The Human Centipede 3 - Final Sequence (Chenille piaculaire)

Par Olivier Walmacq

Genre: horreur, gore, trash (interdit aux - 16 ans)
Année: 2015
Durée: 1h59

L'histoire : Bill Boss, directeur de la prison américaine connaissant le plus d'émeutes, de dépenses médicales et de changement de personnel, est incapable d'obtenir du respect de la part de ses détenus et du gouverneur de l'État, Hughes. Pour éviter son licenciement, son bras droit fidèle, Dwight, lui propose une idée brillante. Une idée révolutionnaire, qui pourrait changer le système carcéral américain et permettrait d'économiser des milliards de dollars. Une idée basée sur les films The Human Centipede, qui va littéralement et figurativement rendre les détenus à genoux, en créant le châtiment ultime et dissuasif pour quiconque envisage de commettre un crime. N'ayant rien à perdre, il va créer un millepatte géant avec 500 détenus

La critique :

En 2010, Tom Six réalise un film d'horreur qui va faire l'effet d'une petite bombe dans le cinéma gore et extrême. Son nom ? The Human Centipede - First Sequence. Cette histoire de chenille humaine, composée de trois personnes dont les bouches sont reliées à l'anus de leurs congénères, déclenche le buzz et la polémique sur la Toile. Mieux encore, certains fans exultent et parlent même du meilleur film d'horreur de ces dix dernières années, voire même "Du" film le plus gore, violent et extrême de toute l'histoire du cinéma. Intox ou vérité ? Que les choses soient claires : j'appartiens à la première catégorie.
Pour l'anecdote, le scénario du premier volet vient d'un pari entre Tom Six et l'un de ses amis. Lors d'une soirée un peu trop arrosée, un ami de Tom Six met le cinéaste au défi : serait-il capable de réaliser un film avec des hommes et des femmes condamnées à supporter les excréments de l'autre ?

Tom Six relève la gageure. The Human Centipede est né ! Très vite, le phénomène "The Human Centipede" dépasse le réalisateur lui-même. Dans la foulée, donc un an après, sort The Human Centipede 2 - Full Sequence. Conscient de la stupidité et de la débilité de son concept, Tom Six ironise et signe une suite extravagante et outrancière, qui déclenche à nouveau la polémique et les quolibets.
Le long-métrage est même interdit, censuré et banni dans plusieurs pays. En France, il écope carrément d'une interdiction aux moins de 18 ans. Goguenard, Tom Six s'amuse de la situation. L'air de rien, les deux premiers volets lui ont rapporté un joli pactole. Depuis le départ, le cinéaste nous a promis une trilogie.

Quatre ans après le second chapitre, donc en 2015, sort The Human Centipede 3 - Final Sequence. Cette fois-ci, ce sera (tout du moins, on l'espère...) le dernier et ultime volet de la trilogie ! Quelques mois avant la sortie du film, Tom Six pavoise, plastronne et annonce que ce troisième opus sera le pire épisode de la saga, en tout cas, le plus trash et le plus violent.
Il n'en faut pas davantage pour que les fans se précipitent sur le film (disponible sur certains sites de téléchargement et même sur Youtube). A nouveau, le long-métrage déclenche les foudres de la critique et de la presse cinéma qui l'admonestent de nombreuses avanies. Pour ce troisième chapitre, Tom Six fait appel à Dieter Laser (déjà présent dans le premier volet) et à Laurence R. Harvey (le "héros" de The Human Centipede 2).

Viennent également s'ajouter Eric Roberts, Clayton Rohner et Bree Olson. Attention, SPOILERS ! Bill Boss, directeur de la prison américaine connaissant le plus d'émeutes, de dépenses médicales et de changement de personnel, est incapable d'obtenir du respect de la part de ses détenus et du gouverneur de l'État, Hughes. Pour éviter son licenciement, son bras droit fidèle, Dwight, lui propose une idée brillante.
Une idée révolutionnaire, qui pourrait changer le système carcéral américain et permettrait d'économiser des milliards de dollars. Une idée basée sur les films The Human Centipede, qui va littéralement et figurativement rendre les détenus à genoux, en créant le châtiment ultime et dissuasif pour quiconque envisage de commettre un crime. N'ayant rien à perdre, il va créer un millepatte géant avec 500 détenus

Plus c'est gros, plus c'est bon, semble penser Tom Six. Au départ, ce qui était une chenille de trois personnes, s'est transformée en un monstre protéiforme de douze personnes (The Human Centipede 2), pour atteindre le chiffre astronomique de 500 personnes. A l'image de son film, l'appétit de Tom Six est pantagruélique, tout comme son humour, toujours aussi graveleux et obscène.
Lorsque la chenille humaine se mute en connerie humaine, tel est le concept débilitant de The Human Centipede 3. Certes, Tom Six semble avoir un certain recul sur le succès de sa trilogie paillarde et égrillarde. Ainsi, le long-métrage s'ouvre sur la fin du second volet. Comme un délicieux paradoxe. Celui qui se moque de ses propres films devient le clown de service, une sorte d'histrion mercantile, qui profite du succès des deux premiers épisodes, pour mieux exalter les pets, la vulgarité et les grossièretés.

A tel point que The Human Centipede 3 ne ressemble même plus à un film d'horreur ni à une comédie licencieuse et irrévérenscieuse. En l'occurrence, on ne sait plus très bien à quoi s'apparente cette fumisterie filmique. En l'occurrence, The Human Centipede 3 ressemble, à s'y méprendre, à un nouvel épisode de la série South Park, l'énergie, l'imagination et le talent en moins.
Durant la première heure du film, il ne se passe strictement rien. Tom Six se concentre presque essentiellement sur les humeurs nonchalantes de ses deux principaux personnages, le duo Bill Boss (Dieter Laser) et Dwight (Laurence R. Harvey). Pendant plus d'une heure, il faudra donc s'armer de patience et supporter les hurlements, les jurons et les anathèmes d'un Dieter Laser en roue libre.

Quant à Laurence R. Harvey, on se demande ce qu'il vient foutre dans ce second volet, si ce n'est, par sa présence, de justifier le scénario profondément idiot de ce troisième chapitre. En l'occurrence, la chenille humaine devient un cercle piaculaire, non seulement destiné à punir les prisonniers indociles, mais à financer les dettes des Etats-Unis... Difficile de ne pas s'esclaffer devant tant de bêtise...
Si seulement The Human Centipede 3 se contentait de sombrer dans la vulgarité... Encore pourrait-il prétendre appartenir à cette classe de nanars "OFNI" (objet filmique non identifié), mais néanmoins sympathiques... Hélas, Tom Six tombe dans les considérations racistes, antisémites et mysogines. Certes, on se doute bien que le réalisateur tente aussi de jouer la carte de la polémique et de provoquer l'électrochoc et les foudres de la censure. En vain.
Ce qui était à la base une simple gaudriole s'est peu à peu mutée et transformée en une vaste entreprise stupide, mercantile et idéologiquement douteuse. Toujours envie de voir The Human Centipede 3 ? Tant pis pour vous !

Côte : Navet

 Alice In Oliver