Avengers premier du nom était l’exemple même du divertissement écervelé par excellence. Bourré d’action et de scènes comiques, le tout en s’articulant autour d’un scénario simple mais efficace, Joss Whedon avait réussi son pari haut la main de terminer la Phase 1 en apothéose.
Trois ans plus tard, le réalisateur a la lourde tâche de réitérer cet exploit. Seulement voilà, entre temps, la Phase 2 de Marvel s’est installée avec fracas, et possède des arguments bien plus solides que sa grande soeur. Entre temps, le fantastique Iron Man 3, le puissant Captain America : le Soldat de l’Hiver et le très fun Les Gardiens de la Galaxie sont passés par là. Le challenge est bien plus ardu, d’autant plus que beaucoup de nouveaux personnages comptent s’intégrer pour lancer la Phase 3. Alors comment Whedon peut s’en sortir cette fois ? Va-t-il nous refaire le même coup de magie, avec une décontraction et un gigantisme transcendant ? Soyons clair, on va poutrer direct là où ça fait mal : c’est non.
Cette fois, la sauce ne prend pas. Et ce pour une seule et unique grosse raison : le film s’éparpille beaucoup trop. A tel point qu’au bout d’un certain temps, l’action d’Avengers : l’ère d’Ultron défile sans réelle saveur, sans que les spectateurs y soit complètement impliqué. Joss Whedon installe parfois de bonnes idées, mais c’est souvent maladroit, et bâcle à longueur de temps ses scènes en laissant le spectateur sur sa faim (Thor dans sa caverne mystérieuse qui va faire trempette six secondes et demi, l’apparition assez merdique d’Ultron, la scène inutilement longue au Wakanda…). Il veut trop en dire, trop en faire, et au final, le tout manque de clarté.
Il nous inflige de la poésie grotesque (viens Hulk que j’te chante une comptine), nous baratine sur des enjeux sans envergure (on va revenir sur le cas Ultron bien assez tôt), et même dans la relation du groupe des Avengers, le coeur n’y est plus : les piques de Tony Stark ne font pas toutes mouche (Robert Downey Jr. perd 2 points de Charisme au profit d’un Chris Hemsworth encore plus cool mais quasi-inexistant), la connexion entre Bruce Banner (Mark Ruffalo) et Natasha Romanoff (Scarlett Johansson), qui sort d’on ne sait où, est vraiment très mal amené, et pire que tout, aucun d’eux n’arrivent à tirer son épingle du jeu. Qu’on est affaire à un groupe et non à Iron Man et sa bande comme dans le premier film, ça pourrait être une bonne chose, certes. Sauf que non, tout le monde s’éclipse dans un récit confus et brouillon, et s’efface dans le tout numérique impressionnant mais chaotique.
Du moins, non, pas tous. Un personnage arrive à avoir une place de luxe, et tire presque la couverture sur lui dans tout ce bordel : Hawkeye. Jeremy Renner, le grand oublié d’Avengers a cette fois une vraie identité, une histoire, mais aussi et surtout deux trois répliques bien senties.
A l’inverse d’Ultron, le grand vilain de l’histoire, celui par qui on était en droit d’espérer du débat intelligent, une analyse éclairée sur l’humanité, sur le concept de paix, bref de la profondeur comme on n’en fait pas chez Marvel. Mais… Ben en fait c’est ça, on en fait pas chez Marvel. Ultron, machine créée par Tony Stark, se retourne contre son créateur et décide de sauver le monde en détruisant l’humanité. C’est bon esprit, plutôt accrocheur, et promet de grands moments philosophiques intéressants. A la place, les scénaristes se contentent de créer un personnage pathétique qui ne cherche qu’à détruire les Avengers, puis le monde, avec des phrases risibles, sans aucune consistance ni aucun sens. Et qui, de surcroît, se révèle être un piètre leader. Consternant…
C’est d’autant plus rageant car ça partait avec une bonne déculottée dès le départ : la première scène nous met dans l’ambiance sans demi-mesure, avec son lot d’action folle, d’humour désopilant, agrémenté en plus d’un joli plan séquence (même si un peu pompé à Avengers). Dès le départ, le plaisir de retrouver toute la team se lancer des vannes et castagner du méchant est évident.
La suite possède même des moments vraiment chiadés – comme ces scènes de « cauchemars » d’une totale réussite -, des passages complètement fous – à l’image de l’affrontement épique entre Hulk et Iron Man ou cette poursuite sur l’autoroute -, et surtout une ambiance plus sombre, moins festive que le premier volet.
Alors pourquoi gâcher des moments pareils avec, par exemple, les sempiternels pleurnicheries de Bruce Banner (« Je suis un monstre ! Je ne peux pas avoir d’enfant ! »… Hein ??) ou sur la pauvreté des divergences entre Ultron et La Vision (« Ultron, tu as raison, mais tu as tord en fait… » Hein ??). Le scénario est aussi con que Les Gardiens de la Galaxie, mais eux au moins ils la prenaient cool. Faut se détendre le slip les Avengers, Christopher Nolan n’est pas dans les parages, vous pouvez lâcher du leste et revenir aux fondamentaux : nous éclater !
POUR LES FLEMMARDS : La Phase 2 de Marvel ne s’achève pas en beauté : confus, bâclé, réchauffé, le déluge numérique d’Avengers : l’ère d’Ultron ne cache pas la pauvreté du récit. Et pourtant, y’a quand même des scènes qui déboîtent, bordel.
NOTE : 3/5
Bande-annonce Avengers : l’ère d’Ultron :
FICHE TECHNIQUE
- Sortie : 22 avril 2015
- Titre original : Avengers : Age of Ultron
- Réalisateurs : Joss Whedon
- Scénariste : Joss Whedon
- Acteurs : Robert Downey Jr., Chris Evans, Chris Hemsworth…
- Compositeur : Brian Tyler, Danny Elfman
- Genre : Overdose
- Pays : Amérique
- Durée : 2h21