[Critique] Everything Will Be Fine réalisé par Wim Wenders

Every-Thing-Will-Be-Fine

Everything Will Be Fine – Une claque sensorielle
de Wim Wenders.

L’histoire de trois êtres en deuil. Tomas Eldan (James Franco), écrivain éternellement torturé et en perpétuelle souffrance quitte sa pourtant si fidèle et amoureuse compagne, Sara (jouée par la magnifique Rachel Mc Adams). Tomas, désespéré, perdu, ne sachant vers quels lieux mener sa vie prend la route et percute un enfant. Le frère de Christopher, 5 ans. Le fils de Kate (Charlotte Gainsbourg). Une tragédie, en somme, qui va pourtant apporter son lot de consolation à l’écrivain en manque d’inspiration ; un succès littéraire. Seulement, il n’est pas l’unique écorché de cette histoire. Le frère du défunt enfant est étrangement fasciné par ce tueur – accidentel -. Plusieurs années plus tard, victime d’une injustice ; l’adolescent comprend que l’accident a provoqué et titillé l’imaginaire de l’auteur. Il n’aura plus qu’un objectif : pouvoir échanger de vive voix ses pensées avec Tomas, envers qui il témoigne une sympathie étonnante.

Ce film est lent, très lent. Trop lent ? Libre à chacun de choisir, chacun son camp. Ceux qui aiment la pureté, ici traitée sans égal, des sentiments transmis en prenant leurs temps. Et puis les autres qui ne supporteront pas ces longueurs.

Étonnante présence de la 3D. Pour une fois la 3D n’est pas utilisée dans le but d’en mettre « plein la vue » aux spectateurs, il ne s’agit pas d’un blockbuster aux multiples effets spéciaux. Ici, la 3D magnifie. L’on peut désormais admirer – et apprécier- la beauté des paysages (oui, l’hiver, filmé par Win Wenders, c’est beau) ainsi qu’être saisi par les émotions, frappées sur le visage des acteurs.

Le point fort du film, l’étrangeté des sentiments exprimés. Tomas est un écrivain, agaçant, presqu’horripilant. Il ne sait pas ce qu’il veut et fait souffrir son ex petite-amie. Kate (Charlotte Gainsbourg) accepte de revoir cet homme, qui a pourtant ôté la vie de son fils. Un concept qui semble inimaginable pour le spectateur. Le film repose sur les épaules de James Franco, ici usant de moues boudeuses, de regards inquiets et de poses « je suis un incompris de la société ». Plutôt intéressant, seulement, l’on ne sait jamais si l’on doit s’autoriser d’éprouver une once d’empathie à son égard, ou non. Complexe.

Une rencontre entre deux hommes, touchés par un même accident. Meurtris différemment
Mais ne vous inquiétez pas, « Everything will be fine. »

Clémence Pouletty

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