Ciné collection dans les salles du GRAC, à partir du 4 mai : Paris Texas

Ciné Collection vous propose chaque mois de voyager à travers l’histoire du cinéma pour voir ou revoir sur grand écran des oeuvres d’auteurs. Certaines séances sont accompagnées par les propos éclairés d’ un spécialiste ou d’ un cinéphile averti. Au mois de mai 2015, c’est Paris,Texas, Le chef d’oeuvre de Wim Wenders qui est à l’affiche. Wim Wenders  est notamment  le  réalisateur des films Alice dans les villes (1974), L’ami américain (1977), L’état des choses (1982), Les Ailes du désir (1987)…

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Paris texas
Paris, Texas de Wim Wenders
Avec Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Dean Stockwell

All./ France/USA/GB / 1984 / 2h27 / Couleur

Palme d’or – Festival de Cannes

SYNOPSIS

Après quatre ans d’absence, un homme réapparaît un beau jour dans la petite localité de Paris, au Texas. Celui qu’on croyait mort tente de recoller les morceaux de sa vie et de retrouver sa femme, partie travailler dans un peep-show de Houston en abandonnant leur fils de huit ans, élevé par son oncle.

« Pour Paris, Texas, l’Allemand Wim Wenders orchestre son parfait film américain avec les collaborateurs dont il rêvait : Sam Shepard au «clavier», Ry Cooder à la guitare, Edward Hopper pour la tonalité plastique et quelques beaux interprètes capables de sublimer la partition (inoubliables Nastassja Kinski et Harry Dean Stanton). A travers cet élégiaque portrait d’homme, Wenders s’offre un fantasme d’Amérique, mélange de folk-song, d’album photo, de témoignage cinéphile et de grande oeuvre littéraire. Et ce réseau de références – loin de lester le récit – crée le miracle poétique du film. Tout nous captive dans Paris, Texas, tout nous fascine… Tout nous bouleverse : un regard, un accord de musique, une vieille cassette audio ou encore un pull atrocement rose. En matière d’hommage à une culture toute entière, on a rarement fait mieux. » Alexandra Martinez Cinéma G. Philipe, Vénissieux

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La critique des Inrocks 

« Dès la première image, un plan d’hélicoptère sur le désert Mojave, Paris, Texas annonce la couleur. Cette fois-ci, pas question de biaiser avec le mythe, le film sera un western ou ne sera pas. Privé de cheval et de mémoire, de ses attributs comme de sa fonction, le cowboy est un revenant. Figurant dans La Prisonnière du désert, petit garçon devenu adulte de L’Homme des vallées perdues, on l’a oublié dans le décor. Sentant le moment de faire sa réapparition, il s’est remis en marche. Quand il apparaît, le faucon emblématique le reconnaît comme un vieil ami. Rescapé du cinéma ancien, celui de John Ford ou d’Anthony Mann, le fantôme a senti l’appel d’un désir nouveau. Il ne fait qu’y répondre. En s’appropriant cet archétype, Wenders aborde enfin de front ce qui sous-tendait son cinéma depuis toujours. Qu’on l’appelle roadmovie ou cinéma de l’errance, son modèle avoué est le western, lui-même adaptation moderne de L’Odyssée. Comme le justicier solitaire arpentant la plaine en attente d’une histoire qui veuille de lui, comme Ulysse avant de rentrer à Ithaque, le Travis de Paris, Texas a patienté longtemps. Son retour n’en est que plus émouvant. Maintenant que la multitude de spots publicitaires ayant utilisé à tort et à travers la musique de Ry Cooder est oubliée, ces images retrouvent toute leur force. Elles marquent l’entrée fracassante de Wenders dans le territoire secret de son imaginaire, le saut dans le tableau qu’il contemplait. De ce point de vue et au-delà de son immédiate signification narrative, Paris, Texas est le titre le plus malin, et pourtant le plus franc, pour un film qui jette un pont suspendu entre un regard européen et une légende américaine. Tout le projet de Wenders est contenu dans la virgule qui sépare et unifie ces deux indications spatiales. L’utopie du titre recouvre entièrement celle du personnage. » Frédéric Bonnaud Les Inrocks

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Quelques anecdoctes

Sam Shepard et L.M. Kit Carson sont les auteurs du scénario de Paris, Texas. Sam Shepard est plus connu pour ses performances d’acteur, notamment dans L’Etoffe des heros (1983, Philip Kaufman) et La Chute du faucon noir (2001, Ridley Scott). Aux Etats-Unis, il est un dramaturge et un metteur en scène de théâtre réputé. Kit Carson, tout autant acteur que scénariste et producteur, a notamment participé à l’écriture d’A Bout de souffle made in USA avec François Truffaut et Jean-Luc Godard.

L’intrigue de Paris, Texas se passe au Texas et en Californie. Le tournage s’est déroulé dans ces deux états américains, et notamment à Houston et à Los Angeles, comme dans le film. Par ailleurs, le restaurant qu’appelle Travis au téléphone depuis la maison de Walt est véritablement situé à Cabazon et non à San Bernadino, quelques 45 miles plus loin.Certaines scènes furent également filmées à l’aéroport de Burbank (Californie), à celui d’El Paso (Texas), ainsi que dans le désert Mojave et au Nouveau-Mexique.

L.M. Kit Carson a co-écrit le scénario de Paris, Texas. C’est son fils, Hunter Carson, qui joue le rôle d’Hunter dans le film. Il s’agissait pour le jeune garçon de son tout premier rôle, alors qu’il n’avait que neuf ans. C’est à peine plus vieux qu’on le retrouvera en 1986 dans L’Invasion vient de Mars, de Tobe Hooper.

Wim Wenders a tourné Paris, Texas dans l’ordre chronologique, c’est-à-dire en suivant le déroulement de l’intrigue. Habituellement, les scènes d’un film sont tournées dans le désordre et l’histoire est remise dans le bon ordre lors du montage.

Sur le tournage de Paris, Texas, l’assistante de Wim Wenders n’est autre que Claire Denis. Le réalisateur fait à nouveau appel à elle pour Les Ailes du desir (1987). Par la suite, elle réalisera ses propres films. On lui doit notamment Beau travail (1999) et Vendredi soir (2001).