De: David Nicholls.
Genre: Mi aime a ou / Kriyé/ Bat’in karé / Dalon / Kas’ la blague.
Quatrième de couverture des Éditions Belfond : 15 juillet 1988. Emma et Dexter se rencontrent pour la première fois. Tout les oppose, pourtant ce jour marque le début d’une relation hors du commun. Pendant vingt ans, chaque année, ils vont se croiser, se séparer et s’attendre, dans les remous étourdissants de leur existence. Un conte des temps modernes où la splendeur d’aimer a fait chavirer le monde entier.
« Un petit bijou d’humour narquois, une comédie chaplinesque où les cœurs battent à retardement, sous la bourrasque des désillusions. »
André Clavel, L’Express
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SPOILERS POSSIBLES
Quand j’ai commencé ce livre, j’avais encore en tête le film si bien que les visages de Jim Sturgess et d’Anne Hathaway se sont superposés naturellement à celle de Dexter et d’Emma. Et, je dois dire avant de poursuivre que les deux acteurs ont été très bien choisis. C’était presque une évidence j’ai envie de dire.
Après la vision du film, je vous avais préparé une critique sauf que j’ai égaré la feuille sur laquelle je l’avais écrite. Cela dit, je me souviens que je disais en préambule un truc du genre: » Décidément, je déteste les vélos et les plans larges ». Cette scène m’a marquée je dois dire d’autant qu’on la pressent depuis le début et qu’on a cette épée de Damoclès sur la tête durant tout le film. Naïvement, j’avais envie de croire qu’il en serait autrement dans le roman mais quitte à choisir, je préfère lire la scène que la revoir à nouveau.
L’important, c’est d’avoir du courage, du culot et d’arriver à changer les choses. Pas le monde entier, bien sûr, mais celui qui m’entoure… Faut que je me jette dedans avec ma mention très bien, mon double cursus, mon enthousiasme, ma nouvelle machine à écrire Smith Corona, et que je travaille comme une dingue pour… pour faire un truc qui change la vie des gens, peut-être ? Oui. Écrire, par exemple. Écrire des choses magnifiques.
( Un jour, David Nicholls)
C’est impossible pour moi de faire cette critique sans comparer le livre au film. Il est évident qu’il y a toujours des différences et des ressemblances. Là où le livre de 621 pages (qu’on ne voit pas passer!) s’étend, le film lui se concentre sur quelques événements. Selon moi, l’adaptation cinématographique a restitué le » meilleur », l’essentiel de Dexter et d’Emma.
Au contraire, le livre nous offre sans retenue les pensées de Emma et de Dexter au fil des années. Leurs réussites professionnelles et personnelles comme leurs désillusions. L’œuvre ne s’attarde pas uniquement sur l’angle amoureux. En effet, il décrit presque tout une génération dans une certaine Angleterre; et aussi, un certain âge. Celui où on croit que tout est possible, impression galvanisée par son diplôme de fac en poche et prêt enfin à conquérir le monde. Une Angleterre plein de promesses et de possibilités mais qui très vite montre son vrai côté. Emma va en faire d’ailleurs l’amère expérience.
Emma, Emma que dire……je l’ai adoré! Si fragile, si sensible si naïve aussi. Je me suis beaucoup reconnue en elle. Le lecteur s’attache vraiment à ce » petit bout » de femme engagée, révoltée qui laisse peu à peu la place à une femme désenchantée. Et puis, avec le temps comme une fleur, elle arrive à trouver un équilibre et à s’épanouir. Elle qui avait tant douté elle qui pourtant avait toujours fait tout comme il faut. Devant mes yeux, je l’ai vu grandir et j’ai mesuré le chemin qu’elle a parcouru mais pas uniquement le sien. Le mien aussi et celui qui me reste à faire. Son histoire, sa façon d’être et sa gaucherie ont trouvé écho en moi certainement parce qu’à un moment donné, j’ai été elle tout simplement. Et, il est évident aussi que j’aurai craqué aussi pour Dexter. D’ailleurs, j’ai connu quelqu’un qui lui ressemblait beaucoup…
Les grands moments de notre vie ne sont pas toujours immédiatement perceptibles : il peut arriver qu’on en mesure l’importance sur-le-champ ; mais il arrive aussi qu’ils surgissent du passé, bien des années plus tard. Il en va peut-être de même avec les gens.
( Un jour, David Nicholls)
Ah, Dexter Dexter! Comment ne pas t’aimer toi aussi malgré ton arrogance et ta lâcheté. Insouciant et épicurien dans l’âme, tu te soucies de pas grand chose si ce n’est de ta propre personne. Mais, quelque part cette instabilité, ce besoin incessant d’être en mouvement, entouré me fait dire qu’au fond de toi tu as peur toi aussi. Peur de te retrouver seul, peur surtout de te retrouver seul face à toi-même. Alors, tu cours, tu bois, tu fumes et tu couches espérant déjouer les pièges du temps. Et, tu te persuades gros bêta qu’Emma n’est rien d’autre qu’une amie ( la seule que tu aies jamais eu soi dit en passant!) alors qu’il est évident que c’est la femme de ta vie. Celle qui t’élève, celle qui te rend meilleur et qui te révèle à toi-même. Mais, une fois encore, tu préfères brûler la vie par les quatre bouts; tu préfères la facilité. Et puis, un jour, tu vas te réveiller et t’assagir, et réaliser enfin qu’Emma c’est le genre de fille qu’on rencontre une fois dans sa vie. C’est le genre de fille qu’on épouse et qui devient la mère de nos enfants. C’est celle avec qui on décide de passer le reste de sa vie avec. Oui, Em+Dex ou Dex+Em, c’est vraiment une addition gagnante.
Je sais c’est un peu bizarre ma chronique comme si finalement Em et Dex existaient pour de vrai. Et, ça l’a été dans mon esprit du moins ou si vous préférez dans une réalité parallèle. Je ne peux ou/et ne veux en dire plus car ce roman m’évoque des choses personnelles, des choses qui me ramènent à mes propres choix et à mes propres questionnements. Donc, je garderai une partie de tout ça rien que pour moi si vous le voulez bien (ou pas).
Un jour n’est pas seulement une histoire d’amour c’est l’histoire de deux êtres. Deux personnes avec leurs propres déchirures et démons, leurs forces comme leurs faiblesses. Tantôt, la vie les malmène tantôt elle les offre ( et nous offre par la même occasion) des purs moments de grâce, de magie et de poésie.