Réalisateur : Thomas Vinterberg
Casting : Hennig Moritzen, Ulrich Thomsen,Thomas Bo Larsen, Paprika Steen...
Synopsis : Pour ses 60 ans, Hegel a réussis à rassembler sa famille, dont certains membres étaient brouillés, dans sa grande demeure. Lorsqu'il demande à son aîné Christian faire un discours sur sa soeur, qui s'est récemment suicidée, il ne se doute pas de la révélation qu'il va faire sur son enfance...
Interdit aux moins de 12 ans
Premier film du mouvement très sobre Dogme95 (fondé par Lars Von Trier et Thomas Vinterberg), Festen s'est forgé une belle réputation chez les cinéphiles (et toujours pas de restauration...). Dans le cadre d'un devoir de philo, j'ai eu l'occasion de voir ce film extrêmement dépaysant.Ce qui saute aux yeux dès les premiers plans, c'est cette réalisation vraiment improbable. Honnêtement, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans le film mais, une fois que j'ai compris ses intentions, j'en suis tombé amoureux. Mais qu'est-ce qu'elle a cette fameuse réalisation ? Et bien, elle n'est en rien conventionnelle (et je ne parle pas uniquement de films grands publics en mentionnant " conventionnelle "). En effet, les plans en biais se succèdent, les mouvements de caméra sont amples, elle avance et recule parfois, utilise un zoom saccadé, les plans séquence sont légions... Cela ne vous dit rien ? Vraiment ? (Enfin là je fait comme si vous n'aviez pas compris mais peut-être que si en fait) Et si je vous dit " film de famille " ? En fait, ce film est un film de famille déguisé, tous les mauvais cadrages sont en fait étudiés. Cette réalisation, qui au départ m'empêchait d'entrer dans le film, se révèle finalement très immersive.
Bien sûr, le réalisateur n'a pas tout misé sur sa réalisation et c'est ce que nous fait sentir la caractérisation des personnages. Cette vaste famille est composée de personnes aux caractères divers et variés. Tout en restant dans certains standards habituels (ce qui amplifie l'identification du spectateur à certains personnages) les protagonistes sont vraiment tous très intéressants : du connard macho égoïste à l'homme d'affaire secret, en passant par la femme active tailleur/lunettes de soleil. Leurs relations servent une intrigue très intéressante et surprenante. Le climat est de plus en plus tendu, la violence d'abord morale puis physique monte crescendo, les liens se déchirent, les révélations fusent, jusqu'à un final plus posé mais justifié. Le spectateur est pris dans le combat de Christian, victime d'atrocités, qui s'avère très prenant puisqu'en constante évolution. Et pour couronner le tout, chaque acteur est génial dans son rôle.
Le mouvement du Dogme95 s'ouvre ainsi avec un film sobre mais original, sentimental mais dérangeant, un chef d'oeuvre.