[dossier] 1985 : c’était comment le cinéma il y a 30 ans ?

INTRO Dossier 1985

Des blockbusters à tire-larigot, des futurs chefs-d’œuvres, de cuisants échecs au box-office, ou carrément de grosses bouses : le cinéma de 2015 promet d’être captivant, mais finalement, de quoi se souviendra-t-on dans 30 ans ? En 2045 (ouais ça fait mal !), beaucoup de films vont finir aux oubliettes, tandis que d’autres auront peut-être un fort impact sur la culture de demain. Ce qui, finalement, nous a amené à se poser une simple question : que s’est-t-il passé en 1985 ?


C’EST QUOI 1985 ?

1985 Bannière

Comme toutes les autres années, le cru 1985 a aussi eu ses événements mondiaux, plus ou moins marquants, mais forgeant irrévocablement notre histoire. Par exemple, c’est cette année qu’a eu lieu le tout premier Wrestlemania – un show démesuré dans le monde du catch – qui offre encore aujourd’hui de folles représentations ; que l’épave du Titanic a été retrouvé par un certain Robert Ballard – non, James Cameron était occupé en ce moment précis à préparer Aliens, le retour gros malin – ; ou encore que Matt Pokora est né… Oui bon voilà, important ou pas, ça montre à quel point le temps passe vite, et qu’on en oublie à quel moment précis toutes ces choses incroyables se sont passées.

Pour l’exemple, et pour resituer l’ambiance des eighties, faisons une étape musicale avec Elton John, Madonna, Huey Lewis, Dire Straits, Wham!, Phil Collins, et autre A-Ha dans ce qu’il semble être le meilleur des musiques des années 85.

Finalement, c’est le même souci avec le monde du cinéma. Qu’est-ce qui est sortie cette année-là ? Quel long-métrage a été récompensé ? Qui a survécu aux affres du temps ? Ceux qui y ont vécu ne s’en souviennent peut-être que vaguement, les autres connaissent sûrement des chefs-d’oeuvre de 1985, sans vraiment le savoir. Alors pour le fun, on va se remémorer tout ça. Un petit « retour vers le passé » dirons-nous…

Pour info, n’en déplaise à certains, ce dossier va aborder quasi-exclusivement le cinéma américain, car c’est celui qui nous a principalement forgé dans notre jeunesse. Et pour tout vous dire, le cinéma grecque ou yougoslave d’aujourd’hui, on s’en carre un peu les roustons, alors celui d’il y a 30 ans…


AVÉ CÉSAR, FILE-MOI UN OSCAR !

Trophée oscar-césar

Les traditionnels cérémonies des Oscars (57ème) et des Césars (10ème) étaient déjà présentes dans le monde cinématographique, récompensant le meilleur des meilleurs, la crème de la crème en terme de long-métrage. En 1985, les académies respectives ont donc attribué leurs trophées aux meilleurs de 1984.

Amadeus posterAux Etats-Unis, c’est Amadeus qui remporta pas moins de 8 statuettes, dont celles de Meilleur Film, Meilleur Acteur pour FF. Murray Abraham, ou encore Meilleur Réalisateur pour Milos Forman. Une consécration pour ce dernier puisqu’en 1976, il avait déjà fait un carton (et récupérer une première statue) avec Vol au-dessus d’un nid de coucou. L’actrice qui emporta l’Oscar était Sally Field (tante May dans The Amazing Spider-Man) pour Les saisons du cœur, son deuxième elle-aussi.

Les ripoux affEn France, c’est un tout autre registre qui fut à l’honneur avec la victoire du film Les Ripoux de Claude Zidi, à qui on a également décerné le César du Meilleur Réalisateur. Cette année-là, c’est Alain Delon (Notre histoire) et Sabine Azéma (Un dimanche à la campagne) qui ont été sacré Meilleur Acteur et Actrice. A noté que le Meilleur Film Etranger fut… Amadeus !


LES BANKABLES DU MOMENT

AS 85

Chaque génération possède son lot de génies, de mauvaises graines ou de gros baltringues. Les années 80 ne déroge pas à la règle, bien au contraire : certains cinéastes sont aujourd’hui considérés comme des précurseurs, des légendes adulés, quand d’autres sont tombés dans l’oubli (ou mort en fait…). Robert Zemeckis, Steven Spielberg, George P. Cosmatos, Sylvester Stallone, Richard Donner, Mark L. Lester, Ron Howard, Peter Weir… tout un florilège de noms plus ou moins connus, mais tous maîtres du box-office 1985 !

Dû soit à leur talent, soit à la star du moment qu’ils avaient dans leur manche (ou un peu des deux aussi) : Harrison Ford, Michael J. Fox, Roger Moore, ou bien encore les indétrônables de cette époque, Schwarzenegger et Stallone. La recette du bankable était bien entendu déjà en place – un nom vaut un minimum certain de recettes -, mais la guérilla qui venait à peine de s’installer entre ces deux mastodontes devait forcément attirer toutes les attentions. Et de leur match, cette année-là, ressort un gagnant.


BALBOA VS MATRIX

Rocky vs Commando

Du côté droit, on a un buffle au nom super chiant à écrire, Arnold Schwarzenegger, d’origine autrichienne mais naturalisé américain en 1983, âgé de 38 ans, qui sort pas moins de deux films, dont un qui pèse très lourd dans la balance : Commando (c’est celui-là) et Kalidor (donc pas celui-là). Schwarzenegger (vive le copier/coller) est une grosse star depuis très peu de temps, puisque le film qui l’a propulsé à ce rang-là s’appelle Terminator, et sa sortie date de… 1984 (mais avril 85 chez nous) ! Tout nouveau, tout beau, même si des fans l’adulent déjà pour son rôle de Conan, deux films sortis en 1982 et 1984.

Du côté gauche, Sylvester Stallone, dit l’Etalon itlalien, n’a rien a envier à son concurrent, bien au contraire. D’un an plus vieux, Stallone est loin d’être un inconnu puisque sa filmographie compte déjà quelques gros succès. Parmi eux, deux héros légendaires : Rocky Balboa (déjà trois films) et John Rambo (le premier volet seulement). Pour 1985, les armes lourdes sont de sortis car l’acteur s’installe lui aussi avec deux films, et pas des moindres : Rambo 2, la mission et Rocky 4 ! D’autant plus qu’avec ce Rocky, il réalise son quatrième long-métrage.

Une victoire par K.O. donc, car si Commando est un défouloir de la pire espèce (donc brillant !), Kalidor ne fait franchement pas le poids face à l’aura que porte le quatrième combat de Rocky et la deuxième guerre de Rambo. Hasta la vista Baby !


À L’EST, RIEN DE NOUVEAU

Le Retour du Chinois gros gun

En Asie, Jackie Chan est déjà une star à cette époque. Mais en amérique, c’est une autre histoire… Pour l’acteur, les années 80 font partie de son meilleur cru, sauf peut-être 1985 justement. Il sort cette année pas moins de cinq films, dont l’un reste l’un des plus mémorables : Police Story. Mais c’est aussi à ce moment précis qu’il décide de percer aux Etats-Unis.

Le Retour du chinois est le deuxième film américain où Jackie Chan tient le rôle principal (le premier est Le Chinois, sorti en 1980), mais les mésententes perpétuelles avec la production et le fiasco du long-métrage l’oblige à abandonner ce rêve. Complètement dégoûté de son expérience, il ne reviendra qu’en 1998 avec le succès planétaire Rush Hour. Ses autres sorties sont First Mission (une sorte de Rain Man asiatique… on a bien dit « une sorte »), Le flic de Hong-Kong et Le flic de Hong-Kong 2 (deux comédies où il n’est pas l’acteur principal, au profit de son meilleur ami de l’époque Sammo Hung).


ET DOLPH LUNDGREN DANS TOUT ÇA ?

ABS Bannière

« C’est bien beau tout ça, mais où sont passés les autres gros durs ? Mel Gibson ! Bruce Willis ! Steven Seagal ! Chuck Norris ! Jean-Claude Van Damme Dolph Lundgren !!! » Dolph Lundgren ? Sérieux ? Bon, minute papillon ! Déjà, on dit s’il te plaît, et surtout y’a deux trois détails à éclaircir.

Par exemple, en ce qui concerne l’acteur qui a donné vie à John McClane, sachez que Piège de cristal est sorti en 1989 ! Donc certes Bruce Willis n’était plus dans les baloches de son papa depuis belle lurette (30 ans très exactement), mais n’était pas non plus l’exemple même de la badass-attitude : il commençait à peine la première saison (sur cinq au total) de la série pseudo-romantique qui l’a fait connaître, Clair de Lune. Donc exit pour lui.

Pour ce qui est de Van Damme, il en était au début de sa carrière, et sa renommée arrivera en 1988 avec Bloodsport (dont le remake est prévu pour bientôt). D’ailleurs, c’est cette même année que Steven Seagal débarque avec son premier film, Nico. Quant à Lundgren, on le fait pour te faire plaisir, mais si tu suivais un peu, tu saurais qu’il était à l’affiche de Rocky 4 en ennemi impitoyable de Stallone. Content ?

Chuck Norris, lui, n’est jamais absent. Il sort cette année-là trois films ! Portés disparus 2, qui donnera lieu à un troisième opus en 1988, Sale temps pour un flic, et enfin Invasion USA, ce fameux film où Chuck balance avec subtilité et délicatesse à un méchant une réplique… goûtu, dirons-nous…

Mad Max 3 affiche frEn ce qui concerne Mel Gibson, l’acteur allait débarquer dans deux ans avec le très célèbre rôle de Martin Riggs pour la saga L’arme fatale, mais 1985 était marqué par le retour de Max Rockatansky dans Mad Max : au-delà du dôme du tonnerre, le troisième opus réalisé par George Miller. L’acteur australien avait d’ailleurs accepté cette suite à une condition : que le film soit plus familiale que les précédents. Bien lui en a pris ? Pas vraiment… De la violence macabre qu’ont connu les fans de l’époque avec Mad Max et Mad Max 2, ils se sont retrouvés avec une aberration sans nom, où le héros se retrouve à faire du baby-sitting. On imagine qu’après avoir vu le film en salles, la pilule a dû très très difficilement passer pour eux. Espérons que les aficionados de la première heure aient excusé le réalisateur grâce au splendide Mad Max : Fury Road.


LES SAGAS NE MEURENT JAMAIS

Dangereusement votre ban

Outre Rocky, Rambo et Mad Max, trois grosses licences qui vivent encore grâce aux suites (Rambo 5 et Mad Max 4) et spin-off (Creed), les spectateurs avaient eux aussi droit à d’autres sequels qui, elles aussi, sont toujours présentes dans le cinéma d’aujourd’hui. Ainsi, durant l’année du Boeuf (si vous êtes né cette année-là, vous connaissez votre signe chinois, vous avez pas tout perdu), l’aventure James Bond en était à sa 14ème cascade, et c’est Roger Moore qui incarnait le célèbre agent secret 007 dans Dangereusement vôtre. Rôle qu’il incarnera pour la dernière fois, remplacé ensuite par Timoty Dalton dans Tuer n’est pas jouer. Pour l’anecdote, et le fan du dernier rang au taquet sur Dolph Lundgren, c’est la première apparition du bonhomme au cinéma, dans le rôle d’un garde du corps. Voilà, ça c’est fait, tu peux aller te palucher tranquille.

vendredi 13 jason maskLes autres films dont on peut parler de saga, c’est assez comique, puisque la majorité d’entre eux concerne un seul genre : l’horreur. De ce fait, on imagine aisément les séances du soir blindées en voyant le nom de ces suites : La colline à des yeux 2, La revanche de Freddy, Vendredi 13, chapitre 5 : une nouvelle terreurHurlement 2 ou encore Le jour des morts-vivants, troisième volet de la « saga Zombies » de George A. Romero. Des sagas qui ont été remakées, rebootées et même parodiées sans vergogne depuis les années 2000.

Dans un tout autre registre, il y avait Police Academy 2, une franchise qui ira jusqu’à sept volets – et dont un reboot est prévu depuis quelques années -, ou bien Le Diamant du Nil, suite des aventures de Michael Douglas et Kathleen Turner après A la poursuite du Diamant vert. Quant à Disney, il sortait leur 25ème classique d’animation (mais 32ème production) et gros bide au box-office avec Taram et le Chaudron magique.


UNE TUERIE CE FILM : TROP CULTE !

Legend Tim Curry

Le terme « culte » est maintenant galvaudé, limite bousillé par une utilisation commune, pour tout et n’importe quoi. Surtout, culte ne veut presque plus rien dire, car aujourd’hui tout le monde y va de sa propre opinion, en crachant sur des films considérés comme des Classiques, pendant que d’autres daubes (pardon, films qu’on apprécient moins…) sont élevés au rang d’incontournable. « Putain, g vu Pulp Fiction hier ! Sérieu, sa donne la trique à des mecs sa ? Ce truc où y s’passe que chi et où ils font que parler !? Laisse tombé, j’vais me re-re-re-mater Hunger Games, là on o moin on parle Ciné ! » Question de culture. De goût. D’attente. De ressenti. De génération. D’objectivité. De mauvaise foi. (rayer la mention inutile). Mais cette affirmation, aussi scandaleuse soit-elle, est-elle si préjudiciable ?

Sueurs froides pontAprès tout, chacun y va de son Top quand il s’agit, par exemple, de savoir quel est le meilleur film de tous les temps. Pour Allociné, le numéro 1 (compte tenu des notes spectateurs du site) est attribué à Forest Gump, alors que Vodkaster, de son côté, met en avant Douze hommes en colère. Empire, magazine Anglais réputé, met quant à lui Star Wars Episode V : L’empire contre-attaque en Top 01, pendant que la célèbre revue Sight and Sound du British Film Institute classe en premier Sueurs froides d’Alfred Hitcock, place qui a été pendant longtemps détenu par Citizen Kane. Quatre films radicalement différents, mais au final, il semble impossible de savoir qui a tort ou qui a raison.

Du coup, qu’est-ce qui définit qu’un film soit culte ? Son succès en salles ? Sa fan-base ? Le fait qu’il est marqué toute une génération ? Le message qu’a voulu apporté le cinéaste ? Qu’il vienne d’un grand studio ou, à l’inverse, qu’il soit indépendant ? Prise de tête inutile. Un film culte, c’est personnel. Un film considéré comme culte par la majorité peut être le plus bel étron cinématographique pour vous. Le film culte, c’est celui que tu peux voir vingt fois dans l’année sans te lasser, et que tu vas défendre mordicus à qui veut l’entendre. Et d’ailleurs, ceux qui ne veulent pas comprendre l’obsession que tu as pour cette oeuvre, et qu’en plus il la rabaisse, tu serais capable de leur faire manger ton coude. Trois fois. Pour l’exemple.


LA RÉSISTANCE

Dune Sting

Alors pour éviter de se prendre des mandales ou des coups de couteaux, on ne va pas utiliser les mots culte, chef d’oeuvre ou adulation pour ce dossier. On parlera de Résistants. Ceux qui ont toujours ce petit quelque chose qui fait rêver, réfléchir, marrer. Ceux qui nous divertisse, en somme. De notre côté, on ne peut pas dire que 1985 regorge de ce genre de film. Mais du votre, c’est certainement une autre histoire, et vous aurez peut-être envie de mettre dans la Résistance des œuvres comme :

  • Witness, excellent film de Peter Weir avec Harisson Ford, où ce dernier joue un flic qui doit se réfugier par la force des événements dans une communauté d’Amish (le film remportera deux Oscars l’année d’après : Meilleur Scénario et Meilleur Montage).
  • Out of Africa, qui aura le mérite d’accaparer bon nombre d’Oscars en 1986, puisqu’il sera récompensé par 7 statuettes (dont celui de Meilleur Film).
  • Legend, film d’heroic-fantasy de Ridley Scott, avec le Tom « j’ai 23 ans et j’ai trop la peau d’un bébé » Cruise, qui s’est lui aussi royalement planté au box-office (mais au visuel toujours bluffant !).
  • Cocoon, quatrième long-métrage de Ron Howard, qui parlait d’une bande de papys retrouvant leur pêche d’antan grâce à des couilles de mammouth extraterrestres plongées dans du clore (ça a même donné une suite, Cocoon, le retour).
  • Runaway Train, un film sur un train genre Unstoppable qui roule sans chauffeur, sans frein, et sans Denzel Washington (totalement inconscients les mecs !), mais dans des décors d’Alaska, avec Jon Voight et Eric Roberts, deux évadés de prison se retrouvant finalement dans une merde glaciale…
  • Subway, qui rappelle que Luc Besson sait (ou savait) faire autre chose que toutes ses productions foireuses, et qui récompensa Christophe Lambert d’un César en 1986.
  • Teen Wolf, assurément pas un film mémorable, et loin d’être le meilleur Michael J. Fox, mais qui connaît un remake en série ayant le mérite de toujours cartonner sur MTV puisqu’ils en sont à la saison 5.
  • Explorers, une bande de gamins loin d’être débiles puisqu’ils arrivent, à partir d’un rêve d’Ethan Hawk, à construire un vaisseau spatial…  Rien que ça… Ouais, Joe Dante aime la drogue.
  • D.A.R.Y.L., un mioche encore moins con car lui il peut conduire une voiture en lui faisant faire des cascades, ou piloter un avion militaire les doigts dans le nez. Bon d’accord, c’est un peu un tricheur car en fait Daryl est un robot.
  • Cluedo, parce que oui, le colonel Moutarde est déjà passé par la case cinéma, avec Tim Curry dans le rôle du Majordome et Christopher Lloyd dans celui du professeur Violet.
  • La couleur pourpre, drame poignant de Steven Spielberg, avec des noirs, des champs de cotons, des méchants maris, des femmes battus, mais pas d’Oscars (sur 11 nominations, c’est la loose).
  • ou tous ceux qu’ont a déjà pu citer avant ça (Commando, Rambo 2, Mad Max 3…).

30 ans Retour des GooniesSeulement, il reste deux films à qui on doit une attention toute particulière. Qui ont fortement marqué les esprits. Le premier s’adresse principalement aux enfants (ou à l’enfance enfouie chez un adulte), avec une aventure pittoresque, que les nostalgiques des années 80 qualifient d’incontournable, et réalisé par Richard Donner, mettant en scène une bande de gamins affrontant un cyclope au grand cœur. Le second va fêter ses 30 ans en octobre, et il a propulsé Michael J. Fox et Christopher Lloyd en icônes totales. On se le mate encore aujourd’hui, et il a même donné lieu à l’une des meilleures trilogies de tous les temps. Vous les avez forcément reconnu, on parle bien sûr des Goonies et de Retour vers le futur.


LES GOONIES ET SON ARLÉSIENNE DE SUITE

Les Goonies HD

L’âge Steven Spielberg oblige, quand le bonhomme a une idée dans la tête, elle vaut de l’or en barre. Alors le monde du cinéma s’agenouille, l’écoute, prend des notes, et exploite ses moindres réflexions : le succès sera forcément au rendez-vous ! Les Goonies, c’est exactement ça. Sur une idée du réalisateur de la saga Indiana Jones, Chris Colombus écrit le scénario où une bande de gamins décident de partir à la recherche du trésor de Willy le Borgne, mais tombent évidemment sur de vilaines personnes sans foi ni loi. Aventuriers, intrépides, naïfs, Les Goonies vont vivre une épopée incroyable, qu’on jalouse sans limite. Un film qui tient une place toute particulière dans le cœur des trentenaires et plus, et qui montre qu’à l’époque, les films pour gosses étaient bien moins « enfantin » que ceux d’aujourd’hui (certains dialogues, quelques images…).

Malgré ses innombrables défauts et incohérences, Les Goonies a tellement été marquant dès sa sortie que qu’on découvre encore des anecdotes sympathiques des années après. En témoigne la propriétaire actuelle de la maison des Goonies, située à Astoria : elle subit absolument tous les jours la visite de fans de part le monde, qui cherchent encore à prendre des photos de ce lieu désormais immanquable. Un quotidien pas si déplaisant selon elle, mais pas tous les jours facile à vivre. On peut aisément la comprendre… Aussi, notons que le 7 juin est le jour officiel des Goonies. C’est en effet le maire d’Astoria qui l’a déclaré pour les 25 ans du film, en 2010. Et juste pour la blague, concernant la fameuse carte au trésor que la bande de gosses possèdent, Sean Austin a eu l’autorisation de la garder après le tournage. Une pièce d’une rareté absolue, qui hélas n’est plus : la mère de l’acteur, pensant que c’était un vieux bout de papier, l’a jeté à la poubelle quelques années plus tard !

Goonies 30 ans Data et MickeyEn parlant de Sean Austin, qui n’est autre que le personnage principal Mickey, il deviendra par la suite le futur Sam Gamegie du Seigneur des Anneaux. Sa carrière ne s’est jamais vraiment arrêté depuis Les Goonies (sans être exceptionnel malheureusement), et sa dernière apparition date de l’année dernière, dans la série The Strain. Il n’est d’ailleurs pas le seul à être encore présent dans le paysage cinématographique : Brand, son grand frère, est joué par l’immense Josh Brolin, dont Les Goonies est son tout premier film. Maintenant, l’acteur est une véritable star, et son incursion dans le monde de Marvel pour interpréter le rôle titanesque (mais vocal) de Thanos ne va pas arranger les choses.

Les Goonies 2 bannièrePar ailleurs, on parle souvent d’un Goonies 2. Une arlésienne qui dure depuis de longues années, et que l’équipe elle-même nourrit avec un acharnement déplorable (à part Josh Brolin, plutôt hermétique à l’idée d’une suite). Richard Donner n’y voit, lui, pas d’objection, à condition que tous les anciens acteurs reviennent dans leurs rôles respectifs. Chose qui peut être délicate, mais pas infaisable, vu qu’ils se réunissent parfois pour bien dégoûter les fans de la première heure en prenant des photos genre « hey, on est encore des copains, z’avez vu ? ».

D’ailleurs, que sont devenus ces personnes ? Bagou (Corey Feldman) est un acteur de série B voir Z – et sa vie privée fait le bonheur des tabloïds américains depuis de nombreuses années – mais n’a jamais caché son envie de faire cette suite ; Data (Jonathan Ke Quan) est chorégraphe pour des films de combats (il a notamment participé à Matrix ou X-Men) ; Choco (Jeff Cohen) n’a fait qu’un seul long-métrage (Les Goonies !) et, par la suite, est devenu avocat ; Andy (Kerri Green) n’a plus rien tourné depuis 2001 ; et Stef (Martha Plimpton) continue une excellente carrière au théâtre, et joue dans la série télé Raising Hope.


RETOUR VERS LE FUTUR ET SA TOUTE PETITE RENOMMÉE

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Une bagnole pour voyager dans le temps, The power of love, un skateboard volant, un « lanceur de plat à tarte » Retour vers le futur n’est pas seulement une trilogie qui a impressionné toute une génération, c’est aussi – et tout simplement – une oeuvre CULTE… Oui bon, on aura pas tenu longtemps, d’accord, mais il est impossible d’évoquer cette saga sans utiliser ce terme. L’impact qu’a eu ce divertissement de haute volée est quasi incomparable : entre dérivés à toutes les sauces (jeux vidéos encore aujourd’hui, objets de collection, un dessin animé de 26 épisodes qui fait suite à l’histoire) ou hommages à la pelle (dans des films, séries ou même clip), Retour vers le futur est si intouchable que même Hollywood ne s’est pas frotté à en faire un prequel, une suite ou remake. C’est dire ! Oui bon, on est naïf, ça viendra bien un jour, mais pour le moment, on peut l’affirmer !

Retour vers le futur Marty DocTout est parti de ce premier volet, qui instaure des bases aussi bien simplistes que grandioses, avec une idée géniale, une question qu’on s’est tous posé un jour au moins une fois : à quoi ressemblait la jeunesse de nos parents ? Ce à quoi Michael J. Fox/Marty McFly sera confronté avec un humour ravageur, dans une époque et un contexte radicalement différent, aidé par des situations cocasses et des personnages loufoques (avec, bien entendu, un parfait Christopher Lloyd/Emmett Brown, en total roue libre). Le film garde un rythme sans temps mort, aux enjeux puissants et à l’écriture exemplaire, et Robert Zemeckis offre une réjouissance fantastique aussi bien dans son récit minutieux que dans son spectacle visuel.

La tentation de parler de la trilogie complète est grande, mais 1) Retour vers le futur mérite un dossier à lui tout seul , et 2) c’est inutile de développer ici tout ce qui fait le sel de cette franchise. Tout le monde connaît les répliques par cœur (une VF aux petits oignons), on a du mal à se lasser de ce petit bijou intemporel, et pour les fans les plus harcore, la date fatidique du 21 octobre 2015 est marqué au fer rouge ! Pourquoi ? Car c’est ce jour-là qu’ils attendent l’arrivée de Michael J. Fox, Christopher Lloyd et Lea Thompson (la mère de Marty) dans la DeLorean à un événement spécialement consacré aux films.

De plus, depuis deux ans maintenant, Jason Aron – un fana absolu, comme tant d’autres – travaille sur un documentaire ultime, financé grâce au site Kickstarter, qui nous replonge dans la saga grâce à des interviews des acteurs, producteurs, réalisateur et même du compositeur Alan Silvestri, en essayant de mesurer l’impact qu’a eu Retour vers le futur sur la pop culture, et sa place dans laquelle il se trouve 30 ans plus tard. Back in Time (prévu en octobre) est le projet fou d’un homme, qui va certainement cartonner, et qu’on attend de pied ferme (on ne connaît pas la date de sortie française, forcément). Bande-annonce :

Au passage, pour ceux et celles qui l’ignorent, la célèbre ville fictif du film, Hill Valley – que l’on peut voir évoluer dans la franchise de 1885 à 2015, en passant par 1955 et plusieurs versions de 1985 – va être reconstruite temporairement par une société britannique, Secret Cinema, pour des rediffusions exceptionnelles au cinéma dans une ambiance des plus magiques. Les fans pourront alors déambuler sur la place principale de la ville, avec son Diner, ses ruelles et bien entendu son horloge au centre ! L’événement se déroulera dans un lieu encore inconnu, et durera du 24 juillet au 10 août 2015. Les places étaient en vente un an avant, elles sont parties très, très vite…


C’ÉTAIT MIEUX AVANT… VRAIMENT ?

Réals 80 NB

Terminons ce dossier en méditant sur cette phrase que beaucoup aiment débiter : le cinéma d’Hollywood, c’était mieux avant. Pourquoi ? Parce que Cameron, Dante, Zemeckis, Lucas ou McTiernan ont révolutionné l’entertainement ? Qu’ils ont monté des projets qui ont fortement impacté le paysage cinématographique ? C’est certain, et ce sans l’ombre d’un doute. Après tout, le premier film à être qualifié de « blockbuster », c’est-à-dire un gros budget avec de la grosse promo derrière pour un succès retentissant, fut ni plus ni moins que Les Dents de la Mer, de Steven Spielberg, en 1975. De plus, ces cinéastes apportaient de la nouveauté, de la fraîcheur dans le grand spectacle, et depuis qu’ils ont apposé leur marque, le cinéma a pris une tout autre forme. Dans l’esprit des gens, un aventurier se nomme Indiana Jones. Un space-opéra est synonyme de Star Wars. L’action épique se marie parfaitement avec l’humour, et des héros naissent à la pelle : une révolution amorcée dans les années 70 qui explose dans les eighties et nineties.

Abrams Nolan Bird 80 NBMais faut-il pour autant dénigrer les grands d’aujourd’hui ? En 2045, la nouvelle génération dira peut-être que les Nolan, Jackson, Bay, Abrams ou Bird ont tout réinventé ! Ces monstres ont eux aussi réussi à porter le blockbuster dans une autre direction, chacun à leur manière. Quand Christopher Nolan continue d’explorer des scripts riche à la narration complexe, en minimisant le spectaculaire sans toutefois le négliger, J.J. Abrams, lui, allie parfaitement simplicité d’histoire (une épuration qui peut rebuter, comme pour son Star Trek Into Darkness) au gigantisme puissant, au rythme effréné et à la réalisation ébouriffante. Deux visions totalement différentes, qui font malgré tout partie des génies de notre époque, et dont certaines de leurs œuvres risquent de vivre encore longtemps.

Cependant, le « c’était mieux avant » concerne quasi-exclusivement une tendance que beaucoup commence à décrier : la mode du reboot/remake/prequel/spin-off. Madame Originalité s’étant barrée dans les méandres des réseaux sociaux et autres vidéos de chatons à la con, les grosses productions suivent la mode du recyclage superflu, pour le remettre au goût du jour avec un déluge numérique insipide. Si, parfois, on peut se retrouver avec une bonne surprise (Godzilla, Batman begins, La Planète des singes : les origines…), la plupart du temps on déchante méchamment (The Amazing Spider-Man, Ninja Turtles, Robocop…). 

Et si 2015 n’est pas une année type qui exploite les franchises jusqu’à l’écœurement, on voit pas ce qu’il faut de plus ! Quelques exemples : Mad Max : Fury Road (un 4/remake !), Jurassic World (un 4 !), Terminator : Genysis (un 5/reboot !), Poltergeist (un remake), Mission : Impossible – Rogue Nation (un 5 !), Star Wars : Le réveil de la Force (un 7 !), Point Break (un remake), Insidious 3 (un… oui bon voilà), Les Minions (un spin-off), Point Break (un… ah merde, déjà dit…), Spectre (un 24 !), Les 4 Fantastiques (un reboot)… Bref, vous avez compris, on a pas fini. Et 2016 se lance dans la même direction…


Logo Pour les FlemmardsPOUR LES FLEMMARDS : Au temps des VHS, des justiciers musclés et autres films d’horreur à gogo, 1985 mettait au monde deux Résistants que beaucoup continue d’aduler : Les Goonies et Retour vers le futur. C’était l’ère Steven Spielberg, où le bonhomme apposait son nom à toutes sortes de productions à succès, celles qui marquaient au fer rouge le nouveau cinéma grand spectacle. Tellement marqué d’ailleurs que les producteurs nouvelle génération ont arrêté de réfléchir pour se lancer dans le recyclage numérique sans saveur de ces œuvres atypiques.