Du mercredi 25 mai au mardi 2 juin, Plácido de Luis Berlanga, à l’Institut Lumière

Par Journal Cinéphile Lyonnais @journalcinephil

Dans le cadre de l’anniversaire des 120 ans des premiers films Lumière, l’Institut Lumière propose un cycle « Voyage à travers 120 ans de cinéma ». C’est l’occasion de découvrir Plácido du réalisateur espagnol Luis Berlanga (Le bourreau). Avec Plácido, il nous offre une brillante comédie qui, avec un humour noir, critique l’hypocrisie de la société embourgeoisée.

Plácido a été nominé pour l’Oscar du Meilleur Film Etranger en 1962.

Les séances :  Me 27/05 à 19h – Sa 30/05 à 16h30 – Ma 2/06 à 14h30

Toutes les informations sur www.institut-lumiere.org

Plácido
 De Luis Berlanga
 Avec Cassen, José Luis López Vázquez, Elvira Quintillá
Espagne, 1961, 1h27, n&b

Date de sortie 27 mai 2015

Synopsis :  

À la veille de Noël, un industriel, roi de la cocotte-minute, organise à des fins mercantiles une campagne de charité avec pour slogan : « Invitez un pauvre à dîner pour le réveillon ! ». Défilé, starlettes et reporters seront de la partie. Pour organiser l’opération, il embauche Plácido, un humble transporteur qui doit impérativement payer la première traite du triporteur qu’il vient d’acheter avant minuit ou bien il le perdra.

La critique de Jean-Louis Bory

«Le comique espagnol possède ses couleurs propres : il ne recule pas devant l’affreux, cultive volontiers l’horrible qu’il sait marier avec le grotesque, comme il sait doser le tragique et le burlesque. Les personnages se heurtent, se carambolent comme des boules de billard, ils se marchent les uns sur les autres… On jacasse comme dans Ionesco : sans écouter ce que dit l’autre. Sans doute le film de Berlanga, comme ceux de Charlot et de Tati, comporte-t-il une moralité. Ou plutôt une morale. Elle est ici de pure constatation, comme dans La Fontaine. On peut diviser l’humanité en deux groupes : les petits, les humbles, les pauvres – et les autres, ceux qui sont du bon côté des lois et des vertus, ceux parmi qui il est « rentable » d’être fils de famille, ceux qui prient comme on prend une tasse de thé. Les rapports entre ces deux groupes, quand il y en a, se terminent toujours par la déconvenue du premier. Placido est hérissé de détails griffus. On éclate de rire sans cesser de grincer des dents – gymnastique faciale assez compliquéeJean-Louis Bory pour la revue Arts

Autour du film

Le film est un succès critique et public lors de sa sortie. Il a même été en compétition pour l’oscar du meilleur film étranger. Lors du centenaire du cinéma ibérique en 1996, Plácido a été désigné 4ème meilleur long-métrage espagnol par la profession.

Première collaboration de Berlanga avec le scénariste Rafael Azcona, Plácido est une comédie où les éclats de rire sont grinçants et l’humour tourne au noir. À la fin du film, soir de Noël, on entend cette chanson « Sur cette terre, il n’y a pas de charité, il n’y en a jamais eu, il n’y en aura jamais ! »

Luis García Berlanga

Luis García Berlanga (1921, 2010)  est considéré comme un cinéaste important du cinéma espagnol. Bienvenue Mr Marshall (Bienvenido, Mister Marshall!, 1952);  Plácido (1961), Le Bourreau (El verdugo, 1963) et La Carabine nationale (La escopeta nacional, 1978) sont devenus des classiques du cinéma mondial.

Fils d’un propriétaire foncier, Luis García Berlanga suit des études chez les jésuites à Valence et en Suisse. Lorsque la guerre civile éclate en Espagne, il s’engage dans la division Azul qui combat avec les Allemands sur le front russe. De retour en Espagne, il étudie le droit, les lettres et la peinture avant d’entrer, en 1947, à l’Instituto de Investigaciones y Experiencias Cinematograficas. Il en sort avec la première promotion, en 1949.

Considéré comme un maître par ses pairs espagnols, Luis García Berlanga est l’auteur d’une œuvre qui ne se rattache à aucune école. Les cinéphiles se souviennent de son premier film, Ce couple heureux (1951), réalisé en collaboration avec Juan Antonio Bardem, un autre monstre sacré du cinéma espagnol durant le franquiste. Suit Bienvenue, Monsieur Marshall(1952), toujours d’après un scénario coécrit avec Bardem. Cette aimable satire de la société espagnole obtient un certain succès au festival de Cannes. Puis le cinéaste est victime de la censure du régime, par exemple Les Jeudis miraculeux (1957) sont ainsi bloqués durant quatre ans.

A partir de Placido (1961), le cinéaste entame une collaboration fructueuse avec le scénariste Rafael Azcona. Ensemble, ils construisent une œuvre grinçante, anticonformiste, qui met le plus souvent en scène des personnages dérisoires bercés par l’illusion de la réussite sociale.

Le Bourreau (1963), qui ridiculise le principe de la peine de mort, connaît encore de sérieux problèmes de censure, et le cinéaste doit attendre Grandeur nature (1974) pour véritablement se relancer.

Une fois le régime de Franco disparu, Luis García Berlanga retrouve sa veine anarchiste avec La Carabine nationale (1977), fable grotesque qui ne pardonne rien aux anciennes mœurs politiques espagnoles.

« Il fut surtout le chroniqueur et la conscience, bonne et mauvaise, d’un pays souillé par les traumatismes de la Guerre (civile, 1936-39) et le notaire d’une survie collective » El Pais.

Filmographie

  • 1999 París-Tombuctú
  • 1987 Moros y Cristianos
  • 1985 La vaquilla
  • 1981 Patrimonio nacional
  • 1978 La Escopeta Nacional
  • 1974 Grandeur nature
  • 1970 Vivent les nouveaux mariés!
  • 1963 Le Bourreau
  • 1962 Les Quatre vérités
  • 1961 Placido
  • 1953 Bienvenue M. Marshall
  • 1951 Ce couple heureux
  • 1949 El circo (court-métrage)
  • 1949 Paseo sobre una guerra antigua (court-métrage)
  • 1948 Tres Cantos (court-métrage)