Fables, retour dans les contes de fées

Par Fredp @FredMyscreens

Après plus de 10 ans de parution, il était temps de plonger enfin dans la merveilleuse série de Bill Willingham et sa vision des contes de fées dans Fables. Épique, remplie d’idées, drôle et touchante, il y a tout ce qu’il faut avec une nouvelle manière de moderniser ces personnages qui ont nourri l’imaginaire collectif. Une lecture presque indispensable !

Alors que la série a débuté en 2003 aux Etats-Unis et que les droits français étaient passés de Semic à Panini et enfin Urban Comics, il était temps de commencer la lecture de Fables après les excellents échos reçus face à une série qui a déjà une belle longévité avec son unique créateur et scénariste aux commandes. Mieux vaut tard que jamais comme on dit. Et on peut dire que la réputation de la série n’est pas usurpée alors autant en rajouter une couche ici également !

Avec Fables, Bill Willingham donne un nouveau contextes aux personnages de contes de fées. Le grand méchant loup, Blanche Neige, Pinocchio, … vivent depuis des décennies dans un petit quartier de New-York après avoir fuit leurs royaumes enchantés envahis par un ennemi redoutable nommé l’Adversaire. Ils vivent donc en communauté, à l’abri des regards indiscrets des communs et rêvant de retrouver un jour leurs terres enchantées. Après avoir mis en place ce contexte à l’occasion d’une enquête policière permettant de poser le ton et les principaux personnages dans un premier tome aux allures d’enquête, la série va rapidement évoluer pour devenir très addictive.

En effet, plus on avance dans les tomes, plus l’univers des Fables s’élargit. On découvre ensuite la Ferme où vivent les fables n’ayant pas une allure humaine et ne pouvant donc pas venir se balader en ville, puis arriveront des personnages légendaires de contes bien plus exotiques. Au fur et à mesure nous découvrons aussi de plus en plus de personnages aux caractères bien différents des contes, d’autant plus qu’en arrivant dans le monde des communs, tous ont signé un amnistie, pardonnant tous les actes passés dans les royaumes pour vivre maintenant une vie saine dans le monde des communs. On y rencontre par exemple un Prince Charmant coureur de jupon, un grand méchant loup devenu le shérif local, des problèmes de couple entre la Belle et la Bête, une Boucle d’Or terroriste, Jack (et ses haricots) arnaqueur, un Pinocchio resté au stade de gamin qui en a marre de ne pas grandir et bien d’autres qui vont se révéler dans ce monde, à travers des flashbacks ou dans leurs quêtes à venir.

Evidemment, petit à petit la menace de l’Adversaire va continuer et les Fables vont devoir y faire face. Des plans s’échafaudent, des traîtres se révèlent, des personnages la joue solo alors que d’autres se rassemblent, des batailles inattendues ont lieu… bref, Bill Willingham mène son récit de main de maître en distillant ses éléments au fur et à mesure de manière très réfléchie pour former un tout qui se tient parfaitement. Il sera difficile de trouver des failles dans son écriture tant tout s’articule à la perfection, à la fois dans l’intrigue et dans l’évolution des personnages jusqu’au tome 12 qui voit l’aboutissement de cette grande intrigue passionnante de bout en bout (nous en sommes là pour le moment dans notre lecture qui va évidemment rapidement se poursuivre)

Et après Lan Medina qui a dessiné les 5 premiers épisodes, Mark Buckingham assure depuis la relève sans failles, avec un sens du rythme bien vu, une mise en page qui nous plonge tout de suite dans l’univers des contes de fées, un trait d’une apparente simplicité tout au service de l’histoire qui met bien en valeur certaines scènes parfois épique, autant que d’autres plus intimistes.

Bref, vous l’aurez compris, Fables est une série maîtrisée de bout en bout et passionnante à suivre, à la fois pour redécouvrir ces personnages de notre imaginaire collectif d’une nouvelle manière (et bien plus intéressante et moins niaise que Once Upon a Time) et pour suivre une intrigue qui enchaîne autant du policier et du romanesque que de l’espionnage ou du récit épique et fantastique à souhait. Fabuleux !