Cette semaine débarque dans nos salles Goodnight Mommy, l’un des grands vainqueurs de la dernière édition en date du festival international du film fantastique de Gérardmer. En effet, le premier long-métrage du duo autrichien Veronika Franz/Severin Fiala est reparti des Vosges avec le prix du jury jeunes et le prix du jury Syfy. Le film est-il pour autant à la hauteur de sa réputation ? Rien n’est moins sûr…
Produit par le cinéaste Ulrich Seidl (époux de Veronika Franz), le film relate l’histoire de trois personnages : deux jumeaux de dix ans et leur mère, convalescente suite à une opération de chirurgie esthétique. Suite à son retour de l’hôpital, elle semble froide et différente, les deux jumeaux vont alors tout faire pour découvrir s’il s’agit bien de leur vraie mère. Un postulat de départ intéressant pour un film qui l’est hélas beaucoup moins. Le tandem Franz/Fiala parvient à installer une atmosphère froide et étrange, semant habilement le doute dans l’esprit du spectateur, contraint, comme les deux jumeaux de se méfier du personnage de la mère. Le mystère autour de la mère est intelligemment pensé, forçant le spectateur à projeter un visage sur ces bandelettes blanches. Malheureusement, le film opte pour un parti pris de mise en scène agaçant et exagérément poseur qui finit par se mordre la queue très rapidement. Les séquences interminables se succèdent, sans jamais rechercher l’implication émotionnelle de son spectateur : Goodnight Mommy empile ainsi les symboles sur-signifiants avec la finesse d’un pachyderme, à tel point qu’il ne faille pas plus de trois minutes de métrage à ce dernier pour découvrir le twist final.
Lorsque la révélation finale s’avère être ce que l’on avait compris dès les premières minutes, le film laisse un désagréable goût de foutage de gueule. Contrairement aux premiers films de M. Night Shyamalan, dans lesquels le twist final invite toujours le spectateur à reconsidérer entièrement ce qu’il vient de voir, Goodnight Mommy lui, ne repose au final que sur un concept vain et ultra-rabâché, paresseux et faussement provocateur. Persuadés d’avoir quelque chose de brillant à nous exposer, Franz et Fiala se perdent dans un pensum glacial et profondément désincarné, qui finalement effleure à peine les thématiques qu’ils pensaient brillamment disséquer. Le refoulement, la relation-mère fils, la folie, tant de pistes intéressantes hélas diluées dans un vortex pseudo-auteuriste assommant de prétention. Comme si les deux cinéastes n’avaient plus rien à raconter, le film dérive petit à petit vers le torture-porn bas du front et racoleur, étirant à outrance des séquences ridicules et tout sauf dérangeantes.
Jamais touchant, jamais fascinant et surtout jamais angoissant, Goodnight Mommy ne déroge finalement pas à la règle qui voudrait que « plus un réalisateur pense son film, moins son film pense » ! Le film débarque dans nos cinémas mercredi prochain.