« En plein été, dans une maison de campagne perdue au milieu des champs de maïs et des bois, des jumeaux de dix ans attendent le retour de leur mère. Lorsqu’elle revient à la maison, le visage entièrement bandé suite à une opération de chirurgie esthétique, les enfants mettent en doute son identité… »
Ich Seh, Ich Seh ou Goodnight Mommy est le premier long métrage de Severin Fiala et Veronika Franz. Après avoir fait le tour des festivals de film de genre, le long métrage autrichien arrive dans nos salles françaises le 13 mai. Armé d’un prix de la jeunesse obtenu au Festival de Gérardmer, Goodnight Mommy nous laisse espérer beaucoup. Présenté comme un thriller psychofantastique axé sur l’horreur, Ich Seh, Ich Seh est sur le papier un film d’horreur que l’ont voit rarement en salle, plus fin et avec un scénario bien ficelé.
Goodnight Mommy s’ouvre sur un plan large, deux jumeaux jouent dans un pré. Les premiers plans ont en tout point l’air d’être sortis d’une fable, et c’est comme cela que Goodnight Mommy se caractérise. L’histoire débute sur un moment de féerie, les enfants s’aventurent dans le terrain qui entoure leur maison. Visiblement seul, le retour à la réalité ne tarde pas avec l’arrivée de leur mère et le rappel à l’ordre qu’elle amène. Les réalisateurs installent directement une tension entre les jumeaux et leur mère, plan après plan, la figure maternelle étant présentée comme maléfique. Qui sait si elle est vraiment leur mère, son comportement est différent d’après les enfants, de plus elle porte un masque. La quasi-totalité des scènes est amenée du point de vue des enfants. De ce fait même si aucun lien ne nous lie à eux où à leur mère on ressent qu’elle leur est néfaste. De plus, aucun autre protagoniste n’est présent, les enfants sont seuls face à cette personne étrange et maléfique. Les plans d’ouverture ayant montré les environs, on se rend compte que cette maison est isolée, une oppression propre aux huis clos s’amorce. Ambiance très bien gérée par les réalisateurs qui font l’exploit de proposer un huis clos sans contraindre la liberté de mouvement des protagonistes, dans un premier temps. Tout est fait pour installer un climat horrifique, que ce soit dans la maison qui rappel les films de possession avec ses poupées installées un peu partout, ou les squelettes empilés dans une grotte près de la demeure, en passant par les champs de, mais à perte de vue, inquiétant.
Au fur et à mesure, la mère se dévoile un peu plus, de plus en plus effrayante. Elle renforce la part de mystère en cachant à tout prix son visage. Elle punit l’un sans punir l’autre, simule le sommeil pour les espionner, interdit les animaux et n’hésite pas à sévir avec violence.
Les réalisateurs n’hésitent pas à maltraiter les jumeaux pour obtenir une image nauséabonde de cette mère maléfique tout droit sortie d’un comte horrifique. Le long évolue alors dans une tout autre direction et rassemble les indices dispersés dans la première demi-heure. Le rythme posé s’accélère, l’angoisse grandit et on bascule dans un huis clos classique. Les interrogations se posent, victimes ou bourreaux ? Une violence psychologique, mais aussi très graphique est mise en place, rappelant Funny Game de Michael Haneke un autre thriller autrichien. Goodnight Mommy offre des scènes gores inutiles, réalisées pour prolongé l’angoisse et tomber dans le malsain, là où le reste du métrage était traité en finesse on tombe dans des scènes visuellement esthétiques, mais sur le fond très confuses. Alternant entre hallucinations, rêves et réalité, les metteurs en scène réussissent à troubler le spectateur sans pour autant y donner un sens.
Les dernières minutes du long sont bien plus intenses que le reste. Les 20 dernières minutes tiennent en haleine, brisant le huis clos. Malheureusement, le final laisse, quant à lui, à désirer. Goodnight Mommy donne un dénouement déjà vu et attendu, sans surprendre le spectateur, il annonce grossièrement sa chute, comme si la fin avait été écrite en urgence. Les réalisateurs laissent derrière eux beaucoup de questions sans réponses, laissant place à l’interprétation et l’analyse de chacun.
Avec une technique sans reproche et un scénario assez inégal, Goodnight Mommy aura le mérite d’offrir une très belle performance d’enfant acteur, une intrigue bien rythmée, mais un final décevant et mal amené.