genre: horreur, gore, trash, extrême (censuré, interdit aux - 18 ans)
année: 1999
durée: 1h27
l'histoire : Deux ex-soldats de l'armée russe, prisonniers dans un goulag, qui attendent leur exécution, deviennent les victimes de jeux sadiques de la part de leurs bourreaux.
La critique :
En 1976, Pier Palo Pasolini sort une véritable bombe au cinéma. Son nom ? Salo ou les 120 Journées de Sodome. Evidemment, ce film scandale va inspirer bon nombre de réalisateurs, entre autres, Gaspard Noé. Mais aussi Srdjan Spasojevic avec A Sebian Film. Vient également s'ajouter The Green Elephant, réalisé par une certaine Svetlana Baskova en 1999.
Il s'agit donc d'un film russe qui déclenchera un énorme scandale lors de sa présentation au Festival de Rotterdam la même année. Ce sera sa seule et unique projection. En effet, lors de cette même projection, The Green Elephant provoque la nausée, la fuite voire même des vomissements de la part de certaines personnes présentes dans la salle.
Svetlana Baskova est carrément bannie de son pays et son film est interdit dans le monde entier. Paradoxalement, tous ces faits concourent à la popularité du film. Les fans du cinéma trash et extrême se précipitent dessus. Si le long-métrage est introuvable en vidéo, il est néanmoins visible et disponible sur Youtube. Donc, avis aux amateurs...
C'est d'ailleurs sur la Toile que The Green Elephant va se tailler sa réputation de film trash et extrême. Visiblement, le long-métrage divise l'opinion sur certains forums. D'un côté, il y a ceux qui crient au chef d'oeuvre et au coup de génie. De l'autre, il y a ceux qui le vitupèrent, l'admonestent et le rejetent en bloc.
Autant le dire tout de suite : j'appartiens clairement à la seconde catégorie. The Green Elephant constitue le second film de Svetlana Baskova. Il a été réalisé avec très peu de moyens, soit la totalité d'un SMIC albanais, en l'occurrence 200 euros de budget (pour être précis). Munie d'un camescope numérique, Svetlana Baskova fait appel à ses amis (la plupart serait des artistes...) pour réaliser ce projet farfelu.
Le scénario est de facture simpliste et se résume en deux petites lignes. Attention, SPOILERS ! Deux ex-soldats de l'armée russe, prisonniers dans un goulag, qui attendent leur exécution, deviennent les victimes de jeux sadiques de la part de leurs bourreaux
Pourquoi The Green Elephant a-t-il provoqué un tel scandale au moment de sa sortie ? Est-ce parce qu'il dénonce les conditions sordides des prisonniers dans les goulags ? La réponse est négative mais tient essentiellement dans les vingt dernières minutes du film. En effet, le long-métrage nous propose alors une véritable boucherie dans les règles avec des scènes explicites de scatophilie, de coprophilie, de nécrophilie et de viol homosexuel. C'est aussi lors de ce final grotesque et vulgaire qu'un officier prisonnier parvient à souffler dans l'oesophage de son bourreau et imite l'éléphant en barrissant.
D'où le titre du film... En plus, comme la réalisatrice utilise des couleurs vertes et ignobles pour filmer cette merde... pardon... ce truc... Vous obtenez ainsi l'intitulé de cette bouse, donc The Green Elephant.
Encore une fois, impossible de ne pas songer à Salo ou les 120 Journées de Sodome. On retrouve peu ou prou le même concept, à savoir des prisonniers qui vont servir de menu fretin à leurs boureaux et à leurs fantasmes morbides et sexuels. Sauf que Svetlana Baskova n'est pas Pier Paolo Pasolini et que The Green Elephant n'est pas Salo. Bien sûr, les vingt dernières minutes du film sont insoutenables, choquantes, cruelles et d'une barbarie sans nom.
Paradoxalement, The Green Elephant ne parvient jamais à déranger et/ou à provoquer la moindre empathie pour ses personnages. Pire encore, il ne dénonce absolument rien. On ne relève aucune réflexion ou volonté de critiquer les goulags.
Dommage car la réalisatrice possède pourtant un sujet en or, tabou et rarement abordé par le cinéma. Ainsi, la première heure du film se résume à une sorte de huis-clos où deux officiers sont claquemurés dans une prison sordide. Durant cette première heure, il ne se passe strictement rien, mais alors rien du tout ! C'est le néant total ! Ah si, à un moment donné, l'un des deux prisonniers se gratte le nez.
On le voit aussi déféquer et renifler ses rejets... Tout un programme ! Comme quoi, il ne suffit pas de montrer du sang, du gore, du sexe et des séquences de barbarie explicites pour dénoncer quelque chose. Malsain, crade et outrancier, The Green Elephant l'est. Assurément. Pourtant, le film passe totalement à côté de son sujet. Enfin, la réalisation aussi amateure que ses interprètes n'aide pas vraiment le film à décoller, ni à se démarquer parmi les nombreux films extrêmes, visibles ou non sur la Toile.
Côte: Navet