[Review ciné : séance de rattrapage] L’assassin habite…au 21

[Review ciné : séance de rattrapage] L’assassin habite…au 21Réalisateur : Henry-Georges Clouzot

: Pierre Fresnay, Suzy Delair, Jean Tissier, Pierre Larquey...

: Un mystérieux assassin commet des meurtres en série et laisse sur ses cadavres sa carte de visite au nom de M. Durand. Le commissaire Wens trouve une piste qui le mène a Montmartre dans une pension de famille, les Mimosas. Il se déguise en pasteur et s'inscrit comme pensionnaire.

La première moitié du 20e siècle a connu l'avènement d'un genre cinématographique très particulier, le film policier, un genre qui a encore du succès aujourd'hui malgré ses importantes évolutions. Parmi les chefs d'oeuvres du genre, l' " assassin habite... " a su s'imposer, lui et son style.

La plupart du temps, on regarde un film policier pour son intrigue, mais je vais plutôt commencer par aborder un point essentiel, la réalisation du film. Pour bien apprécier la mise en scène de ce dernier, il faut se mettre dans l'état d'esprit de l'époque : le cinéma n'a alors même pas une cinquantaine d'années et le son ne lui est attribué que depuis seulement environ 15 ans. Ainsi, on est époustouflés lorsque le film s'ouvre sur un long plan séquence suivi de près par un mystérieux plan en vue subjective. D'autres petites techniques visuelles sont mises en oeuvre, telles que le plan de l'ombre d'un suspect portée sur un mur lorsque le détective lui demande de se dénuder. Le montage lui aussi est très bien exploité, notamment lors de la scène où la chanteuse, pendant qu'elle chante, se rend compte de l'origine des meurtres.

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L'intrigue, quant à elle, est rondement bien menée, riche en rebondissement, en doutes, le tout menant à un final imprévisible (qui inspirera un slasher américain bien connu de tous). Les scénaristes (Clouzot himself et S.A. Steeman, l'auteur du roman servant de base au film) se sont même permis une touche d'humour qui fait toujours mouche et qui ne vient jamais nuire à la dramaturgie et à l'intrigue. La courte durée du métrage (1h20 !), montre bien à quel point le scénario est concis et efficace, jamais trop lent, jamais expédié, le tout est rudement bien dosé.

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Cette sorte de Cluedo (7ans) avant l'heure prend les choix les plus judicieux pour ce qui est du lieu et des personnages. Choisir une pension assure une proximité entre les suspects et le commissaire mais aussi une certaine intimité et une variété de tableaux grâce aux petites chambres des pensionnaires. Le nombre de suspect est aussi idéal et l'évolution des événements nous permet de déterminer notre coupable potentiel. Cette palette de personnages est vraiment vaste d'un point de vue psychologique et leurs relations au sein de leur microcosme qu'est la pension s'avèrent vraiment cocasses et suffisamment développées. Tous les acteurs sont bons (voir excellent, comme Pierre Fresney et Jean Tissier) et aucun suspect n'est plus exploité qu'un autre, ce qui rend l'enquête d'autant plus difficile à résoudre.

Si je devais conseiller un film policier aux personnes réticentes à l'idée de voir un " vieux " film 4:3 en noir & blanc, ce serait bien " l'assassin habite...au 21″, un film aux relents british dans la lignée des romans d'Agatha Christie, un chef d'oeuvre incontournable.

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