Le retour des dinos casse tout sur son passage au box-office. Mais l’émerveillement de ce Jurassic World est-il toujours là ou est-ce encore un énième blockbuster docile et calibré calibré pour les foules, pire un nanar digne d’Asylum avec un budget grandement à la hausse ? Malheureusement, ce ne sera pas la 1re option.
En soi, l’idée principale de cette suite est plutôt un bon point de départ et peut être source de belles promesse. 22 ans après le fiasco du premier Jurassic Park, le rêve de John Hammond est devenu réalité et le parc à dinosaures a ouvert ses portes en faisant le plein de visiteurs. Mais rapidement, le public ce lasse et veut des dinosaures plus gros, plus effrayants, bref, toujours plus de sensations, ce qui pousse les généticiens à expérimenter pour engendrer une créature inédite, qui n’a jamais existé. Forcément, tout cela va mal tourner, le dino-monstre va s’échapper et semer la terreur dans le parc et créer la panique chez les milliers de visiteurs qui étaient prêts à débourser des dollars en produits dérivés.
Tout ce pitch pouvait donc laisser entrevoir de belles choses, à la fois du côté des dangers de la génétique et de l’homme se prenant pour Dieu en inventant lui-même des créatures (après en avoir ressuscité), mais aussi du côté plus « méta» , le film représentant d’une certaine manière Hollywood cherchant à faire des film toujours plus gros et avec toujours plus de sensations jusqu’à ce que ça finisse par bien lasser les spectateurs. Le film tente même un discours sur la domestication d’espèces sauvages avec les raptors qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.
Mais dès le début du film, tout cela passe directement à la trappe à cause de personnages complètement inconsistants et têtes à claques. Entre deux gamins insupportables et complètement clichés (le plus jeune tout excité par les dinos, l’ado tout excité par ce qui a une paire de seins) et une Bryce Dallas Howard ici présente seulement pour sa capacité à se déplacer en talons en milieu inhospitalier pendant 2 heures sans se casser la figure au risque de gâcher son brushing ou le méchant militaire bien lourd, pas grand chose ne nous est épargné. Et si Chris Pratt s’en sort in extremis mais sans éclats, seul le petit rôle légèrement drôle de Jake Johnson nous rappelant le premier film de Spielberg est digne d’une certaine reconnaissance. Pour le reste, c’est cliché sur cliché, très mal caractérisé et mal écrit avec des réactions pour la plupart assez débiles (« une porte défoncée … et si on allait voir ça ?» ). C’est bien simple, on croirait ces personnages tout droit sorti d’une production Asylum.
Et à côté de cela, le film enchaîne aussi les situations de plus en plus ridicules ou les réflexions à facepalm (on a toujours du mal à se remettre de ces raptors aussi gentils qu’un labrador ou du gros méchant Indominus Rex qui pourrait être l’animal de compagnie d’un Predator) et avance les pions de sa future suite avec la discrétion d’un brachiosaure dans un magasin de porcelaine (donc dans la suite, les militaires vont s’approprier les dinosaures et ceux-ci leur permettront de lutter contre des terroristes ? oui, autant oublier le côté « film d’aventure» de la saga pour s’orienter complètement du côté nanar).
A côté de ça, Trevorrow se croit tout intelligent et pense rendre un (piètre) hommage à son mentor Spielberg (producteur du film mais qu’on n’entend pas trop en interview quand même) en montrant un requin (référence évidente au Jaws de Spielby) se faisant bouffer par un énorme Masosaure. Oui, tout le film est rempli de cette finesse sans aucune inventivité dans la réalisation, repiquant directement ses séquences dans les 3 premiers films sans jamais une once d’émerveillement (même lorsque nous découvrons le parc tout beau tout neuf, on est déjà agacé par les mômes), le seul moment d’émotion était le seul passage avec un dinosaure palpable en animatronique, bien plus émouvant que les acteurs.
Alors oui, on ne boudera pas son plaisir devant certaines séquences bien efficaces comme l’apparition des ankylosaures ou des ptérodactyles assez rythmées (on attend encore et toujours une vraie séquence avec un triceratops par contre) et avec de l’action bien lisible mais il faut toujours que ce soit gâché, à l’image de cette chasse au côté des raptors qui ne va finalement pas au bout de son idée ou de sa séquence finale complètement fan service se terminant dans avec une grande référence (voulue ?) à la mort de Samuel L Jackson dans Peur Bleue, accentuant encore plus l’aspect nanar over-budget du film … à moins que tout cela ne soit donc complètement voulu depuis le départ, le studio prenant bien le public pour la vache à lait qu’il est devenu et qui réclamera à corps et à cris sa suite avec des dinos en armures et tirant des lasers pour le comptes des militaires … oui, on a vraiment peur pour la suite.