Plus de 20 ans après le film mythique de Steven Spielberg, le parc rouvre (ou plutôt « ouvre ») enfin ses portes avec un quatrième opus pour le moins attendu. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis le troisième opus, et les producteurs ont vu en ce projet le potentiel de s’adresser à la fois à un jeune public non-familier de la franchise et aux grands nostalgiques désireux de retrouver la magie de Jurassic Park. Était-ce la bonne solution pour ressusciter cette franchise en hibernation depuis presque quinze ans ? Verdict…
Une nouvelle fois, le film contracte l’un des principaux virus qui contaminent Hollywood à l’heure actuelle : la nostalgie. Un virus qui annihile lentement toute énergie, où l’hommage inoffensif prend le pas sur la créativité. Ainsi, Jurassic World reprend les grands motifs du premier film, sans jamais chercher à les réactualiser ou à en proposer une relecture intéressante. Vous comprenez, ça risquerait de vexer les fans du film original ! Le film passe son temps à citer son aîné, allant même jusqu’à calquer quelques plans ou à réutiliser certains archétypes des personnages. Là où Mad Max : Fury Road réinvente la mythologie d’une célèbre licence cinématographique pour proposer un spectacle brillamment moderne, Jurassic World lui, ne fait que surfer sur le succès de la franchise et se limite finalement à un simple produit fan-service de bas étage. En ne s’émancipant jamais de son modèle, Colin Trevorrow se retrouve complètement écrasé sous le poids de son héritage, et évidemment, son film ne supporte jamais la comparaison avec ce dernier. De plus, Trevorrow se prend les pieds dans le tapis, en essayant par moments de renouveler son propos (en montrant que l’homme peut dominer son environnement) tout en collant à la thématique centrale du premier film, la théorie du docteur Ian Malcolm selon laquelle l’homme ne peut aller à l’encontre du sens de la nature. Le plan final, que l’on ne dévoilera pas ici, résume à lui seul tout l’aspect contradictoire du film. La magie, l’énergie et l’émerveillement du film de Spielberg ont laissé place à un objet sans âme, dont la seule ambition semble réduite à nourrir la nostalgie de son spectateur, à grands coups de clins d’œil complices et de « plans-hommages » douteux. C’est à se demander si Steven Spielberg et Frank Marshall ont vu le film qu’ils ont produit…
Résulte de cette mascarade un remake à peine déguisé de Jurassic Park, d’une paresse et d’un cynisme proprement terrifiants. Un objet insignifiant et désincarné de plus dans le paysage hollywoodien…