Hanté par un lourd passé, Mad Max estime que le meilleur moyen de survivre est de rester seul. Cependant, il se retrouve embarqué par une bande qui parcourt la Désolation à bord d'un véhicule militaire piloté par l'Imperator Furiosa. Ils fuient la Citadelle où sévit le terrible Immortan Joe qui s'est fait voler un objet irremplaçable. Enragé, ce Seigneur de guerre envoie ses hommes pour traquer les rebelles impitoyablement…
Mad Max : Fury Road – 14 Mai 2015 – Réalisé par George Miller
Dire que le quatrième volet de la saga Mad Max était attendu, c'est un doux euphémisme. Après un développement hell de près de 20 ans (http://seri-z.blogspot.fr/2013/09/fury-road-highway-to-development-hell.html) ou seul l'apocalypse ne c'est pas foutu en travers du chemin de George Miller, le guerrier de la route revient sur nos écrans avec la fougue de ces vingts ans, pulvérisant des la première bande-annonce toute concurrence ! Et c'est en juillet 2014 que Miller changea plusieurs choses ; tout d'abord la définition de « bande-annonce » avec 2min20 de pur plaisir d'une perfection inouïe mais aussi la place n°1 du film le plus attendu de 2015 pour les fans et les profanes.
« My name is Max. My world is fire. And blood. »
Alors que la terre a subit un cataclysme nucléaire, le monde des hommes s'est effondré. Les quelques survivants vivent dans un monde dévasté, contrôle par la violence de groupuscules qui n'hésitent pas à s’entre-tuer. Ce « Wasteland » est alors le théâtre de terrible affrontement, fait de poursuites et de fusillades ou seuls les plus fous osent s'aventurer, comme un certain Max. Ancien Flic au passé douloureux, il erre sans but précis, à la recherche seulement de ressource pour survivre. Un jour il se fait capturer par les Warboys du despote Immortan Joe qui depuis sa citadelle tyrannise des milliers de personnes. Intouchable de part le culte qui lui est voué, il asservi les plus faibles en faisant d'eux de la chair à canon, leur promettant une mort glorieuse et l’accès au Valhalla. Une organisation bien rodée ou rien n'est laissée au hasard sauf quand l'Imperator Furiosa prend sous son aile les cinq ventres d'Immortan Joe pour les emmener vers un sanctuaire loin de l'influence de cet odieux personnage. Un geste qui ne sera pas sans conséquence car la citadelle se lance à ses trousses, avec des renforts mais aussi avec Max, qui bien malgré lui va se retrouver au milieu de tout ça et de cette poursuite infernale …
« Max. My name is Max. That's my name. »
L'attente fut longue et le plaisir intense. George Miller ce magicien de l'image ne déçoit à aucun instant, renouant ainsi avec son personnage phare, le mystérieux Max Rockatansky . Pour cela l'histoire sera à l'image des précédentes, simple mais efficace et ou le moindre plan aura son importance. Imaginer en traversant une rue et développer longuement par la suite, George Miller conceptualise le fond de son idée, la poursuite ultime comme vecteur d'émotions et d'idées !
Et paradoxalement, c'est ce qu'on a pu lui reprocher ! Car si on ne connaît pas la saga, ou qu'on est peu réceptif, le film n'est qu'un immense brouhaha de moteur et de fureur sans aucune justification voir sans aucune émotion.
Pourtant en bon humaniste (Et pas seulement), George Miller n'est pas avare en émotion et marche sur les pas de ses films précédents. On parle pas seulement des Mad Max, mais aussi des deux Happy Feet (pour ceux que j'ai vu et que je me rappelle) qui eux aussi montraient un monde hostile, en fin de course, ou seul l'humanité d'une personne pouvait changer les choses. C'est ainsi qu'on retrouve « Max », pas celui de la trilogie originale dans son ensemble mais un peu de chaque Max présent dans les films. On y trouve un peu de celui de 79, de 81 et bien sur de 1985 auquel il faut ajouter celui d'aujourd'hui ! Plus dérangé que furieux, Max est à nouveau celui dont on parle sans savoir si on l'a vu ou si on le connaît, celui dont on conte les exploits et qui inspire les autres, le guerrier de la route est enfin de retour.
« You know, hope is a mistake. If you can't fix what's broken, you'll go insane »
La terre décrite dans ce nouvel opus, n'a pas tellement changé par rapport à celle de Beyond Thunderdome. Elle est encore plus dévastée, les ressources sont rares et les gens se battent pour du kérosène ou de l'eau. Miller y décrit un monde ou l'espoir n'est pas permis. Les survivants prêtent allégeance à des tyrans. Les plus faibles sont tués ou fait prisonniers. C'est un monde d'hommes détruit par les hommes et contrôlé par les hommes que dépeint Miller, pour mieux le dénoncer et prendre un virage à 180 °C avec le personnage féminin de l'année « Imperator Furiosa » !
Elle incarne une autorité supplémentaire dans la citadelle d'Immortan Joe, la seule qui soit féminine et son titre d'Imperator la rend encore plus importante. Car ce n'est pas que son prénom (Je suppose), c'est aussi ce qui désignait des magistrats détenant l'impérium sous la république romaine (L'imperium permet à son détenteur de jouir de deux formes de pouvoirs, le pouvoir militaire hors de Rome, et le pouvoir civil à Rome), ainsi qu'un titre qui récompensait les généraux romains vainqueurs de leurs campagnes militaires. D’où cette autorité auprès des Warboys qui accompagnent le cortège mais aussi de cette discrétion qui lui a permis d'enlever les « mères » sans soulever aucune interrogation.
Sa rébellion et le sauvetage des « ventres » d'Immortan Joe signale la fin d'une ère. Une révolution est en marche et comme une fière valkyrie, Furiosa emmène ses guerrières à la guerre car elle déclencha le « Ragnarok ». L'un des symboles de la mythologie nordique parmi tant d'autre qui jalonnent ce récit plein d'espoir, car c'est la fin du monde qu'elles connaissent ou au bout du chemin, un nouveau monde émergera. Et c'est sur cette « Fury Road » pleine de peurs, de rages, d'espoirs et de courages que l'on suit la valeureuse Furiosa en quête du soupçon d'humanité qu'elle espère.
C'est la grande révélation du film, le monde découvre qu'une femme peut avoir un personnage fort et incroyablement badass ! Mais cela ne s’arrête pas la, car elle incarne aussi le changement ! Et vous savez quoi ? Ça a dérangé des gens, le film a même eu droit a des pétitions pour le boycottés parce qu'il mettait en vedette une femme !!! Encore des arriérés qui ne se sont arrêtes qu'a la couverture. Bien sur que le film a un discours « féministes », il le revendique fièrement, même si « moi » en tant qu'homme je ne peut l'affirmer à 200% car je ne connais pas assez le sujet ! Mais ce limiter à ça serait réducteur parce que l'histoire est aussi profondément écologique, anti-racistes, anti-sectaires, anti-extrémisme mais surtout « humaniste » car Miller place malgré tout l'espoir entre les mains de l’espèce humaine. Et c'est dans cette recherche constante d'une humanité espéré que le film fait naître l'émotion et le plan final entre Max et Furiosa en sera son apogée …
« At least that way we'll be able to... together... come across some kind of redemption. »
La réplique que je cite, se situe dans le derniers tiers du film. C'est une phrase que prononce Max à Furiosa. Et elle est symptomatique de ce qu'est le film. Miller ne raconte pas seulement l'histoire de son personnage fétiche mais bien 2 histoires ! Car il plonge les deux pieds dans le monde d'aujourd'hui, avec ses préoccupations et que ce symbole c'est l'histoire de Furiosa ! Et c'est dans cette alliance de caractère qu'il va tirer toute l'énergie du film et donner a Tom Hardy et Charlize Theron les moyens de s'exprimer.
Première chose et non des moindres, le film fait la part belle aux cascades et a un savoir faire que l'on voit de moins en moins. George Miller s'affranchit du diktat du tout numérique sans toutefois l'occulter entièrement pour nous faire ressentir directement l'action. Et c'est une façon de faire qui demande du temps, des répétitions et un sens de la mise en scène propre à George Miller pour faire de cette poursuite, un moment purement inoubliable. Si le film réserve quelques séquences de corps à corps bien senti, comme l'introduction ou la rencontre Furiosa/Max qui détermine le rapport qui les unira, l'essentiel revient a ses cortèges de véhicules motorisés. Le travail dessus est immense, que cela soit au niveau du design des différents véhicules ou l'on trouves de tout ! Guitariste avec un lance-flamme, Motos, Semi-Remorques, Engins avec chenilles, Voitures avec des mecs sur des perches et bien d'autre surprises motorisées.
Le champ des possibilités est immense, ce qui fait que malgré deux poursuites, l'une ne ressemble jamais à l'autre. A partir de la, c'est du travail d'orfèvre, le rythme est hallucinant de maîtrise. Des que Miller vous happe, vous ne reprenez votre souffle qu'a la fin de la poursuite et malgré que l'action se situe sur des véhicules, on a pas mal de variation d'action ! Sur le capot, la citerne ou alors quand on passe d'un véhicule à l'autre, à pied ou au bout d'une perche sans que l'on soit perdu entre les différents plans qui composent l'action. C'est fluide, dynamique, une chose rare que l'on ne voit plus beaucoup dans le cinéma d'action.
Ensuite comme dit le slogan de chez Pirelli « Sans maîtrise, la puissance n'est rien ». Car au delà d'une incroyable performance technique dans la gestion des scènes d'actions, la réalisation de George Miller revient à une sorte de simplicité pour nous raconter la dite histoire. Tout passe par l'image (Où presque), ce qui est ironique de dire ça au cinéma mais la on se rapproche clairement du cinéma muet (Toutes proportions gardées), peu de dialogues, une musique omniprésente et une direction artistique de qualité pour soigner tout les petits détails.
Du moindre Warboy, en passant par Immortan Joe ou encore Furiosa rien n'est laissé au hasard. En un clin d’œil on saisit l'information, les costumes signés Jenny Beavan sont bons et variés, tandis que les maquillages sont bien exécutés. La communication non verbale est bien gérés, surtout quand elle n'est composés que de regard ou d'attitudes qui valent bien des paroles. Et les plans iconiques sont légions, sur Max ou sur Furiosa par exemple et c'est tous ses atouts, habilement choisis, montés, irréprochable visuellement (Merci John Seale) et en osmose avec une bande originale musclés (Junkie XL) qui font de se film, un rollercoaster d'émotions fortes, radicales et brutales qui va au bout de soi !!!
Comme l'ensemble du casting !!! Homogène et porté par de grands acteurs et par une très grande actrice, ils se donnent sans compter.
La première bonne surprise (Même si je n'en doutais pas trop) c'est la performance de Tom Hardy ! Physique mais pas seulement car avec si peu de dialogue, il a fallu faire preuve de finesse pour affûter sa communication non verbale et il a su se montrer crédible en étant à la fois fort, dérangé et vulnérable sous son costume de « Road Warrior ». Tandis que la seconde surprise, sans en être une, c'est l'incroyable composition de Charlize Theron dans le rôle de Furiosa. Car elle s'est donnée a 200% (Le crane rasé c'est elle), c'est une interprétation pleine de force, de rage et de convictions, sans jamais oublier le soupçon de sensibilité pour qu'on la trouve attachante ! Nicholas Hoult le « fauve » des X-Men est méconnaissable en warboy faible d'esprit prêt à se sacrifier ou la folie furieuse côtoie la timidité d'un homme qui ne connaît pas la compassion. Le grand méchant « Immortan » est joué Hugh Keays-Byrne qui fut le premier antagoniste dans le Mad Max de 79; grimé en chef de guerre impitoyable, il incarne la face d'un monde en berne, sclérosé par la violence et contaminé par les cataclysmes précédents. Représenté par un maquillage et un costume qui mettent en avant sa santé et sa condition de chef. Il joue ça avec la grandiloquence de tout bon gourou, donnant beaucoup de substance à cet être ! Du cotés des seconds rôles on trouve l'imposant Nathan Jones, le fou furieux Josh Helman mais aussi les «ventres » du tyran, les impeccables Rosie Huntington-Whiteley, Riley Keough, Zoé Kravitz, Courtney Eaton et Abbey Lee Kershaw.