[Critique] Pyramide réalisé par Grégory Levasseur

Par Kevin Halgand @CineCinephile

« En Égypte, en plein désert, des archéologues découvrent une pyramide unique en son genre. En y pénétrant, ils vont affronter bien plus qu’une malédiction. Ils sont piégés au cœur d’un labyrinthe, et quelque chose les traque… »

Les found footages sont légions depuis l’avènement de sagas comme REC et Paranormal Activity. Véritables succès au box-office, rapidement rentable ces films aux petits budgets sont synonymes de réussite pour les studios américains. Cette technique de caméra embarqué est rendu célèbre par des films comme le Projet Blair Witch ou encore Cannibal Holocaust qui à cause de son réalisme a été confondu avec un snuff movie à l’heure de sa sortie. Pyramide utilise donc ce procédé visant une immersion, essentielle aux films d’horreur. Avec un budget de 6,5 millions de dollars et une distribution en salle très étrange (peu de salles aux États-Unis et une sortie 6 mois après en France), le long métrage du français Grégory Levasseur n’est pour l’instant pas une réussite économique.

Ami et associé d’Alexandre Aja, Grégory Levasseur est passé par tous les postes de la production aux côtés de son compère. Pyramide est son premier film en tant que réalisateur, le nom d’Aja portant le projet comme producteur. Débutant comme un found footage classique la caméra suit une équipe d’archéologues filmés pour la réalisation d’un documentaire, ayant tout juste découvert une nouvelle pyramide différente des précédentes trouvés en Égypte. Cette pyramide à trois arêtes semble cachée un secret (comme c’est original) et après avoir perdu le signal d’un robot envoyé pour filmer l’intérieur de l’édifice, l’équipe d’archéologues décide d’entrer explorer la chose. Beaucoup trop classique dans son écriture, les jump scares tous aussi prévisibles les uns que les autres, s’enchaînent durant la première demi-heure sans réussir à effrayer, à cause d’une ambiance sonore qui ne joue pas son rôle de déclencheur.

La caméra embarquée, censée donnée un effet d’immersion est ici inutile puisque coupée avec des mouvements de caméra classique. Pyramide, un faux found footage qui alterne entre mise en scène classique et style documentaire. On est vite perdu et une distance se créée entre le spectateur et l’action. C’est là tout le problème du film. On y croît pas une seule seconde, de ce fait, comment un film peut effrayer. La réalisation n’a donc rien d’inventif et surf sur le modèle du found footage qui ici n’est pas utilisé astucieusement comme a pu le faire le premier REC ou Chronicle. Petit budget ne rime pas forcément avec petits effets spéciaux, mais grâce à Pyramide le spectateur est servi. Avec ses CGI « cheap » à souhait, on aurait presque l’impression d’être devant un Direct To Vidéo douteux. Grégory Levasseur a la bonne idée de camoufler son manque de budget par des zones d’ombres et des mouvements de caméra réalisée de sorte à ne pas exposer directement ce qui hante cette pyramide. Un procédé qui fonctionne pendant la première demi-heure, mais peine sur la suite.

Un film d’horreur est en grande partie déterminé par son ambiance. Huit clos comparable à The Descent, Pyramide multiplie les retournements de situation sans pour autant créer une atmosphère oppressante ou simplement stressante. Les acteurs pour la plupart inconnus, jouent correctement, spécialement Ashley Hinshaw que l’on avait déjà remarquée dans un second rôle au sein du film Chronicle. Présent à la production, la patte Alexandre Aja ne se fait pas ressentir et on sent qu’il a laissé les rennes à son homologue. N’étant pas totalement une purge le film possède quelques bonnes scènes et un twist final vraiment inattendu. Mais ce ne sont que des détails qui ne justifient malheureusement pas sa place de cinéma.