Après 30 ans d’attente, Mad Max est de retour sur la Fury Road. Une attente justement récompensée par un spectacle dingue, une symphonie de tôle froissée et enflammée en plein désert sur grand écran et qui pousse l’adrénaline à fond pendant 2h d’images jamais vues.
30 ans ! Il aura fallut attendre 30 ans depuis le décevant Dôme du Tonnerre pour revoir enfin le Road Warrior de George Miller sur grand écran ! Après les beaucoup plus familiaux et très intelligents Babe et Happy Feet, le réalisateur australien aura mis le temps, entre les galères pour monter le projet avec un tournage presque maudit, avant de retrouver la route sauvage qu’il avait pris au début de sa carrière en compagnie de Mel Gibson. Mais Mad Max est un anti-héros intemporel, une légende du bitume australien qui peut se réinventer à n’importe quelle époque pour retracer tous les mythes de notre inconscient dans un univers post-apocalyptique qui se dessine toujours plus concrètement devant nous.
30 ans après la mésaventure avec Tina Turner, le défi du réalisateur est donc de faire encore plus fort que la course poursuite de Mad Max 2 et son univers punk barré avec l’appui du studio Warner qui lui offre toute sa confiance (et son portefeuille), justement récompensée dès les premières images diffusées au Comic Con qui on transformé ce curieux revival en blockbuster le plus attendu de l’année. Une attente monumentale qui ne nous a pourtant pas préparé à ce que nous allions voir sur grand écran pendant 2 heures !
Cette fois, ce cinglé de Max tombe sur une nouvelle communauté de cinglés dirigée par Immortan Joe. Lorsque son lieutenant, l’Imperator Furiosa le trahit en enlevant ses femmes-objets, ce dictateur asthmatique au masque plus dérangeant que Dark Vador le prend mal et part à sa poursuite avec tous ses guerriers de la route. Et le solitaire Max tombe en plein milieu de ce conflit où il devrait choisir les moins cinglés pour pouvoir survivre. Sur le papier, l’histoire digne d’un conte de fées punk-apo ne va pas bien loin et se contente d’être une énorme course-poursuite aux accents féministes qui se révèlent petit à petit. A l’écran, c’est une autre paire de manches car le scénario devient un opéra visuel enragé à couper le souffle qui a tout à gagner dans cette épure narrative, les images se suffisant à elles-mêmes pour faire passer tout ce que le réalisateur a à dire.
Fury Road porte alors diaboliquement bien son nom, les 2 premiers tiers étant une incroyable course-poursuite où s’entrechoquent autant les véhicules les plus improbables que les idées de mise en scènes pour rendre ce spectacle toujours plus fou et impressionnant dans un univers toujours aussi barré et punk qui imprime la rétine d’images choc régulièrement. Tout cela jusqu’à une courte pause permettant de développer les personnages et recentrer les enjeux puis repartir de plus belle jusqu’au final avec un sens du spectacle d’une générosité folle qui ne faiblit jamais.
Des scènes d’action inventives et toujours parfaitement lisibles délivrent du moneyshot à la seconde pour montrer qu’un blockbuster hollywoodien se porte bien mieux quand il n’est pas formaté et qu’il s’autorise un peu de sauvagerie loin des effets visuels en CGI lisses (ici, les cascades son réelles et la tôle froissée est aussi palpable que la chaleur du désert). C’est cela le coup de poing que nous assène George Miller avec l’appui d’un Tom Hardy impeccable en Max au conflit intérieur qui n’est là que pour aider, tel un chevalier servant blessé dans un monde post-apocalyptique, une Charlize Theron au charisme impérial pour asséner la plus belle baffe féministe d’Hollywood.
En fait, au risque de le survendre un peu sans trop en dire pour garder la surprise, devant ce spectacle avant-gardiste dans la droite lignée de Mad Max 2 qui aurait pris des stéroïdes, il n’y a pas grand chose à faire sinon s’accrocher à son fauteuil et récupérer sa mâchoire avant de sortir tellement l’expérience aura été forte, rapide, furieuse. C’est clair, à 70 ans passés, l’australien nous aura offert le film d’action le plus burné depuis bien longtemps et nul doute qu’il devrait bientôt servir de nouveau mètre-étalon du genre.