The Horse Whisperer

Par Inglourious Cinema @InglouriousCine

Profondément marquée par un accident qui a coûté la vie à sa meilleure amie et causé d'irréparables lésions à son cheval, Grace MacLean, jeune fille de quatorze ans, vit repliée sur elle-même renonçant à lutter contre l'infirmité. Sa mère, Annie, refuse de s'avouer vaincue. Fermement décidée à sauver à la fois sa fille et l'animal, dont les destins sont liés, elle se lance à la recherche d'un dompteur de chevaux capable de guérir l'animal de sa peur. Elle retrouve ainsi au cœur du Montana la piste d'un légendaire "Horse Whisperer", spécialiste du dressage par la douceur...

The Horse Whisperer – 2 Septembre 1998 – Réalisé par Robert Redford.


Titre V.F: L'Homme Qui Murmurait à l'oreille des Chevaux.

Le mois de Mai en France est merdique ou il ne l'est pas ! La raison est très simple. Dans certaines configurations, il y a pas moins de 4 jours fériés. Agréable pour certains, détestable pour d'autre. Il créé une dynamique étrange ou plus aucune semaine ne semble complète. Mais il permet pour tout cinéphile qui se respecte de voir des films programmés en pleine journée à la TV, au lieu de la bouillie habituelle. Et de temps à autre, il y a de très grands films ! C'est ainsi que Vendredi dernier j'ai découvert sur M6, l'un des films du l'acteur/réalisateur Robert Redford, l'émouvant « L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux » !!!
Grace MacLean et son ami Judith sont deux jeunes passionnées d'équitation. Amoureuses des chevaux, elle montent des quelle peuvent sur leurs montures. En plein hiver, elle partent se balader, doucement et tranquillement sur des chemins en foret. Mais le temps est traître. Alors qu'elles sont toutes les deux sur un chemin, le cheval de Judith glisse et heurte Pilgrim. Pendant que Grace essaie d'aider son amie, un camion arrive et ne peut hélas s’arrêter. Il part en travers et percute Judith et son cheval, ainsi que Pilgrim et elle. Pour le premier tandem, l'issue est fatale. Tandis que pour le second, ils sont gravement blessés, elle perd une jambe et son cheval Pilgrim, traumatisé par l'incident devient incontrôlable. Ses parents gèrent au mieu cette tragédie. Du moins en apparence, car plus rien ne va et la famille est au bord du gouffre. C'est ainsi qu'Annie va tout faire pour rattacher sa fille à la vie !!! Elle part donc en recherche d'un spécialiste pour guérir Pilgrim. La seule piste sérieuse l'envoie au Montana, au près d'un certain Booker qui serait un « chuchoteur » …
Pour mon premier « Redford », j'en suis sorti lessivé mais heureux ! Ce drame en apparence cache l'une des plus belles romances que j'ai vu au cinéma et cerise sur le gâteau, c'est raconté avec beaucoup de chaleur, de tendresse et de sincérité.
Aussi finement qu'il soit écrit, ce film est l'adaptation du roman de Nicholas Evans « The Horse Whisperer ». Son sujet ? Une romance oui mais elle raconte principalement la relation entre l'homme et le cheval. Inspiré par Buck Brannaman et véritable succès surprise à sa sortie, le livre devient un Best-seller avec près de 800 000 exemplaires achetés aux US en 1995. Il est aussi reconnu mondialement avec environ 15 millions d'exemplaires vendus dans le monde. Un tel succès fit les yeux doux à Hollywood et c'est Robert Redford qui lui acheta les droits pour une jolie petite somme de 8 millions de dollars. Un deal qui l’emmena ensuite jusqu’aux merveilleux paysages du Montana !
C'est ainsi qu'en 2h40 que Robert Redford nous livre une belle carte postale. Le Montana n'est pas étranger au réalisateur, il y tourne même pour la deuxième fois avec ce film. Big Timber, Melville sont des villes qui lui sont familière et il retourne même a Livingston qu'il connaît depuis son film « Et au milieu coule une rivière » . Si on y voit quelques plans, c'est les étendus sauvages et isolées qui sont a l'honneur. Un espace idéal pour raconter l'histoire d'un homme et celle d'un cheval en proie à la folie. Son salut viendra d'un chuchoteur. Un nom et une pratique étrange qui viendrait de Daniel Sullivan, un chuchoteur irlandais qui aurait appris cela d'une tierce personne, qui elle même l'aurait appris d'une autre … Sa méthode douce et compréhensive tranche avec les pratiques de dressage habituelles. Isolant son sujet pour mieux le comprendre et l'appréhender, la légende dit qu'en lui chuchotant quelques mots, il serait arrivé à calmer les chevaux qu'il avait sous son aile.
Cette approche aux frontières du mysticisme, Robert Redford en fait une ode profondément humaniste ou l'homme doit réapprendre a ne faire qu'un avec son environnement ! Ici c'est par le regard profond et vif du cheval que Booker se plonge pour ne faire plus qu'un avec lui, s'engageant ainsi dans long processus pour le bien du cheval. Le film devient par moment très contemplatif, très calme ou nous spectateurs comme Booker, on attend et on écoute ! Le silence, les magnifiques étendus du Montana, le bruissement du vent autour de nous jusqu'à l'instant t ou le cheval nous accepte ! A cet instant on comprend la relation qui s'instaure. Saine et à l'écoute de l'autre Booker réapprend au cheval à faire confiance ! Cette confiance que Pilgrim a perdu et qui fait tant défaut aux hommes pour apprendre de l'autre. Car c'est là que le film appuie, en disant simplement « écoute et apprend » ! Redford raconte une relation unique des plus inattendue et touchante, en symbiose avec son environnement.
Si la relation homme/cheval, Booker/ Pilgrim est le pilier du film. Pilgrim est aussi l'élément central des diverses relations du film. Le cheval comme psychothérapie ? C'est indéniable tant il joue un rôle cathartique fort auprès des différents protagonistes et cela sur bien des niveaux. Le cheval guéri les personnes et leurs âmes, Booker sort de son chagrin en revenant dans son pays, Annie se recentre sur elle-même et s'aperçoit qu'elle passe a coté de beaucoup de choses, de son couple mais aussi de sa fille tandis qu'elle, la jeune Grace retrouve goût à la vie en évoluant dans un environnement qui l’aime ! Et ce n'est pas exagéré tant c'est ce qui lui manque ! Et qui permet ça ? Pilgrim ! Car chacun voudra le bien du cheval, pour lui mais aussi pour soi et sa guérison engendrera des nouveaux liens entre les membres de cette famille, de la fille vers son cheval, de la mère vers sa fille et du père vers sa femme ainsi que d'Annie vers Booker.
Un point m'a intrigué tout au long du film. C'est le personnage de Booker et du relatif mystère qui l'entoure … Car pour moi Redford réussi à faire de Booker, un personnage de conte. Un génie voir un esprit de la nature, imperceptible mais tellement fort qu'il en devient réel. Calme, gentil et charismatique, rien ne semble l'impressionner ni l’arrêter. Son image apaisante et rassurante nous apaiserait presque d'un regard et tel une légende si il ouvre son cœur ce n'est que pour mieux réparer celui de son interlocuteur. Et cette sensation est renforcée par la rareté de l'aide qu'il apporte, car déjà il faut le trouver et Annie en fait l'expérience ! Il faut le mériter, presque éprouver sa foix et son courage pour franchir le cap du voyage dans le Montana. Une fois sur place la magie opère et Booker sans trop en faire recolle un a un les morceaux de la famille MacClean, entre deux séances de dressages et de ballades dans les collines du Montana ! Tout semble naturel et bienveillant, on en viendrait presque à croire qu'il n'a rien fait et que la famille MacClean à ouvert simplement les yeux, qu'il n'était là que pour donner une impulsion … Et quand on le quitte, c'est comme la première fois qu'Annie le voit, a cheval dans ces magnifiques paysages.
« L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux » est un film qui révèle bien des surprises et si ce n'est sa longueur un poil rédhibitoire pour quiconque ne serait pas totalement embarqué, ce film aussi puissant que poignant, est une ode à la terre, celle que l'on foule et qui nous entoure, aux espèces qui y résident et à l'amour qui peut les unir. Ce film est tout ça, dramatique, romantique mais aussi très nostalgique et Robert Redford ne se disperse jamais en menant son récit avec beaucoup de simplicité. C'est rythmé d'une façon adéquate, le récit prend le temps qu'il faut et marque les pauses qu'il faut, pour laisser prendre les sentiments et faire en sorte que l'émotion prenne doucement pour mieux exploser quand c'est nécessaire. On a forcément le cœur gros un bon nombre de fois, devant le désarroi de Grace, ou la douleur de Pilgrim mais on frissonne de bonheur quand Booker prend en main le cheval avec réussite ou quand il danse avec Annie. Livrant au passage l'une des plus belles séquences romantique que j'ai jamais du voir … Il faut aussi rendre hommage à Thomas Newman qui livre une bande originale vraiment puissante mais aussi au boulot du chef-op multi-oscarisé Robert Richardson (JFK, Aviator, Hugo Cabret) qui ne dénature jamais l'environnement !
Et ce que l'on voit aussi, c'est un casting de qualité mené par un Robert Redford en forme. Ce film révèle la toute jeune Scarlett Johansson dans un rôle assez dur. Ici elle ne m'aura jamais autant ébloui que dans ce film. Elle est incroyablement juste et elle ne versera a aucun moment dans la surenchère jouant avec beaucoup de nuance cette adolescente en mal de vivre. Sa mère dans le film est jouée par Kristin Scott-Thomas, un rôle sur mesure pour elle qui incarne a merveille les contradictions de son personnage. Elle possède une image assez froide et presque sévère qui colle bien au personnage de rédactrice en chef overbooké, ce qui donne du naturel a son interprétation et le changement qu'elle subit se traduit tout en douceur, les traits du visage se relâchent et il s'illumine peu à peu. Vient enfin le chuchoteur Booker, le gendre idéal et c'est une évidence que le rôle était pour Robert Redford. Aucun cynisme, ni calcul, ni bassesse ne semble atteindre ce vieux Redford qui figé dans une sorte de faille spatio-temporelle ne vieillit pas ! Et c'est avec aisance qu'il donne vie a Tom Booker. On peut aussi apercevoir Chris Cooper, Sam Neill dans le rôle du papa de Grace MacClean mais aussi Cherry Jones, Dianne West, Kate Bosworth ou encore Jeanette Nolan !!!

Une fresque tendre, touchante et mélancolique ou le Montana a un gout de paradis ...