Quand les créateurs de Matrix ont toute liberté pour créer une série télé pour Netflix, cela donne forcément une nouvelle oeuvre originale, dense et aux ramifications diverses. Quelque chose d’unique très fortement marqué par l’identité de ses créateurs, Sense 8.
Ainsi, un flic de Chicago, une DJ islando-londonienne, un acteur latino, un conducteur kényan, une femme d’affaire coréenne, un cambrioleur allemand et une indienne qui subit un mariage forcé sont lié par leurs émotions et peuvent, au fur et à mesure qu’ils apprennent à maîtriser et à accepter leur nouvelle condition, entrer en contact et faire appel aux capacité de certains d’entre eux. Il vont ainsi s’entraider pour se sortir de situations difficiles dans chacune de leur vie. Le concept n’est pas forcément facile à appréhender dans un premier temps mais les choses s’installent en douceur pour en déceler toute la portée.
En effet, sur les 12 épisodes de la première saison, il faudra attendre le 8e pour que les choses commencent à bouger. Le premier acte sert surtout d’introduction pour nous présenter les différents personnages et nous attacher à eux. Et cela fonctionne très rapidement. Même si certains profils semblent parfois superficiels dans leur caractérisation, il faut tout de même reconnaître aux Wacho de sortir des sentiers battus en proposant une véritable mise en avant de personnages d’habitude en marge comme Nomi, transsexuelle, à qui on s’attache comme tout le monde. Et même si on peut les trouver cliché, on dépasse rapidement cette superficialité pour s’intéresser vraiment à leur conditions avec l’envie de les voir se développer et devenir pour certains des personnages très forts. C’est sans doute là que l’on verra la patte de Straczynski tant tout le reste de l’écriture porte l’empreinte des créateurs de Matrix.
Le second acte fera un peu bouger les choses en changeant petit à petit le quotidien de ces personnages tandis que le troisième fera enfin bouger les choses avec une mystérieuse organisation qui recherche ces « sensitifs» . Mais tout cela reste une grande introduction qui prend son temps, sans grands enjeux pour l’instant si ce n’est rassembler les personnages, faire en sorte qu’ils développent un esprit commun. Et c’est bien vers cela que se développe la série pour l’instant, laissant de multiples pistes ouvertes pour la suite.
Originale, Sense 8 l’est aussi dans son traitement, offrant de nombreuses scènes que l’on ne voit jamais au cinéma ou à la télévision avec des instant magnifiques, d’autres qui frôlent parfois le ridicule sans tomber dedans. Ainsi nous avons droit à un parfait et émouvant moment de communion autour du What’s up des 4 Non Blondes qui a de quoi coller des frissons alors que quelques instants plus tard viendra l’une des plus belles orgies psychologies qu’on ai vu ou une série de 8 accouchements simultanés aux quatre coins du monde. Avec cette mise en scène léchée et portée par une BO en parfaite adéquation avec les images donnant à Sense 8 encore plus de personnalité, la série réunit vraiment tous les ingrédients pour être unique et d’une qualité irréprochable.
Mais en plus, elle continue de développer les idées des Wachowski qui continuent de faire le parallèle avec notre monde connecté et en même temps solitaire, allant encore plus loin que les réseaux sociaux actuels pour lier des personnes. Et ils ajoutent à cela une dimension complotiste et quelques réflexions philosophiques new age parfois simplistes, parfois plus complexes qui continuent de parfaire l’originalité du show ancré dans notre monde et les problématique d’actualité que l’on a bien envie d’explorer davantage. Bref, Sense 8 est bien une série qui divisera comme tout ce qu’on fait les Wachowski, mais c’est bien cela qui est intéressant.