucun distributeur hors de l’Australie n’a souhaité acheter les droits. Est-il si mauvais que cela ? A en voir les sorties de chaque semaine, difficile de le croire…

Avec son titre évocateur et à la simple vision de son affiche, Son of a Gun aguiche le spectateur. Le film a quelque chose à vendre au spectateur et semble posséder un argument de taille qui se nomme Ewan McGregor. Vendu sur le nom de l’acteur britannique et surement monté dès le départ grâce à son attachement au projet, Son of a Gun possède le semblant de notoriété qu’il a, grâce à son interprète principal qui porte ici, fièrement le film sur ses épaules. Même si actuellement moins en vogue qu’il n’a pu l’être dans les années précédentes, l’acteur trouve un rôle qui lui permet de s’amuser et ça se ressent au travers de l’image. Vendu sur internet par une affiche française qui met en avant le duel qui se joue entre les deux protagonistes, cette affiche ne ment pas sur la marchandise. Loin d’avoir le charisme et l’intensité dramatique que contiennent des oeuvres cinématographiques comme Un Prophète ou Dog Pound, Son of a Gun est un film dans lequel se joue un duel entre deux hommes en quête d’amour. L’un des un jeune homme de 19 ans qui n’a pas connu son père, l’autre est un braqueur de renom qui se doit d’être le plus fort possible pour ne pas briser son image au sein de la prison comme du monde extérieur. L’arrivée du jeune homme en prison va révéler en ce braqueur une âme humaine et l’on se douter avec aisance de la tournure que va prendre le film.

Film d’action à l’histoire déjà dite et redite par divers téléfilms, films ou même séries télévisées, Son of a Gun ne tire pas son épingle du jeu grâce à un simple climax final qui se voudrait surprenant, mais n’en est que plus ridicule. Néanmoins, lorsque le ridicule ne tue pas, il peut rendre plus fort et c’est ce qui se produit avec ce long-métrage aux faux airs de « copycat ». Aucunement surprenant dans sa construction ou même dans la caractérisation des personnages, le film réussit néanmoins à bien établir la relation entre les deux personnages principaux au détriment des personnages secondaires qui ne deviennent que des faire-valoir inutiles. Mention spéciale au seul personnage féminin du film qui est d’une inutilité folle, mis à part montrer son corps. Jonglant entre la carte du père et du fils pour faire naître l’émotion, ainsi que sur celle du mentor et apprenti pour amplifier l’aspect cohésion lors de scènes d’action, le scénario ne va pas suffisamment dans le pathos afin de brouiller les pistes dans le but de tout révéler lors du climax. Les personnages sont imprévisibles et pourraient être à même de s’aimer comme de s’entre-tuer. La ligne de démarcation est fine, mais elle est présente et permet au spectateur de s’accrocher aux personnages et à cette relation. Néanmoins, on émettra un regret lors du rebondissement final, trop prévisible pour faire naître une compassion ou émotion à l’égard des personnages.

Si l’histoire en elle-même n’a rien d’original, elle reste agréable à suivre et va permettre au film de s’installer avec simplicité dans la catégorie des bons divertissements qui ne vont pas chercher à vous prendre la tête. Premier long-métrage de Julius Avery, on sent que ce dernier n’avait pas une pleine confiance et a avant tout cherché à faire un film modelé dans le moule du cinéma hollywoodien. Techniquement au point, le film manque cruellement d’ambition non pas artistique puisque la photographie n’est pas désagréable et joue habilement avec l’aridité des décors australiens, mais dans sa réalisation. Par le biais d’un montage qui cherche dans chaque plan le raccord mouvement parfait afin de dynamiser la séquence puis le film dans sa globalité, on retrouve les codes du cinéma hollywoodien qui cherche avant tout à faire du spectacle. C’est frustrant, car la mise en scène n’est pas désagréable et possède quelques fulgurances notamment lors des braquages, mais cette envie de faire du spectacle avant tout gâche le plaisir du cinéphile qui aurait aimé en avoir plus, car la matière est là. N’est pas Michael Mann qui veut et n’est pas Jacques Audiard qui veut. Son of a Gun est un thriller divertissant, mais qui manque d’ambition, car moulé à partir des codes du cinéma hollywoodien qui cherche le spectacle, rien que le spectacle.