À Hong Kong, la centrale nucléaire de Chai Wan a été hackée. Un logiciel malveillant, sous la forme d’un outil d’administration à distance ou RAT (Remote Access Tool), a ouvert la porte à un autre malware plus puissant qui a détruit le système de refroidissement de la centrale, provoquant la fissure d’un caisson de confinement et la fusion de son coeur. Aucune tentative d’extorsion de fonds ou de revendication politique n’a été faite. Ce qui a motivé cet acte criminel reste un mystère. Un groupe de hauts gradés de l’APL (Armée populaire de libération chinoise) charge le capitaine Dawai Chen, spécialiste de la défense contre les cyberattaques, de retrouver et de neutraliser l’auteur de ce crime. À Chicago, le Mercantile Trade Exchange (CME) est hacké, provoquant l’inflation soudaine des prix du soja. Carol Barrett, une agente chevronnée du FBI, encourage ses supérieurs à associer leurs efforts à ceux de la Chine. Mais le capitaine Chen est loin de l’idée qu’elle s’en était faite. Formé au MIT, avec une parfaite maîtrise de l’anglais, l’officier chinois insiste pour que ses homologues américains libèrent sur le champ un célèbre hacker détenu en prison : Nicholas Hathaway.
Hacker – 18 Mars 2015 – Réalisé par Michael Mann
A la première vision de Heat (1995) j'ai pris une double claques ! Je venais de voir un film policier de choix mais je découvrais aussi le talent de Michael Mann. Un esthète extrêmement doué qui a donné un autre sens au mot fusillade. Il enchaînera les bons films mais se heurtera malheureusement a la réalité des chiffres qui seront impitoyables avec lui. Et alors qu'il n'avait plus sorti de film depuis 6 ans, Michael Mann revient avec son genre de prédilection, le polar urbain qui cette fois ci sera cuisiné a la sauce hautes technologies « Hacker ».
En moins de temps qu'il n'a fallu pour le dire, deux attaques informatiques préparées et habilement menées, ont fait beaucoup de dégâts ! Elles ont ciblé deux outils d'administration à distance, des RAT (Remote Access Tool). Ce qui leur a permis d'avoir une porte d'entrée pour télécharger un malware et mener leurs attaques a termes ! Les cibles ont été diverses, la centrale nucléaire de Chai Wan en Chine d'abord et le Mercantile Trade Exchange (CME) a Chicago aux U.S.A ! La première a créé le chaos en faisant exploser l'une des pompes de refroidissement d'un réacteur et la seconde a entraîné la hausse du prix du soja. Des événements sensibles, que la Chine et les USA gèrent aux mieux. Toutefois et dans un élan de coopération, la Chine et les USA décident d’enquêter ensemble sur ces deux hackings pour résoudre au plus vite cette crise ! Une équipe est donc formée, avec le capitaine Chen Dawai, sa sœur Chen Lien, l'agent du FBI Carol Barrett et avec Nicholas Hathaway, un hacker de génie qui croupissait en prison. Une collaboration qui n'étonne pas longtemps car par un malheureux hasard, le code du malware impliqué dans les attaques a été écrit par lui et son ancien camarade de chambre au MIT Chen Dawai ! S'engage alors une poursuite qui les emmènera au bout du monde …
Pour son retour, Michael Mann colle avec l'air du temps. Son sujet n'est autre que le cyberterrorisme et ses conséquences. Une pratique de plus en plus courante, aussi bien utilisée par des agences de renseignements que par des individus mal intentionnés. Ce qui aux vues des dernières années semblent tout a fait d'actualité.
L'une des grandes forces du film réside la dedans, c'est que tout est plausible ! La manipulation des marchés, comme l’accès aux commandes d'une centrale Nucléaire. Et pour cela Michael Mann s'est inspiré de faits réels et notamment du ver informatique « Stuxnet » ! Il fut créé conjointement par la NSA et les agences de renseignements israélites qui avait pour but de contrer et désorganiser les installations informatiques des centrales nucléaires iraniennes. Les similitudes qu'entretient le film sont alors nombreuses, comme le fait de mettre en place le ver par l'intermédiaire d'une clé USB ou encore la modification de commande de contrôle.
De ce réalisme Mann en tire quelques faits, mais aussi quelques questions. Tout d'abord influencer le monde, une économie ou un pays ne se fait plus ou presque par les armes mais bien par l'intermédiaire de l'informatique, de ces paquets de 1 et de 0 qui peuvent faire bien des dégâts. L'introduction du film résume à elle seule cette condition, car aussi grand soit notre monde tout se joue à une échelle microscopique ! A ça on peut aussi parler de l'impuissance des gouvernements face à cela, il suffit de regarder les affaires ayant secoué Sony, victime d'un piratage massif, sans que le coupable est été trouvé ? Ou l'extinction soudaine d'internet en Corée du Nord ?
Et les questions sont nombreuses, sur notre vie privé, sur nos données personnelles, sur l'accès a nos ordinateurs, sur la sécurité des grandes infrastructures et sur ceux qui peut en être fait !
Et Michael Mann n'hésite pas encore à sortir des sentiers battus, notamment dans sa vision du « hacker » par exemple. Il ne tombe pas dans la figure classique du pirate informatique, maigrichon, asocial et geek sur les bords qui vit dans le sous-sol de sa mère. Non là c'est un ancien étudiant du MIT qui a mal tourné ! Les années de Prison auront formé un individu au tempérament taciturne. Et il est joué par l’interprète de Thor, le sculptural Chris Hemsworth. Un choix étonnant mais qui se révèle payant dans les mains de Michael Mann car Hemsworth est impliqué, sérieux et avec de belle nuance dans son jeu. Et l'ensemble du casting aussi m'a énormément plus, peu de star mais des acteurs avec du talent et qui collent bien à leurs rôles. Viola Davis excelle en agent de liaison du FBI, Holt McCallany sonne juste quoiqu'un poil trop sérieux en US marshall. La vrai trouvaille vient des deux interprètes asiatiques, Tang Wei et Wang Lee-hom. Deux acteurs prometteurs, ayant tourné tous les deux dans le même film d'Ang Lee auparavant et qui ici se dévoilent avec pas mal de finesse devant la caméra de Michael Mann.
Il leur offre par la suite un terrain fertile pour s'exprimer. Comme dans beaucoup de films du réalisateur, la part belle est faite aux scènes de nuit, aux grands panoramiques des villes qui sont sublimés par cet œil avisé ! On tombe ainsi sur un rythme lancinant, voire contemplatif ou l'intrigue se dévoile et prend son temps, pour ensuite livrer des fulgurances dont seul Mann à le secret ! Le rythme s’accélère, la camera tressaute et les coups pleuvent. Qu'il soient portés par Chris Hemsworth dans un petit restaurant, par des gardiens de prison, ou par un mercenaire en pleine foule, ça fait mal !!! Mais sa grande marque de fabrique, ce sont les quelques fusillades qui éclatent et qui sont des grands moments de cinéma. Leurs forces ? Une gestion sublime du son et surtout que chaque balle tue et n'épargne jamais qui que ce soit !
Malgré tout ce que j'ai dit précédemment, je n'aime pas ce film de Michael Mann ! Et cela pour bien des raisons. L'intrigue de base et son orientation sont bonnes ; ce qui ne va pas sur le long terme c'est bien l'abandon de l'aspect « techno-thriller » pour le thriller tout simple. Car cela n'aura duré qu'une quarantaine de minutes, ensuite aux oubliettes les virus, ver et autres explications du fonctionnement de ce réseau qu'est internet.
La surprise ayant disparu complètement, je bascule sur l'intrigue en elle même qui accuse un manque flagrant de finesse et de suspense ! [Spoilers] Pendant les ¾ du films, on nous bassine avec le fameux 3 ème attentat, celui qui devait surpasser la centrale nucléaire et la manipulation du court du soja ! On attend un point d'orgue fabuleux, plein de suspenses et tensions mais il n'en est rien ! Il efface d'un revers de main la moitié du casting dans une fusillade aussi bourrine que certains films de Bay ! [Fin Spoilers]. En plus l'intrigue n'en finit pas de nous balader d'un point à l'autre du globe à la James Bond sans que l'histoire décolle, pour terminer sur un climax a la Quantum of Solace décevant !!!
Autre point finesse, la romance improbable entre Nicholas Hathaway et Chen Lien qui est aussi vite conclue qu'une signature sur un contrat. De ce fait on n'a jamais aucune empathie pour un couple certes bien assorti mais qui ne sonne jamais vrai.
On peut noter un tas d'incohérences, voir de facilité qui ne sont pas digne d'un film de Mann aussi. [Spoilers] Première chose, le marshall qui surveille Nicholas est forcément débile et se laisse avoir comme un débutant (cf : manipulation du téléphone). Ensuite le récepteur bluetooth qui permet la communication est inviolable alors que « oh magie du cinéma » il existe un logiciel de la NSA qui peut lui ,par contre restaurer les donnés de disques durs endommagés, voire certainement irradiés ! L'un est infaisable, l'autre non ? Vraiment ? Bref ce n'est pas plus improbable que l'agent de la NSA qui se fait piéger par un mail de notre hacker qui comporte un keylogger (Malware qui enregistre tout vos mots de passe), la plus vieille ruse du monde pour infecter un pc !!! A la NSA !!! Bordel si ils sont aussi cons à la NSA on est vraiment dans la merde !!! Puis comment expliquons-nous voir l'équipe d'Hathaway sur le site de la catastrophe nucléaire sans protection ? Alors que l'une des unités de stockage de l'uranium est endommagée ? Quand autour d'eux tout le monde en porte … [Fin Spoilers]
La dernière déception et non des moindres, vient du méchant ! Un beau raté qui conclu un film bancal du début à la fin. Il n'a hélas pas la tache facile pour exister car son bras armé (Les mercenaires) est aussi futé et développé qu'une huître ! Ensuite le scénario ne met que très peu de bâtons dans les roues des héros, des lors la menace omniprésente et implacable du début disparaît rapidement ! [Spoilers] Et si la rencontre à la fin est bien filmée, on ne peut pas dire que ce que l'on apprend et ce que l'on y voit soit réjouissant ! La motivation du bad guy ? L'argent ! Son allure ? Aussi banale qu'inoffensive et celui qui l'incarne Yorick van Wageningen n'est pas du tout à la hauteur, caricaturant si cela était utile un personnage sans aucun fond !!! [Fin des Spoilers].Hacker est un film qui ressemble a un film de Michael Mann sans y ressembler !
Bancal de bout en bout donc forcément décevant.