Rise of The Guardians

Par Inglourious Cinema @InglouriousCine

L’aventure d’un groupe de héros, tous doués de pouvoirs extraordinaires. Emmenées par Jack Frost, un adolescent rebelle et ingénieux, ces cinq légendes vont devoir, pour la première fois, unir leurs forces pour protéger les espoirs, les rêves et l’imaginaire de tous les enfants.

Rise of the Guardians – 28 Novembre 2012 – Réalisé par Peter Ramsey
Le film d'animation est un genre phare du cinéma. Il recèle d'innombrable pépites qui auront fait les beaux jours des petits et grands de toutes époques. De plus avec l'animation, qu'elle soit traditionnelle, ou assistée par ordinateur, elle permet les excentricités les plus folles et la seule limite qu'on peut lui imposer, c'est celle de l'humain derrière l'histoire. Et c'est là que le bas blesse de nos jours, car je trouve que les films d'animations ont vraiment du mal à s'adresser à l'enfant qui sommeille encore dans l'adulte. Ce qui en un sens n'est pas problématique car ils ciblent le jeune public avant tout, mais ceux qui arrivent à capter adultes et enfants, qui développent une histoire ou chacun s'y retrouvera sont ceux qui m'impressionnent le plus ! Et « Rise of The Guardians », cet étonnant mélange d'aventure, d'apprentissage et de tradition fait partis de cette catégorie là. Un film qui curieusement est passé un brin inaperçu et croyez moi c'est dommage …


Imaginez un monde ou ceux que l'on a toujours imaginé étant enfant sont bel et bien vivants. Bien sur ils n le sont pas à la vu de tous. Ils restent en retrait, secrètement cachés dans des endroits autour du globe qui nous sont inaccessibles. Ils s'occupent de distribuer les cadeaux à noël, de cacher les œufs à pâques, d'endormir les enfants, de ramasser les dents de lait tombées, ou encore de faire tomber la neige. Ils sont appelés les « Gardiens », on y trouve le Père Noël, le Lapin de Pâques, le marchand de sable, la fée des dents et tout récemment l'espiègle Jack Frost. Un nouveau membre suggéré par l'homme de la lune car la menace arrive ! L’âme noire et l'influence grandissante, celui que l'on appelle Boogeyman ou Croquemitaine s’apprêtent a répandre les ténèbres dans le cœur des enfants du monde. Les gardiens ne s'y attendant pas, la fraîcheur de Jack Frost, enjoué et fougueux sera leur plus grand atout ! Et pour lui l'occasion de trouver sa vrai nature …

Et la nature de cette histoire trouve ses racines assez loin du cinéma. L'auteur William Joyce a démarré sa série de livres « The Guardians of Childhood » a partir d'une simple phrase, une question anodine posée par sa fille « Est-ce que le Père Noël et le Lapin de Pâques sont amis ? ». De cette innocence, il en tire 4 livres qui tourneront autour de Saint Nicolas, Le Lapin de Pâques, la fée des dents et le marchand de sables. Les Gardiens étaient nés ! L'histoire adaptée à l'écran n'est pas très fidèle selon William Joyce. Mais les multiples écarts avec son travail ne le dérangent pas . il ne veut pas faire entrer en concurrence ses livres et le film, conscient de toute façon qu'il y aurait eu des concessions. Une fidélité remise en cause mais qui n'entame pas l'idée de fond qui elle reste intacte ! 
Les 5 Gardiens sont les protecteurs des enfants, de leurs rêves, de leurs espoirs, de leurs émerveillements, de leurs souvenirs et de leurs amusements. Ils maintiennent un certain équilibre en réalisant leurs taches et seul le croquemitaine peut enrayer cela en plongeant le cœur des enfants dans les ténèbres. Ce qu'il fera avec comme conséquence, des enfants qui ne croient plus aux différents gardiens. Ce qui met en péril l'équilibre dans le monde. Une fois de plus c'est cette antique lutte qui est au centre de l'histoire et ça d'une façon vraiment originale. Le scénario écrit a deux mains par David Lindsay-Abaire et William Joyce, avec un léger coup de pouce de Guillermo Del Toro, plonge le spectateur dans un récit d'aventure et de fantasy particulièrement palpitant. Ils mêlent avec talent peurs ancestrales, traditions, figures populaires et croyances infantiles.

Et l'atmosphère créée est particulièrement sombre, le film nous met face a la peur la plus basique de tout les temps, celle du noir, de l'obscurité et de ceux qui s'y cachent ! Celle qui terrifie l'enfant et qui angoisse l'adulte. C'est aussi une matérialisation de l'inconnu, de l'endroit que l'on ne connaît pas ou du pas en avant que l'on à pas fait. Une peur légitime que l'on garde pour certains longtemps et qui jalonne notre vie. Ce que le personnage de Jack Frost symbolise à merveille. A cause de son traumatisme d'enfant tout d'abord car malgré son statut de gardien, il en a oublié d’où il vient et qui il était ! Préférant par facilité se plonger dans des pitreries sans limites au lieu de se confronter à sa vraie nature, a celui qu'il était et a celui qu'il doit devenir. Et dans l'histoire c'est son face à face avec Pitch qui va le révéler aux yeux des enfants et des autres gardiens. Une preuve de courage et de persévérance qui parlera aux petits comme aux grands !
C'est comme la part de figures populaires (Père Noël, Croquemitaine), de traditions (Noël, Pâques …) et de croyances (Les cadeaux du père Noël, la fée qui vient prendre la dent de lait …) qui jalonnent le parcours du film. On reconnaît presque tous l'image du Père Noël, du Lapins de Pâques, du marchand de sable ou de la fée des dents. Si ce n'est pas le cas, c'est par exemple la petite souris en France, ou simplement les Cloches de Pâques. Une iconographie qui change selon les pays et les traditions. On fête pas Noël partout et la figure de Jack Frost est propres aux anglo-saxons ! Les croyances des enfants s'adaptent alors de la même façon ! Et la ou l'histoire du film prend toute sa logique et son sens, c'est dans l'utilisation du croquemitaine, qui a contrario des gardiens, existe dans tous les coins du globe. Sous des noms différents, des apparences différentes . Ce qui prouve que si l'on ne fête pas tous les mêmes choses, ou qu'enfant on ne croit pas non plus aux mêmes choses, la peur du noir est bel et bien universelle !

Une histoire qui nous touche tous et qui est admirablement mis en œuvre par Peter Ramsey (Premier afro-américain a réalisé un film d'animation à très gros budget) ! C'est d'une folie à toute épreuve ! Premièrement c'est lisible, toujours lisible ! L'action est toujours clair, très bien rythmé et très bien mis en scènes, de plus le scénario est penser pour qu'en 97 minutes on est un scénario clair, concis et cohérent. Si on peu regretter le peu d’intérêt apporté a ce que sont « les Gardiens » et leurs origines, l'histoire sait ménager ses effets, de la rigolade la plus franche en passant par des scènes de poursuites ahurissantes jusqu'aux pauses dans le récit, simples, tendres et vraiment émouvantes. Concernant le visuel, on note une fois de plus les nombreux conseils de Roger Deakins, après sa première collaboration sur « Dragons ». Le célèbre chef opérateur, connu pour son travail chez les Coen ou encore sur le dernier James Bond, a sélectionné des photographies de références et il a aussi donné des notes sur le contraste, la saturation, la profondeur de champ ainsi que sur l'intensité de la lumière pendant la production. Des conseils largement exploités pour un résultat vraiment impressionnant ! Que cela soit dans la gestion de la lumière, de la transparence ou des effets de particules (Sandman, Pitch) le film est visuellement irréprochable. Le design global du film est coloré, lumineux et selon les actions change en un clin d’œil sans jamais perdre une once de couleurs ou de contrastes. Une réussite a tous les niveaux auquel on rajoutera une belle bande originale de Alexandre Desplats, ainsi qu'un castings vocal de grande qualité !
Les Cinq Légendes c'est le livre vivant par excellence. C'est prenant, touchant, épique et héroïque et il réunit en un seul endroit ce qu'il faut pour qu'en enfants et adultes puissent en profiter !